1704. é1® fi abfolument anéanties que cel-
9. N o v . les du fuperbe Palais des Rois de
Perfcpo- ^erfe, cl ul étoit la gloire de tout Polis
détruit rient,& qui dut fa deftruition à la de-
kiand c fauche & aux fureurs à.'Alexandre le
’ Grand, lequel après l’avoir fauvéde
celles de la guerre, le reduiiit en cendres
à la requifition de Thaïs, courti-
fane Greque. Il s’en repentit à la vérité,
mais trop tard. Quinte- Curfe marque
que toute la charpente de ce
Palais étoit de cedre 5mais je croirois
plutôt qu’elle étoit de bois de fenné,
qui abonde en Perfe , où l’on ne
trouve point de cedres , arbre qui
m’eft fort connu, & dont j ’ai, fait la
defcription, dans mon premier voyag
e , en parlant du mont Liban. Cependant
je pourrais me tromper, &
le tems aurait pu caufer un aufli
grand changement à l’égard de ces
arbres-là, qu’à celui des ruines, dont
nous parlons.
Situation Elles font fituées au 30. degré, 40.
minutes de latitude feptentrionale,
de la partie méridionale de l'Afie,
dans la province de Fars ou de Farfif-
tan, au fud-eft d'ifpahan, 8c au nord-
eftde Zjie-raes, ou de Chiras, félon
la fupputation que j ’en ai faite par
eau 8c par terre. J ’ai obfervé la même
exa&itude dans tout le cours de
ma relation, où j’ai marqué lajufte
diftance des lieux, en quoi j ’ai beaucoup
corrigé les défauts de plufieurs
Ecrivains, & de la plupart des cartes
de Géographie.
Les Perfes prétendent que la ville
de Perfepolis a porté autrefois le
nom de Zjie-raes, 6c enfuite celui
ds Fars, d’après la province de ce
nom, ii ce n’eft que la province ait
pris celui de la vilie. Au refte,elle
fe trouve nommée Elymais dans le
premier livre des Maccabées ,6c l’on
dit qu’ Antiochus s’avança vers cette
ville avec une puiflante armée, a-
près la mort d’Alexandre, pour s’emparer
des treforsquiyctoient jinais
de ce Palais.
Differens
noms de
Perfepolis.
qu’il ne put parvenir à fon but. Le fe- r j 0 ,
cond livre marque que ce Prince en 9. Nor"'
fut chalfé honteufement par les ha-
bitansjji ce qui prouve clairement
que Perfepolis e& la. même ville, que
les Hébreux nomment Elymais. Les
anciennes annales de Perfe prétendent
qu’elle fut fondée par un certain
Roi nommé Sjemfchid, qui re-
gnoit en ce pais, fous le titre d’Empereur,
il y a environ 5000. ans.
Ils veulent peut-être parler de Co-
rus ou de Cjn «, premier fondateur
de cet Empire, 6c le plus illuftrede
tous fes Rois; le même dont parle
fi avantageufement le Prophète
Daniel, 6c celui qui délivra les
Juifs de la captivité de Babylone ,
6c fit rebâtir le temple de Dieir,
comme on le voit au commencement
du livre d’Efdras. Ils prétendent
même que ce Sjemfchid vécut
iooq. ans, 6c ils comprennent fous
ce tems tous les fucçefleurs de ce
Prince , qui ont fleuri jufques au
tems d’Alexandre, connu parmi eux
fous le nom de Schandar , ou- de
Schandar Su-alçarnain. Ce dernier
nom donne à entendre que ce Roi
de Macedoine portoit deux efpeces
de cornes, marques de fa force 6c
de fa puiflance. Il y a des favans
parmi eux, qui lui donnent aufli,
à ce que j ’ai appris depuis, le nom
de Schandar-Feyragoes, c’eli-à-dirc ,
Gis de Philippe, comme il l’étoit véritablement
, 6c qui prennent les
trefles de fes cheveux pour des cornes
: d’autres-y attachent, un fens
myfiique, 8c veulent que cela marque
les deux parties du Monde connu,
l’orient ôc l ’occident. A la vérité
les Orientaux ont accoutumé de
donner ce nom de cornes aux cô-
tez ou aux bords d’une chofe. Aufli
voit-on Alexandre repréfenté de cette
maniéré fur quelques médaillés,
fur lefquelles les trefles de fes cheveux
reffemblent à des cornes.
