
objets peuvent paroître diverfement aux
hommes, qu’on apprend jusqu’où doit s?éten.
dre le fupport mutuel. Je ne me ferois pas
pardonné mon éclat de r i r e , s’il en avoit
compris la caufe.
Je venois d’éprouver tin autre plaifir, qui
àvoit pour objet quelque chofe de plus qu’un
coup d’oeil pittoresque & champêtre. Je ne
m’étais pas mis en route pour ces montagnes
fans quelque ùpréhenilon. J’allais voir des
Montagnards fans doute, & j ’espérois bien
de trouver chez eux quelques-uns des heureui
effets des caufes qui m’étoient connues. Mais
des mineurs ! Des gens enfevelis la moitié de
leur vie ! J’avois peine à me défendre de pen-
fées affligeantes, & de cenfurer au dedans
de moi la cupidité des humains.
Cependant à mefure que j ’approchais, d’autres
idées commençoient à balancer ces premières.
La belle culture & la fertilité des
environs du Hartz m’a voient frappé. „ Si l’on!
j, n’avoit pas à nourrir tout un peuple fur
,, ces Mongtagnes (me difois-je à moi-mé-
ii\rite), iî ce peuple n’en defeendbit pas de
,, l'argent, peut être tout ceci feroit-il in-
jj culte.- Il faut de l’encouragement à lî
j, culture ; & tout e il bien mieux rangé dans
if le monde, que nous ne l’imaginons d’abord”.
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Ilm’eft arrivé bien des fois, en rencontrant
d a n s les Montagnes de ces jeunes filles forte-
J ment redreffées fous des fardeaux d’herbes
[ qu’elles avoient arrachées aux rochers , de
I fuivre les idées qui les avoient conduites à ces
I conquêtes, & la métamorphofe de leurs tro-
iphées. Ce n’eil point un pot-au-lait ; il abou-
I t it à un petit ornement pour elles, & à des
■ hommes pour la Nature. Chaque touffe
■ d’herbe que la jeune Montagnarde enlève des
■ lieux où le bétail ni la faux ne fauroient at- Iteindre, e ilu n aète hardi qui a befoin d’en- I couragement. Elle nourrira une chèvre de I plus dans la famille, dont le fromage fera
■ porté dans la Ville prochaine à un homme qui
I fait des rubans. Cet ornement donc , qùe
là Montargnarde defire pour paroitre brave les
jours de fêtes * eil: la caufe de la naiffance
même du Paffementier qui le lui fournit. Car
pour qu’il naquît, il falloit que fon père pût
espérer de le Faire v iv re ; & fans le ruban ,
cette herbe qui a contribué à fonder fon espérance
, feroit reliée à cueillir.
Ainfi par tout où il fe forme une population
qui peut animer l’agriculteur par l’appas
de fon bien être , il fait forcer la terre à nourrir
ces initrumens de fa jouiffance. Il n y
penfe pas fans doutes mais cela fe fait. Que
l’on