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3 1 . Juill.
Feftin du
Gouverneur
general.
tâtions autour des tombeaux de leurs
ancêtres, comme on l’a obfervé en
parlant à'Ifpahan. Plus on marque
de douleur en ces occafions-là, plus
on fait d’honneur aux parens dès tre-
paffez. On employe ausii des pleureurs
& des pleureufes qu’on paye
pôurcela, 8c quis’aquittenten perfection
de ce devoir. Cette coutume
a été eh ufage de tous tems:
le Prophète Jeremie en parle dans fes
Lamentations.
J e retournai fur le midi a la citadelle,
où Mr. le Gouverneur avoir
fait préparer un grand feftin pour
des étrangers nouvellement arrivés
de Hollande, ausii-bien que pour
ceux qui s’y en retournoient, ou
qui alloient ailleurs. J ’eus l’honneur
d’être du nombre des conviez 3
qui fe montoit à 55. perfonnes, entre
lefquelles fe trouvèrent le General
de Wilde, 7 .Confeillersdes Indes,
fit la plupart de ceux de Juftice.
Ce feftin fe donna dans la grande
fale du Confeil, avec une magnificence
inexprimable. On fe retira
fur les f. heures, & ce Seigneur me
demanda irj’avois toutpréparé pour
mon depart 5 à quoi aiant repondu
qu’oui, fit qu’il ne’me reftoit plus
qu’à lui rendre très-humblès graces
de toutes fés’bontez s il eut encore
celle de me prier de lui dire s’il n’y
aVOit plus rièn , en quoi il p û t me
rendre fervice ,~ dont je lui témoignai
, que j’étois pénétré dfe recon-
.noiffânee.
J ’allai le même jour, prendre con- 1 70g.
gé de Mr. Outshorn fon predeceffeur, 13. Août,
qui me combla d’honnêtetez , & me
fit prefent de plufieurs curiofitez. Le
lendemain j ’allai dire adieu à Mr. le
Directeur général de Riebeek & à Mr.
Kajlelein, à qui j’avois des obligations
toutes particulières, 8c qui me
fit l’honneur de me venir voir à fon
tour. Enfin, je dois dire encore une
fois, à la jufte louange de tous ces
Meifieurs-là, qu’on n’en fauroit u-
fer plus honnêtement ni plus gene-
reufement, qu’ils en ont ufé à mon
égard , 8c que je ferois le plus- ingrat
de tous les hommes, fi je n’en
cbnfervois-toute ma vie chèrement
le fou venir. J ’allai àulfi prendre
congé de mon ancien ami', Münfr.
Hoogkamer, V ice-Prefident du Confeil
de juftice j dont j’honorerai toujours
la mémoire, fit puis je-fisem-
barquer mes hardes fur le vaiffeau 3
qui devoit me tranfporter en Per-
fe. ' - - ■ ■ ' ■■
Je foupai ce foir-là,pour la der-
niere fois, avec le General des; Indes,
8t mis mon'bagage entré les
mains de Mr. Pauli jhoinme dé mérité,
qui étoit maître d’hôtel' dé ce
Seigneur j-fiCqui eut 'là bonté de s’en
charger-pour l’envoyer-en -Hollande.
Enfuite de cela'je me rendis à bord
du Prince Eùgene, vaiffeauqu-i portent
40. piécés dê canon'} qui avoit
145/pieds dé lo n g , & 'ijo . hommes
d’équipage.
C I I A P - I T R E - L X X V .
Départ de Batavia. Obfervations fu r f eau proche^ de la Ligne.
Côte méridionale de TArabie heureufe. Arrivée à :Gàmroii;.;
XTOds fîmes voile l e quinzième
Août, avec ün autrevaiffeau,
’ nommé le Monfire’, duquel nous a-
~ yions ordre de ne nouS' point Jepâ-
' rèr, à caufe de la guerre, dont on
a parlé. Nous rencontrâmes le Be-
yerwick fit plufieurs autres vaiffeaux
venant de Hollande. Un calme nous
obligea à mouiller fur le -foir, proche
des Iles de Combuis_ fur onze
brades d’eau, & nous continuâmes
hotre route l i a pointe du jour., Il
fallut encore nous arrêter fur le foir
8t. mouiller fur 17. braffesV Lé lendemain
nous ne fîmes que louvoier
le Vtnt étant contraire à l’oùëft3 fit
un
, . , un petit canot nous apporta desi
i ’^ fruits & d’autres rafraiçhiffemens à 1
vendre. Nous Ternîmes à l’ancre'
vers le foir fur 23. brades d’eau 3 fit
pourfuivîmes' notre route , avec le
jour , à l’oueft-fud-oueft , le vent
étant fud-fud-eft. Ce jour-là le
Capitaine du Monfire vint à nôtre
bord , pour convenir/avec le nôtre-
des fignaux;’dônt ils fe ferviroient.
