i7 0,?.nos amis. En defcendant la rivie-
n.Jtiiil:. re nous vîmes un grand nombre de
tentes Tartares , qui s’étendoient
allez avant dans le pais. Le foir
nous allâmes coucher à terre, fous
la garde de deux foldats, qu’on ni’a-
voit donnez. Je m’y endormis,fans
fonger à mon refeau à mouches,
.dont je ne croyois pas encore avoir
befoin. Mais je fus bien-tôt reveillé
par la piqûre de ces infeftes, qui
ne me donnèrent aucun repos. Nous
continuâmes notre route à la poin-
■ te dit jour , le rivage étant affez
uni & rempli d’arbres. Sur lesfept
heures nous vîmes le monaftere .de
S. Jean, à notre droite, & un peu
au delà , une lile dans la riviere &
de grands oifeaüx. A onze heures,
Pêche ou nous paffàmes devant une bonde,
Bonde. ,ou peu deftmé à la pêche, qui ref-
fembloit affez à une lile , vis-à-vis
de laquelle il y avoit un corps de
garde élevé , rempli de foldats,
pour avoir l’oeil fur les vaiffeaux,
qui montent la riviere. Cette bonde
étoit affermée à quelques habi-
tans de Niefna, qui y faifoient {aller
le poiffon qu’ils prenoient, pour
mierefois, dans notre vaiffeau, 8c 1703.
je n’oubliai pas, de me couvrir de 1». ja illi
mon refeau, fans quoi les mouches
ne permettraient pas de dormir,
comme il a été dit. Il s’eft même
trouvé desperfonnes, qui font mortes
l ’dnvoyer chez eux, & y avoient
une grande barque prête pour l’y
tranfporter. La riviere eft affez
étroite en quelques endroits de ce
quartier-là, à caufe des Ifles autour
- defquellesellefedivife en plulîeurs
branches. Nous trouvâmes une autre
bonde, entourée de rofeaux élevez
®^ une lieuë de là , & enfuite
un,fécond corps de garde, dans une
lile , où il y a quatre petites montagnes,
environ à 60. werftes d’Af-
tracan. La riviere eft fermée d’une
barricade en cet endroit, avec une
ouverture femblable à une'éclufe,
pour laiffer paffer les vaiffeaux, Sur
les deux heures , nous pourfuivi-
mes notre route au fu d , après a-
voir été à l’eft jufques alors. Nous
nous trouvâmes à fix heures du foir
à quatre werftes dé la mer Cafpien-
ne, qui eft à 80. ou 90. werftes,
c’eft-à-dire à 17. lieues, d’ Aftra-
çan. J ’y congédiai ma barque 8c
mes foldats, que je chargeai d’une
Mouches lettre pour le Gouverneur. Nous
iocom- couchâmes cette nuit,pour la pre-
modes.
de leurs piqûres. Un chien de
chaffe que j’avois, en fut tellement
incommodé, qu’il fejetta dans la
riviere, dont on eut de la peine à
le retirer ; enfuite de quoi je fus
obligé de le prendre fous mon re-
feau, où il dormît tranquile-* -
ment. *
Le quatorzième au matin , nous
pourfui vîmes notre route à la rame,
la riviere étant étroite 8c.les bords« -
couverts de rofeaux.- Nous trouvâmes
notre gabare à un werfte de la
mer Cafpienne, où nous nous arrêtâmes!
Le pilote s’avança cependant,
vers la mer, pour fonder les
bancs de fable, où il ne trouva que,
5. paumes d’eau ; mais comme le
vent, qui étoit fud, donnoit directement
dans la riviere ; l’eau ne pouvoir
pas manquer de hauffer bientôt.
I l y retourna fur les 5. heures,
8c trouva qu’ellé étoit hauffée de
deux paumes, de forte que comme
notre barque n’en prenoit que huit
nous efperâmes de pouvoir paffer
par derfus 'les fables dans deux où
trois heures de tems«; Noùs.jettâ-'
mes les filets à l’eau en attendant ,
8c prîmes affez de perches 8c quelques
écrevices. J’allai enfuite à terre
dans l’efpcrance d’y trouver du
gibier, en m’avançant vers la mer,
mais je fus bien-tôt obligé de retour^
ner à bord, à caufe des rofeaux dont
le chemin étoit rempli ; outre qu’il
étoit marécageux. J’y trouvai des
papillons d’une beauté extraordinaire,
ronges en dehors , 8c blancs marquerez
par deffous. Sur les 9. heures
du foir on mit à terre tout.ee
Ique les paffagers avoient de plus léger
; 8c ils y allèrent aufli, à lare-
ferve de deux ou trois, qui réitèrent
dans la gabare. Lors que nous
fumes parvenus à l’embouchure de
la riviere nous la trouvâmes fort é-
troite,la terre s’y avançant enplu-
fieurs endroits, à droite & à gauche,
outre qu’il y a plulîeurs banc«s
de I
de fable à l’entrée de la mer, mât-’
ij. Juin qués par des branches d’arbres, au
lieu de balifes. La nuit étant furve-
nuë, il fallut nous arrêter, jufques
à la pointe du jour du quinzième,
que nous levâmes l’ancre pour tra-
verfer les fables, fur lefquels nous
échouâmes : mais nous revînmes
bien-tôt à flot,après avoir déchargé
quelques ballots dans la gabare.
