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17o4,.tons & dë chevres dans cette plai-
j,. X o v . ne , qui a plus de deux lieues de
large, & s’étend en long à perte de
vue. Elle eft auffi remplie de viJU.
lages, m'ais elle eft fou vent inondée
eu h y ver.
o fficiers On avoit volé 8c dépouillé, quel-
IPKBI ques jours auparavant, des officiers
du R o i, au pont dontonyient
de parler, lefquels y avoient été envoyez
pour recueillir les deniers de
fa Majefté , dont ils avoient déjà
reçu 33000. livres qu’on leur prit.
Ces vols font fort frequens en ces
quartiers-là , 8c fe commettent par
des rebelles qui vivent fous des tentes
dans cetteplaine,8cquivont^o.
ou 60. 8c même jufques à 100. de
compagnie ; 8c cependant la foi-
bleffe du Gouvernement eft telle,
qu’on les laiffe voler impunément
fans fonger à en arrêtër.le cours.
La pluie nous furprit ce j ourla
, Sc continua toute la nuit, accompagnée
de tonnerre d’éclairs
& de grêle , jufques à onze heu-
- res du matin-, que le teins: commença
à 5’éclaircir. Nous voulûmes
en profiter, mais: M,.rècommen-
ça à pleiivoir avant .que nous, fuît
lions au baut du village , 8c .av.ec
tant de violence , que nous fumes
obligez de nous remettre à couvert.
Le huitième jour du mois nous nous
remîmes en chemin à la pointe du
jour, par un très-beau tems, 8c trouvâmes
tout le terrain couvert d’eau
en deçà du pont, ce qui nous obligea
d’aller pas à pas, fans quoi nos
coureurs n’auroient pu nous füivre
tant le chemin étoit gliffant. Nous
ne laiffâmes pas d’arriver furies 11.
heures au bourg de Mier-chas-koen,
qui n’eft guère éloigné des ruines
de Perfepolis, 8c nous allâmes def-i
cendre chez le bourguemaître, auquel
Mr. Bakker eut la bonté de me
recommander , de la part de Mr.
Kaftelem, que j’y devois attendre.
Ce bourguemaître me fît mille hon-j
nêtetez, 8c me donna un de fes gens
pour me conduire au Caravanferai 1704.
du lieu , 8c m’y procurer un bon ?• N o r .
logement; Je n’y fus pas plutôt
frfjyé >, que ,l’impatience me prit s
dùiiler jetter les yeux furlesfameu-
fes ruines, qui en font proches, 8c
m’ÿ fis accompagner par un habitant
qqe je pris à monfervice pour
-me fervir de guide 5 mais je n’ofai
m’y arrêter , à caufe que mon ami
étoit preffé de s’en retourner à Zaer-
goen, où il avoit laiffé fes domefti-
ques 8c fes marchandifes, à la refer-
ve d’un valet 8c de deûx coureurs j
dont il s’étoit fait accompagner j 8c
d’où il devoit s’avancer la nuit fui-
vante vers Zjie-raes. J ’avois laiifé
mon bagage avec le lien, 8c ne
m’étois chargé que des chofesdont
je ne pouvois mepaiTeryl'aiantprié
delelaiffer à Zjie-raes, où je devois
me rendre pour aller à Gamr.on, 8c
delà à Batavia, par la première oc-
caiion, avec Mr.Kaftelein. Je reftai
jieul après', le départ de mon ami,
avec lequel j ’avois vécu dans une
intelligence parf|ke à Ifpahan , 8c
pendant notre voyage , 8c ne longeai
plus qu’à fatisfaire macüriofi-
;t#, &§Je àefir que j ’avois depuis
long-tems de voir .les fameufes rui- -à
nés de Perfepolis.
En attendant, je croi qu’il ne fe*
ra pas hors de propos de dire un
mot des principaux ponts qui y con-
duifent; Le premier, dont j ’ai déjà
parlé , fe nomme Fol Jefnejoen,
d’après un village qui n’en eft pas
éloigné. Le 2, qui eft le dernier
que nous traverfâmes , Fol Chanje
d’après le Charn qui l’a fait bâtir.
Le 3c qui eft entre ces deux-là Fol
Noof, ou le nouveau pont. Le 4 ,
qui en eft éloigné de quelques lieues
au fud, PolBendemir, d’après la rivière
de ce nom , qu’on m’a affuré
qui vient du nord des montagnes ,
8c va fe décharger au fud dans la
mer falée,. ou de Derja-nemeck, qui
eft à 12. lieues de Perfepolis, 8c à
4. ou 5. de Zjie-raes.
