
dans les petites Villes de campagne. Cha-
que ménage a fa vache, ou du moins fa chè-
v r* , qui, le matin, laifle un déjeuné fain à
fes maîtres, puis fort à l’appel du Berger.
L e Troupeau marche lentement le long des
rues , il groffit à mefure qu’il avance , fes
mugiiTemens annoncent fon impatience d’être
fur les pâturages ou dans Jes Bois. Il nç
revient pas le foir avec moins de plaifir,
a b a n d o n n e r à ceux qui le foignent , le far-
deau de.fes mamelles gonflées, & jouir du
repos, après avoir profité des débris des légumes
tirés du jardin ou d’un marché aboi>
dant.’ Rien ne fe perd; & ces débris, au-
lieu de l’engrais peu préparé qu’ils fournis-
fent au fortir des grandes V ille s , ont produit
du lait , & font en même tems deve*
nus plus propres à aider la végétation.
La petite navigation de la Rivière contri-
buoit encore à la gaité du fpeèlaclq ; & -les
bords oppofés, bafe de cette Colline agrefle,
montroient toutes les refiources de rfjomme,
pour convertir à fon utilité ou' à fon agrément
les terreins les plus irréguliers, dès
qu’il les a fous fa main.
En quittant la Rivière & rentrant dans la
V ille , un autre genre de fpeèlacle nous attira
vers la face oppofée de la Valléç; $ pous
I
dirigeant de rue en ruè', nous arrivâmes fur
la Place d’armes qui touche au pied de la
Colline. Le Soleil s’y levoit à peine, parce
que la Colline monte de là fort rapidement;
fes rayons ne faifoient encore que gliffer fur
elle, & il fembloit que ce fût une illumination
qui s’allumoit fucceffivement. Toute la
mafTe étoit d’abord fort brune ; quelques
bouquets d’arbres feulement, dont les branches
élevées font déjà jaunies par l’Automne,
étoient éclairés par les rayons du Soleil, qui
les traverfant en partie, leur donnoient l’apparence
de la lumière. Chaque inflant allu-
moit de nouvelles touffes*, car un quart
d’heure éclaira tour. Mais quelle variété
d’effet dans ce quart d’heure! L e Château,
bâti fur une faillie de la Colline, étoit déjà
tout éclairé, tandis que fon fond refloit dans
l’ombre. Toutes les autres petites faillies
s’éclairoient les unes après les autres , &
frappoient à l’inftant la vue, qui fe portoit
rapidement partout, pour ne rien perdre, à
mefure que de nouveaux objets fe détachoient
du fond.
J’ai toujours eu du plaifir à voir ces Payfa-
ges du goût ancien, naïvement, quoique durement
peints par Albert Durer & fes contemporains
, qui prenoient leurs fujets , où
les