Sur le foir nous mouillâmes proche
de la feconde pointe de J a v a , fit
remîmes à là voile ‘à l’aube du
jour. Il falut fe remettre à l’ancre
fur le midi, entre cette feconde pointe
, 8t Ylle-neuve , fur 24. brades;
Nous trouvâmes en cet endroit un
petit vaiffeau Anglais, parti de Batavia
avant nous, 8t envoyâmes chercher
de l’eau au coin de la terre-
ferme de Java, où elle eftadmira-
L’ile- ble. J ’y deiïïnai l’Ile-neuve, corn-
H ^ B l on la voit au niim. 225. & celle
Prince, du Prince, qui é f t visrà-vis, & qu’on
trouvera au num. 226;
Le lendemain nous continuâmes
notre route , 8c laidames à l’ancre
le vaiffeau1 Anglois, qui devoit apparemment
prendre du poivrei au
lieu d’eau, en cet endroit. Comme
lè vent étbït fud-fud-eft hous paf-
fâmesfurlefoir à deux- liéuës- de la
pointe occidentale de JaVa , que
nous avions au fud-eft. Nous avançâmes
cependant à l’oûeft-fud-oueft,
Sc demi fud , 8c perdîmes bien-tôt
la terre de vue, le vent étant affez'
fort. La nuit fie les deux jours fui-
vans le vent continua au lud-cil, 8c
il fit très-beau téms.-Lé 3. jour nous
fîmes routé à l’oueft,. le Vent'étant
eft-fud-eft. Le premier jour de Septembre
le- Capitaine de nôtre vaif-
feàu fe rendit à bord du Monfire -,
8c comme on trouva qüenous étions
parvenus la veille au 104; degré, 45.
minutés de moyenne longitude, on
refolut de faire roùçe à l’oüëft fjufi
qu’au 89. degré, 40, oU 50. minutés
de longitude, fie au 9; degré de'lati-
tiide meridionale} 8c puis d’aVancër
au nord., en padant la ligne , juf-
qu’aü 10. degré de latitude fcpten-
trionale} , 8c delà au riord-nOrd-oüeft
jufques aü cap' de Rafalgatd, ou jufi
ques Vers les Côtes à!Arabie. Le
quatrième fie Motifiri arbora: fon pat i jà è.
villqnLfut l é gràhd' mûc f 8c nous V S«iph :
ôtâmes le nôtre fur lé foir, 8c tirâmes
un coup dé canon, comme oii
étoit convenu ayecluf 3 les 1 jours
que nous dévions- avoirFâvah’t-gar--
de étant expirez f fie nous nous mî-'
mes fous vent pour le laifferpaffer.
Comme il Jétbit maùvais .voilier > il
fallut-fouvent faire ■ te manege-là,
fâns pouvoir nous prévaloir du vent,
qui étoit favorable, dont nous a-
vions un chagrin'inconcevable} de
crainte qué cela ne retardât dé beaucoup
notre voyage. - Le cinquième
nous perdîmes-de vûe; lëLalot du
Monfire pendant la nuit, fie ne lai fi-
lames pas de continuer nôtre route
directement- à l’oueft avec peu de
voiles. Lcjixième au matin nous Tap-
perçumés au fud-oueft à une grande
diftance, furquoi hous fîmès route
à demi fud} Seul s'approcha juf-
qü!à deiix liéuëslde nous. L e hnfi
tiènte', 'ilfit'tin'figrial’poür changét
de route Sc avancer à l’oueft-nord-
ouéft; Le neuvième le tenis futva-
riablé, Le dixième le Monfire donna
un autre fighalpour qu’on fé rendît
à fon bordf 8c nous avançâmes
au nord fur Jé foir. Le’ léndemain
nous apperçûhies le Monfire âu nord-
oueft, à deux' liéuës de nous, étant
à la hauteur du 6; degré , 42. minutes.
de latitude méridionale 3 8c
au 88 . degré ,\ 3 0. minutés dé .Ion-'
gitùde. Le'douzième fur le midi,
aiant avancé ènviron 25. liéuës au
nord, nous parvînmes au 5. degré
2. minutes de latitude méridionale,
faifant route au nôrdfic demi.ôueit,
pour nous1 rapprocher de l’autre
vaifleau, que nous eûmes fur le foir
à'üne lieuë de hous, à l’ôueft.
Le quinzième nous approchâmes E""
de la ligne , fie J trouvâmes l’eau hïgno'
bçaùcoup plus'faléëqu’ail'leurs 3 hon-
feuletaerit au goût i' mais même à la
vüë j l’eau: qui fé brifoit contre la
prouë de notre vaiffeau jettant dé
côté une efpepe dléCùme tibuble,grife,;
blànchâtfè fic,félnpliede fël. Il y
a eu des geijs autrefois'} qui fé font
tfbihp.és .à Ce phénomène 3 en approchant
de même de la ligné }' 8c qui
l’ont pris pour;une marque} qud
B b b 3 l’eau