Nous y donnâmes cependant une
fécondé fois, 8c fumes- obligés de
nous fervir encore de la gabare pour
mettre les marchandifes 8c tout le
monde à terre. Comme nous avions
un vent de nord très-favorable, nous Ipueft
fûmes', bien - tôt en mer , entourés
delà terre de tous côtés, avec quelques
montagnes adroite. L efeizie-
me au matin, la gabare vint nous
retrouver avec nos marchandifes 8c
nos paffagers.Nous avions encore'un
la mér. Notre pilote, qui étoit fa -1703,
tigué, voulant fe fepofer un peu,17. jüiL.
donna le gouvernail à un autre, qui
nous auroit bien-tôt reconduits, à
Aftracan, fi jé ne m’en étois apper-
çu, aiant toujours mon propre compas
par mer 8c parterre. Le vent '
changea pendant la nuit, 8c s’ab-
battit tout à coup , de forte que
nous fûmes obligés de mouiller liir
huit braffes. Le dix-huitième au matin,
nous remimes à la voile.par un
tems pluvieux; enfuite nous fûmes ,
furpris d’un calme , mais le. Vent
s’étant élevé; peu après au nord-
nous finies route au. fud.
Comme il étoit violent, tout le
monde s’en trouva incommodé .jufques
aux matelots, 8c aux foldats,
qui font obligés de travailler à la
maneuvre lôrl'que l’occaiion le requiert.
Nôus avions à bord 21. de
banc de fable à paffer, 8c une grande j ces derniers 8c environ 50. paffa-
Monta*
gnes rouges.
Ule à gauche, entre nous 8c la pleine
mer. Après l’avoir côtoyée nous
trouvâmes ce dernier fable, contre
lequel nous eûmes encore le malheur
de donner, mais nous remontâmes
bien-tôt fur l’eau. Etant parvenus
à une braffe 8c demie de profondeur,
nous reprîmes les marcîian-
difes 8c les paffagers qui étoient dans
la gabare, 8c la renvoyâmes à Aftracan
avec une lettre que j ’écrivis
au Gouverneur.
Sur le midi nous apperçumes à
côté de nous quatre montagnes,
que les Ruftiens nomment Krafna
J'attier boegre, ou les quatre montagnes
rouges, dont la pointe la plus
avancée eft à 100. werftes Aftracan.
N ous eûmes bien-tôt perdu cette
terre de vûë, & le vent s’étant mis
gers, la plupart Arméniens. Notre
bâtiment, qui avoit deux petits canons
de bronze, pouvoit contenir
commodément 250. ballots, que
j ’avois fait réduire à 180. pour a-
voir de la place, comme il a été
dit. Il avoit trois gouvernails, un
par derrière, 8c un à châque côté,
dont on fe fert en de certaines oc-
cafions. Ces bâtimens-là n’ont
qu’une grande voile, qu’on double
quand le vent eft bon. ; de forte
qu’ils ne font pas propres à louvoyer,
outre qu’ils ne fe fervent pas
de rames. C e jour-làde pilpte reprit
le gouvernail après midi, mais
aiant pris fa route trop hautàl’eft,
la voile ne put plus reprendre le
vent, Sc comme le vaiffeau n’obéïf-
foit pas au gouvernail il fallut calau
fud, nous ’continuâmes douce-11er la voile. On fe fervit enfuite
ment notre route au fud-oueft par d’un fécond gouvernail pour tour-
un très-beau tems; mais nous fu- ner le vaiffeau, 8c on remitàlavoi-
mes peu après obligés de mouiller 1 le , ce qui me fit connoitre que ces
à une braffe 8c demie d’eau , le gens - là n’entendent pas mieux la
vent s’étant tourné à l’eft. Le dix-
feptième au matin nous pourfuivi-
mes notre route avec un vent de
nord, avançant au fud; Il tomba
marine que les Grecs. Lèvent étant peu
toujours au nord nous pourfuivîmes pmcnce
la même, route , 8c bien que nous gcntTà
fuilîons fort avancez en.:mer, J e .s p oe c r .
de la pluie, enfuite dequoi le foleil j trouvai qugl’eau étoit; encore dou- WM
aiant diilîpè les nuages, il s’éleva ce 8c bônne à boire ; mais peu après
un vent frais, qui continua jufques I elle devint falée , plus verte , 8c
au foir, 8c fit enfler les ondes de les vagues plus .courtes.
irdÎÈï&'sUxsîL I Aiant