
„ maine, il devienne auffi riante que les ean?
„ tons les plus peupjés de h Flandre.
„ Remarque à préfent ces bosquets épars
„ que tu découvres dans le lointain. C’eil
„ là que l’art humain talonne la Nature, &
„ lui fait doubler le pas dans ia marche lente.
„ Vois comment ils fe multiplient à mefure
,, que tu approdhes des lieux où les Loix font
,, bonnes; où le Prince aide bien loin d’ab-
„ iorber, parce que le bien de fes fujets lui
s? c il plus cher que celui de fes finanpes. Tu
, , te fens par là rapprocher de ton fiècle,
,, Mais ne néglige pas les nuances; ce font
55 elles qui t’apprendront les degrés divers
, , par lesquels la furface de la Terre a paiTé
„ avant d’être ce que tu la vois partout aij-
9, leurs
Je fentois réellement fe fortifier par degrés
ce fentiment que j ’étois transporté aux pre-;
miers âges du Monde. Cen’eilpasque je n’eus-
fe vu ailleurs des Bruyères ; mais au milieu des
déferts qu’elles forment en Westÿhalie, je
voyois de tems en tems les terreins les mieu^
cultivés; & ce mélange, nouveau pour moi*
attiroit peu à peu mon attention, fans même
que je m’en apperçuife.
Nous ne fommés pas maîtres de faire naître
des idçes chez nous; il faut que les objet§,
ex*
extérieurs les excitent. Mais comme une
étincelle produit un incendie fi elle ren-
»côntre un grand amas de matières combustibles
en fon chemin ; de même quand notre
esprit eil plein d’idées d’un certain genre dont
nous nous fommes longtems occupés, un rien
les réveille, & l’attention fe portant fur les
objets, toutes les nouvelles idées de ce genre
qu’ils font propres à faire naître , s’affo-
d ent bientôt aux premières. C’eft ce qui
m’arriva dans cette occafion. L a culture
éparfe dans les Bruyères, n’ eut d’abord à mes
yeux qu’un air de nouveauté- & de fingula-
rité qui attiroit mon attention. J’y reconnus
enfuite une espèce de travail que j ’a vois
remarqué autrefois avec intérêt dans la partie
du Brabant qui avoifine la Mer. En tra-
verfant ces vaftes plaines de fable couvertes
d’une petite bruyère, on apperçoit çà & là
les Colonies naiflàntes d’hommes laborieux,
q ui, enlevant fur une grande étendue de ter-
rein la petite provifion déjà faite de particules
vègètables, pour la concentrer dans leurs
enclos, lui donnent allez d’épaifleur fur ces
lieux choifis,pour qu’elle y produife du grain,
des légumes, quelques arbres, & même du
fourrage.
Ce travail avpit attiré mon attention par
une