C H A à
I704.
p. N o v.
C I I A P B '«T R E MIL
Remarques particulières a l’égard de Perfepolis, & des anciens
Auteurs, qui ont écrit fur ce fujet.
Senti-
Auteurs” 1 - Perfes, qn’Arabes, prétendent
Perfans à qu'un de leurs Rois ou de leurs he-
fondateurros ’ nommé Giemfchid ou Zjem-
de Perfe- fchid, fut le fondateur de cette capi-
polis' taie du Royaume de P e r f e , qu’il
la nomma Eftechar , c’eft-à-dire,
taillée dans le roc. Ils ajoutent, que
cette ville avoit une fi grande étendue,
qu’elle contenoit même la ville
de Chiras dans fon enceinte : que
la Reine Homai, fille de Bah aman,
fonda le Palais de cette ville, nommé
Gihil ou Chilminar ; 8c que les
tombeaux de la montagne,doivent
leur origine au Prince Kitfchtafb,
fils du cinquième Roi de la race des
Cajanides, nommé, Lohorajp. Voi.
Herbelofç
Relations Cependant,comme ces Relations-
teursmô-m ^0Bt: mélées de plufieurs fables,
demesin- qui n’ont güere de vraifemblance, 6c
certaines. qU’èfles ne s’accordent en aucune
maniéré, ni avec les anciennes Hiftoi-
res Greques, ni avec les hiftoriens
facrés, on ne fauroit y faire de
fond.
Cela étant, je ne ferai aucune difficulté
de dire, avec toute la defe-
rence due au jugement des favans,
que ce qui refte des ruines de Chilminar,
fa.fituation, les veftiges de
l ’Edifice, les figures 6c leurs vête-
mens , les ornemens 8c tout ce qui
s’y trouve, répondaux manières des-
anciens Perfes, 8c à la defcription
qu’on trouve de l’ancien Palais de
Perfepotisi
Diodore de Sicile , qu’on dit qui
Modore vivoit du tems de Jules Cefar 8c
de Sicile. d’Augufte, eft le feul des anciens
hiftoriens, qui nous ait laifle une
ébauche du fameux Palais de Perfepolis
, détruit par Alexandre le
Opinion
de l’A u teur.
Obferva-
tions de
grand, tirée des antiquitez Egyptiennes,
Greques 8c autres, que le
tems a anéanties. Cet Auteur, après
avoir dit, qfi Alexandre avoit expo-
fé cette * capitale du Royaume de ’ Myrpo*
e, la plus riche de l’univers,
au pillage de fes Macédoniens, à la/3«mamV}3
referve du Palais Royal, décrit
ce Palais, comme une piece parti-
culiere, en ces mots, Ce fuperbe ‘
Edifice, dit-il, ou Palais Roy al, eft
ceint d’un triple mur, dont le premier,
qui efi d’une grande magnificence, eft
élevé de iG. coudées, & flanqué de
tours avec un parapet. Le fécond,
femblable au premier, à l’égard de la
fabrique, eft deux fois plus élevé. Le
troifieme eft quarré, taillé dans le roc,
& a 60. coudées de hauteur- Les
Courtines en font garnies de palifddes
de cuivre avec des portes de même,
élevées de 20. coudées, les premières
pour donner de là terreur, ¿y les autres
pour la fureté du Palais ; à l’eft
duquel on voit un terrain de quatre
demis arpens ,é r au delUa montagne
Royale , où font les tombeaux des
Rois, ( b j )
On ne doit pas s’étonner, au refte
, que les ruines de cet ancien édifice,
réduit en cendres pax Alexandre
le grand, il y a 2000. ans,- ne
répondent pas exaètement à la defcription
que Diodore a faite de ce
Palais,, pour peu qu’on fafle d’attention
aux grands changemens- qui
font arrivez en Perfe depuis ce tems-
là: qu’après la mort de ce Prince
elle tomba en-partage à un de fes
capitaines, qui la rendit héréditaire
à fa famille que les- Parthes■ en
firent enfuite la conquête ; que les
Perfes s’en remirent en pofleflion en
la perfonne d’Art axer xc s , du tems
d’AïexànÇa)
Biblîoth. Orientale au mot Eßtcbar. pag. 317,- (b) V id i ant, Bibb Riftor. lib; 17 • p .m . E d .H cn^
t ìc i Stcph, 599. feqq. & W e ch . p . 543. feqq.
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