J 705-toujours * avec un vent variable> 6. D e c . & apperçûmes l’Ifle de Ceilon le
L ’ïile de dixième au matin , avec une haute
Pic!°A m0nt:aone en Paal1 E>cre j qu’on
dàm. nomme le Pic d’Adam. On ne voit
ce Pic que de tems entems , par- 170e.
ce qu’il eft prefque toujours enve- 8. Dec.
lopé des nues, qui defeendent juf-
ques au bas. En voici la reprefen-
tation..
Nous mouillâmes à 8. heures du uns à 17. pieds de la furface , les
foir, fur 39. brades d’eau , & remîmes
à la voile le onzième, à la pointe
du jour; de forte que nous avançâmes
en peu de tems à la vue de
la ville de Gale-, mais fans en pouvoir
approcher jufqu’au foir à cau-
fe du calme. Cela nous obligea à
jetter l’ancre une lieuë Sc demie en
deçà fur 17. braifes d’eau. Le lendemain
matin notre Capitaine s’y
rendit dans fa chaloupe , pour y
rendre les lettres, dont il étoit chargé.
Nous levâmes l’ancre fur les
10. heures, mais le vent étant con
traire 8c allez violent, nous ne pûmes
autres à 15, quelques-uns à 12, 8c
plulieurs à moins.
Je me rendis fur le foir à la ville,
avec le pilote, 8c fus loger dans une
hôtellerie. Le lendemain j’allai rendre
entrer dans le port.
Lors qu’on approche de la baye
de Gale, on tire de demi heure en
demi heure ; un coup de canon,
pour avertir les pilotes de fe rendre
à bord, parce qu'on ne fauroits’en
vifite au Commandant, nommé
Welters, qui me reçut fort honnêtement
, 8c m’offrit tout ce qui dé-
pendoit de lui. Il n’y avoit guère
qu’il étoit arrivé de Krin, où il
avoit été Directeur. Comme j’aSj
vois deffein de refter quelque tems
en cette ville pour me remettre Sc
rétablir ma fanté ,je quitai mon hôtellerie,
8c allai loger chez un fer-
geant de la Compagnie. Il tomba
continuellement de la p lu ie, juf-
qués au dix-feptième , quoi qu’elle
eût déjà duré plus de deux mois,
8c que l’année precedente eût été
des plus feches : mais le tems fe repaifer
fans s’expofer à un perii évi- mit au beau après cela,
Ecueils. dent, à caufe des écueils dont cette
baye eft remplie, fous l’eau,.les
Je trouvai 5. vaiffeauX de la Compagnie
dans le port , dont 3. s’en
retourretournoient
en Hollande. 11 en ar-
18 Dec-riva 2. autres enfuite de Bengale. Le
! ’ dix-huitième le Commandant regala
ceux qui s’en retournoient dans
la patrie , 8c il s’y trouva plus de
60. perfonnes ; mais mon indifpo-
fition ne me permit pas d’être de la
partie.
Accident II penfa arriver un grand malheur
fâcheux, à riÎinuit. Une perfonne quiavoit
trop bû, mit le feu, par accident,
à un des vàiffeaux de retour ; mais
on eut le bonheur de l’éteindre a-
vant que la flame , qui avoit deja
gagné les cordages , put parvenir
jufques aux poudres , fans quoi le
vaiffeau auroit péri avec l’équipage,
8c les autres auraient été expo-
lez à- un 'peril éyiaent. . .. - . ; . ,
"Le. vingtième , deux de ces vaif-
feaux fortirent du port 8c allèrent
mouiller à la rade, 8c le 3. les fui-
yit le lendemain.' Je me fervis de
cette occafion.pour écrire à mes amis
en Hollande. Cependant, on
fit battre la caiffe dans la ville pour
fommer les matelots, de fe rendre à
bord, fous peine d’être mis aux fers,
8c après avoir fait la revue des é-
quipages, on mit à la voile le vingt-
quatrième. Le même jour il arriva
un vaiffeau d’Amfterdam , 8c deux
Jnglois pafférent devant le port,
faifant route à l’oueft. La fievreme
reprit en ce tems-là,avec une diarrhée
qui m’affoiblit extrêmement.
Le jour de Noël on prit un crocodile
en vie , qui avoit 16. pieds
8c demi de.long,,8c 5.8c demid’é-
paiffeur. Ôn favoit qu’il avoit détruit
32. perfonnes fur cette côte,
fans ceux qu’il avoit apparemment
dévoré ailleurs. C’étoit un
mâle , qu’on eftime les plus dangereux.
On lui avoit fouvent donné
la chaffe, mais inutilement jufques
alors. Après l’avoir tué, on le traîna
à la maifon du Commandant, lequel
l’envoya aux chirurgiens de
l’hôpital pour en faire la diffeétion.
La curiofité m’y fit aller pour voir
l’interieur de ce monftre, 8c s’il n’auroit
pas par accident quelque créature
humaine dans le corps. On y
trouva effeÊtiventent le tronc , les
bras 8c les jambes d’un homme, avec
Crocodile
pris
en vie.
le crâne, les pieds 8c les mains, 8c i joj .
une quantité prodigieufede graiffe, 15. Dec,
dont on fe fert dans la medecine,
8c qui eft admirable, à ce qu’on dit,
pour la paralyfie , les nerfs retirez
8c les rhumatifmes. On prétend Defcnp-
. . . , , < A c • ï ï o i i d e - qu il y a des endroits ou ces ani- Cerani-
maux-là ne font aucun mal. Lors mal:
qu’ils font leurs oeufs , ils les po-
fent dans un grand trou en terre, où
ils fe couvent fans aucune autre af-
fiftance. Aufîi-tôt qu’ils font éclos
le crocodile s’y rend, ouvre la gueule,
8c avale'tous les petits, qui y
entrent, les autres fe jettent à l’eau. ’
Il s’en trouve qui font une fois plus
I grands que celui dont on vient de
parler 8c davantage. Au refte ils
n’ont point de langue, de forte que
lors qu’ils ouvrent la gueule on voit
un trou affreux. Lors, qu’ils font à
terre fur un terrain fablonneux, ils
courent avec une célérité inexprimable
, 8c il n’y a point d’homme
qui les puiffe éviter à la courfe:
mais lors que le terrain eft ferme 8c
pierreux , ils ne le fauroient faire,
aiant la plante du pied fort tendre.
Ils enlevent le bétail fans peine,
même jufques aux bu fies ; 8c leurs
dents font fi longues qu’on en fait
des cornets à poudre. Cependant
leurs oeufs ne font guère plus gros
que ceux des poules, 8c aufli blancs.
Leur verge n’eft pas grande non
plus , à proportion de-leur maffe,
8c eft fendue par le bout avec une
efpéce de petite langue par-deffous.
On fit fecher celle de celüi-ci pour
m’en faire prefent, avec un des •
tefticules , qui avoit une odeur
d’ambre. On me donna aufli une
petite bouteille de la graiffe fondue
de ce monftre.
On prend ces crocodiles avec Maniéré
| un gros crochet , qu’on attache à
un échevau coupé de gros fil, com-
pofé de 40. ou 50. filets , qui s’attachent
autour des dents de ce
monftre, de maniéré, qu’il ne fau-
roit s’en débaraffer , ni couper le
crochet, qui pénétré jufques dans
l’eftomae 8c s’y fixe ; au lieu que
fi on l’attachoit à une greffe cor-
de ou à une chaine , il n’en ferait
pas plus de cas que d’une allu