C h a -
d J I C O R N I : î L w m m B |H « g | 2 61.
1794-
9, Nov.
C H A P I Î R E L IE
W M M des ruines de l'ancienne Perfepolis; Situation de
■ H ' Tiaxi-Ruftan.
Ruines de T E commençai
Perfepo- J mois , a vifiter les fuperbes ma-
lis' ziirês , qu’on appelle les ruines de
Perfepolis,les plus fameufes.de tout
l ’Orient, afin d’en donner au public
une relation la plus exafte, &
la plus circonftanciée qu’ il me fcc
-roit poffible. La iituation. en eft
charmante dans une belle plaine, qui
à deux bonnes: lieues de^ large du
fud-oueft au nord-eft ; a compter
du pont de Pol Chanje , fur la rivière
de Bendemtr , au delà de laquelle,
elle a encore bien trois lieues
d’étendue jufques aux montagnes,
8c près de 40. de long du nord-
ôueft au fud-eft. Elle s’appelle vulgairement
Mar-dasjo , 8c I on Pr4îj
tend qu’elle contient 880. villages,
8c plus de 15 00, à douze lieues à la
fonde de ces anciennes ruines , en
comptant ceux qui font dans jle$
montagnes , entre lefquels il s en
trouve, qui font remplis de beaux
jardins , à l’ombre de plufieufs arbres.
La meilleure partie de cette
plaine eft couverte d’eau enhyver,
chofe avantageuse pour le ris , qui
y croît en ce tems-là. Prefque tout
le terrain de’cette belle plaine eft
labouré, 8c arrofé de plufieurs petites
riviefes , qui la rendent tres-
fcrtilc. Elle abonde auffi en toutes
' fortes d’oifeaux, 8c particulièrement
en grues, cicognes, canards 8c hc-
1 rons de plufieurs fortes 5 en perdrix,
becaffines, cailles, pigeons , éper-
viers, 8c fur tout en corneilles, dont
toute là Perfe eft remplie.^ Il s’ y
trouve de plus une quantité prodi-
gieufe de petits oifeaux, qui viennent
des montagnes, dont cette plai-
. ne eft bordée.
Ancien. ' L ’ancien Palais dès Rois de Per-
Faiais des re } communément nommé la Mai-
M m [on de Darius , Sc par les habitans
Chelmenar, ou Chil-winar, ccil-adire,
les quarante colomnes,eftfitué
à l’ouëft , au pied de la montagne
de Kulirag-mét, ou de compaffion ,
anciennement nommée la montagne
Royale, qui eft toute de roche vive.
Ce fuperbe bâtiment a encore
toutes fes murailles de trois côtez,
8c la montagne à l’eft. La façade
en a 600. pas " de large du nord
au fud, 8c 390. de l’ouëft à l’eft ,
jufques au rocher, fans aucun
efcalier de ce côté-là , jufques à
la montagne ; où l’on monte entre
quelques rochers détâchez , à
l’endroit où la muraille eft la plus
baffe , 8c n’a qüMi8. pu I K ?
pouces de haut, 8c moins en quelques
endroits; Cette courtine a
410. pas de long au nord, 8c
pied de haut en quelques endroits j
8c 30. pas de plus jufques à la
montagne , où il y a encore un
coin de muraille, 8c au milieu une
entrée , par où l’on monte jufques
au haut, entre des pièces détachées
du rocher. On trouve auffi devant
le coin du côté occidental plufieurs
rochers, qui s’élèvent au nord jufques
au haut de la muraille, 8c s’étendent
80. pasàl’eft, comme une
montagne ou platte-forme devant
ce mur, à l’endroit où l’on monte;
11 femble qu’il y ait eu autrefois un
efcalier en ce lieu-là, 8c quelques
bâtimens au delà de cette courtine,
ces rochers étant fort polis de plufieurs
côtez. On trouve fur lefiaut
de cet édifice, une platte-forme de
400. pas, qui s’étend du milieu du
mur de la façade jufques à la montagne
j 8c le long de ce mur, des trois
côtés, un pavé de deux pierrësjoin-
tes enfemble, quirempliffentunef-
pace de huit pieds de large : une
partie de ces pierres, ont 8,9', Sc 10.
pieds de long, fur 6. pieds de large,
mais les autres font plus petites.
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