
une feule & même choie; il travaille fes fij
ou huit heures de fuite & fe repofe autant :
voilà fa v ie , d’un bout à l’autre de l’année, &
jusqu’à la fin de fes jours: il en eft content;
& il lui tarde même fi peu que fes fix ou huit
heures foyent finies pour fortir de la Mine,
qu’il eit charmé d’y avoir quelque autre ou.
vrage féparé & payé féparément, pour rem?
plir une partie du rems où il devroit fe re*
pofer. Il appelle m il arbeit, c ’efl; à djre ou-
vrage pour palier le tems, celui qu’il entre-
prend dans les intervalles des tems où il doit
travailler pour gagner fon falaire. ;
En opérant ainfi de fang froid & jour à
jo u r , on vient a bout de chofes étonnantes.
V . M. peut fe repréfenter le fracas épouyan.
table qui doit fe faire dans unç Mjne quand
tout à coup quelque pièce de bois vient à
çéder, <}ans un Puits, pu, dans un des plam
chers inférieurs qui fupportent les décombres.
Voilà des pailages obftrués. „ N ’y a -t-il
,, aucun Mineur enfeve'i fous les ruines?”...
C’eii ce donc au premier inllant on s’enquiert
avec chaleur. On a le catalogue exaét'de
ceux qui font entrés dans la Mine , on les
pâlie en revue, & l’on fait bientôt s’jl manque
quelqu’un. Le foupjonne - t-o n ? Les
Mineurs ne travaillent point en gens qui ne
veulent que gagner leur journée. Tout efl: en
mouvement, jusqu’à ce que les pauvres malheureux
foyent découverts, fecourus s’il efl:
poffible.
j il y a donc du risque dans' ces Mines: &
I c ’efl: là la feule circonftance affligeante pour
I f Humanité qui en accompagne le travail. On
I calcule que le nombre des Mineurs qui péris-
I fen to u font eftropiés, dans tout le Hartz*
1 monte année commune à 10 ou 12 ; ce qui
I eil fans doute beaucoup en foi. Mais fi l’on
I réfléchit à tous les dangers qui Jés environ*
I nent, on trouvera, qu’à l’exception des Vil*
I lageois dans les lieux bien éloignés des Vil*
I les , il n’eft: guère de vocation qui expofe
I moins les gens de cette clafle ; fi l’on y com-
■ prend les effets de l’irrégularité de la v ie , &
I les maladies qui enréfultent; & l’on ne doit
I que trop les fairê entrer en ligne de compte.
i Ce qui fauve le Mineur, c’eft l’habitude
I qu’il a de juger du danger, Gt fon fang-froid.
I Les craquemens du bois fe font ordinairement -
I entendre quelques inftants avant l’éboule- I ment.: Le Mineur alors, qui connoît tous
I les recoins de fes degrés & de fes galeries,
I trouve, ou un chemin pour la fuite ; ou
I quelque abri. Souvent même, lorsqu’ il n’a
pas le tems de s’échapper, quelques pièces de
bois
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