
cip au x , creufant les lieux où ils paffoient,
formèrent peu à peu les lits où les Rivières
fe trouvent aujourd’hui renfermées. Ces lits
font affez enfoncés en quelques endroits I
pour que l’eau ne puiiTe plus en fortir dans
les plus grandes inondations, quoiqu’on voye
fur les hauteurs des environs des marques évidentes
qu’elle y a paifé. A Stolzenau, par
exemple, où je traverfai le Wefer , fon lit
e il dans le cas dont je parle ; & c ’eit dans le
terrein vierge qu’il a creufé, que fe trouvent
ces relies d’Eléphans dont j ’eus l’honneur de
parler à V . M. l’année dernière.
De Stolzenau à Leefe, qui ri’en e il pas
lo in , on retrouve plus tôt que du côté de Die-
fcnau le Sable jaunâtre des Bruyères & les
Bruyèresn elles - mêmes ; ce qui m’a fait pen-
f e r , qu’indépendamment du voiiinage d’une
V ille & d’une Rivière , auquel j ’avois attribué
d’abord la plus grande culture du Pays
que je venois de traverfer , fon fol y a contribué
beaucoup ; peut - être même a - 1 - il
occaiionné l’établiffement de la Ville : car les
limons des Rivières font très aifément ferti.
lifés. Aufli paroit-il que ces terreins-là n’ont
point été défrichés à la manière des Bruyères ;
où l’on fait des enclos pour y raffembler la
proviilon végétale formée fur un grand terrein:
car ceux-ci confervent toujours quelque
trace de leur première culture.
De Leefe à Haguenbourg la Bruyère continue,
avec fes enclos défrichés, qui font eft
grand nombre ; & j ’ai remarqué que la Bn.yè-
re même y prend une toute autre apparence,
à caufe de ce grand nombre d’habitans. Elle
reffemble aux boulingrins d’Angleterre : parce
q u e , fans celle foulée & broutée par le bétail
à mefure qu’elle pouffe, les plantes ne peuvent
s’élever & fleurir; & qu’ainfi elles pous-
fent continuellement ces petits jets minces &
touffus, qui font la fineffe de l’herbe des boulingrins.
J’ai remarqué aufli, que dans toute cette
route, le fable des Bruyères eil toujours mêlé
de gravier des pierres primordiales, & de
fragmens de pierre à feu. Il y a là quelque
chofe de caraêlériilique que je ne comprends
pas encore.
De Haguenbourg , au lieu de venir droit à
Hanovre , j ’ai pris ma route par Marienver-
Îér, où Mr. d e H in u b e r a établi fur les
Collines les plus arides, de fort beaux jardins
à l’Angloife. On voit bien là ce que peuvent
l’Art & la perfévérance dans les terrëins lés
plus ingrats. J’avois trouvé encore la Bruyère
très unie de Haguenbourg jusqu’auprès de
Neu-
?