1 M
6. Juin.
Oifeau
extraordinaire.
*Lepel,
ügnifie
cuillier.
Maniere
de vivre
des T a r -
tares.
96 V ! © Y A G Ë S
ger. Il me fit préfent, entre autres
choies, d’un bel oifeau, qu’on a-
voit .tiré dans la plaine ,& qui vî-.
voit encore.. I l reffembloit affez à
un héron par le corps & par les
piedsj,mais nullement par la tète,
qu’il avoit parfaitement belle, auili
bien que le bec. Il avoit une houpe
blanche & pointue j le bec noir,
long de dix pouces, & large d’un
pouce & demi, dont le bout reffem-
bloit à deux cuilliers, avec une petite
tache jaune. On le nomme
* Lçpelaer, - & Colpetje en langue
Rujjlcnne. Il s’en trouve defembla-
bles en Perfe,à. ce qu’on dit, qu’on
y nomme Golt. J’en ai gardé la tête
, dont on trouvera le deffein au
num. 34,. I l y a auiïi des hérons en
ce païs-là,qu’ils nomment ’t Sepoc-
re. Ils font de différentes couleurs,
blancs, & violets comme les.paons,
gris ou noirs. . J’en ai defliné un,
le col racourci-, qu’on voit au
num. 3J.
J ’allois fouvent, accompagné du
capitaine Wtgenaer, vifiter le quartier
des Part ares, qui n’eft qu'à trois,
ou quatre werfies de la ville. Ils campent
par troupes, chaque famille fe-
parée, & à quelque diftance des autres.
Leurs tentes font faites comme
des cages de perroquets , hortiedela
tente, & qu’ils veulent fe 1703.
tenir chaudement, ils en couvrent 17. Mai;
l’ouverture, & il y fait auflï chaud
quedansunpoele. Le fonds en eft-
eouvert de jolies étoffes ou de beaux
tapis’, parmi les perfonnes de dif-
tin&ion, avec un Sofa à la Turque
un peu élevé, qui occupe la troi- 1
fième partie de la tente. On y voit
auffi de très beaux coffres dans lef-
quels ils ferrent ce qu’ils ont de
plus precieux, 5c en général tout y
eft d’une grande propreté & en très-
bon ordre. Quand ils changent de
lieu, ils mettent leurs tentes fur des
chariots & en ôtent la couverture;
Les femmes & les enfans.s’y placent,
& les hommes les accompagnent
à cheval. Lors qü’ils virent,
que la fimple curiofitém’attiroiten
leur quartier , ils me montrèrent
tout ce que je fouhaitois, dont ils
avoient fait quelque difficulté au
commencement, parce qu’ils ne laif-
feftt. approcher perfonne des. tentes
où font leurs femmes. J ’y vis une
jeune brunette très-bien faite Sc fort
parée. Sa coëffure étoit fort fingu-
liere, faite de vermeil ou de cuivre
doré, toute couverte de ducats d’or,
de perlés & de pierreries. J’en fus
charmé &: refolus de la peindre ,
je fis dans la fuite. Je
mis qu’elles ne font pas fi élevées à deffinai en attendant quelques tenproportion,
formées de lattes de
trois à quatre pouces de large, couvertes
de feutre, de poil de chameau
ou de crin de .cheval. Il y
en a qui nedefcendent qu’à un pied
ou deux de terre, & qui font entourées
de chaume. Les plus confide-
rables ont outre cela une impériale
ou couverture de toile, & toutes u-
ne ouverture par en haut, pour en
laifferfortir la fumée,avec une perche
au milieu , qui paffe quatre à
cinq pieds au delà. Ils attachent au
bout de cette perche une efpece de
voiledeplufieurscouleurs, quidef-
cend jufques à terre, & tient à une
couroie affezlarge, attachée par dehors
à un des côtés de la tente; & à
l ’aide de cette couroie ils'-tournent
ce voile comme il leur plaît,-pour
£è garantir du vent oudel’ardeurdu
foleil. Quand toute la fumée eft fortes,
de la maniéré qu’elles étdient
tendues les unes auprès des autres ,
comme on les trouve au num. 36.
& une en particulier au num. 37.
à la lettre A. On y voit auffi un de
leurs chariots , à la lettre B , fur
deux grandes roues :. ce chariot eft
de bois peint & couvert d’étoffe,
foutenu par deux bâtons croifez fur
le devant, & pofé fur deux grands
foliveaux. Lors qu’ils y. tendent
leurs tentes les roues en font couvertes.
Leur ; chapelle eft à côté,
marquée de la lettre C. Les tentes
ordinaires ne font couvertes que
de .feutre , de même que le voile
qui eft au-deffus, & fort médiocres
en dedans. Comme ces gens-là, ne
fubfiftent que de leur bétail, ils
cherchent les meilleurs pâturages.
Les femmes s’occupent à faire des
habits , & chofes pareilles, qu’elles
C i r j u r r o T s & C i i a p e l t j c s t m k s T a u t a u e s