
vernement à toute la force néceffaire pour
faire le bien.
Que le fpeélacle de l’Homine content de fa
poiition eil agréable! . . . . Mais qui jamais
eût imaginé de le trouver chez le Mineur}
Je vois une longue file de ces hommes de peine
, s’avancer de la Ville une lampe pendante
à leur main. L e foleil luit déjà, & va réjouir
la Nature. On diroit qu’ils font gais de fon
aspeèi Je les fuis dans leur marche. C’eil
leur, tour d’aller relever leurs confrères qui ont
travaille pendant la nuit. J’arrive avec eux
fous l’angar qui couvre l’entrée de la mine. Le
bruit des machines qui s’y meuvent, & la
teinte noirâtre que tout y reçoit par le minerai
qu’on en tire, me donnent une forte d’ef-
froy. J ’avance avec précaution, averti par
un vent qui fouffle que j ’approche de quelque
fouterrain. L e bruit augmente’, il fem-
ble fe prolonger juSques dans les entrailles
de la Terre. Ce font les pompes qui
jouent , & un feau plein de minerai qui
monte avec rapidité tandis qu’un feau vûide
defcend, frottant l’un & l’autre en leur çhe-
min fur des poutres qui les dirigent. Au trar
vers des chaînes mouvantes aux quelles ils font
fu sp end us, & des longs bras des pompes qui
alternativement Renfoncent & relTortent ;
paparoit
le haut bout d’une échelle. L ’oeil ne
fauroit la fuivre, elle fe perd dans la nuit. Là
mes Mineurs allument leurs lampes ; & avec
du pain & de l’eau pour toute proviiion, ils
empoignent l’échelle & s’éclipfent l’un après
l’autre : leur voix même fe perd peu à peu ;
& le bruit plaintif des machines qui fe meuvent
péniblement, eil-le feul qui continue à
frapper l’oreille. , . i f j S on t-ce des malfaiteurs
qu’on puniiTe ? Voit-on des alguazils les
prefler par derrière la hallebarde à la main ?
. . . . Point du tout ; ce font des gens fiers
de leur métier ; très contens de le fa ire , &
qui ne le qhangeroient point contre la charuë.
Si quelqu’un d’entr’eux, par l’inconilance attachée
à l’humanité , a voulu faire cet échange;
il a bientôt regretté fa montagne, fon
tablier, fon puits ; & il eil revenu parmi fes
confrères. Il a regretté fur tout fon fameài:
C’eil un beau jour pour lui chaque femaine ,
& c’en feroit presque a lle z , pour lui faire pas-
fer tous les autres avec plaifir.
Ce jour-là diftingue favorablement le M ineur
des gens de la campagne ; il a double jour
de repos. L e Samedi matin il quitte l'ouvrage,
& ne le reprend que le Lundi matin. C’e il
donc un jour de travail à lui, & il l'employé
à toutes fortes d’ouvrages. Son falaire de cinq