très-mal aquittez , en reprefentant I
les chofes tout autrement qu’elles
ne font, foit faute de bien entendre
ces fortes d’antiquitez, ou qu’ils
n’aient pas été habiles deflinateurs;
foit qu’ils n’aient pas employé aifez
de tems pour cela , ou qu’ils fe
foienc contentez de faire des ébauches
imparfaites qu'ils n’ont pû corriger
dans la fuite; foit enfin, qu’ils
à proportion de fon étendue. De
plus , la plûpart des colotnnes font
hors de leur place; il y en a 2. de
trop, 6c 5. qui ne paroiffent qu’à
demi, quoi qu’il n’y eri ait qu’une
feule de cette maniéré. La moitié
des pieds-d’efiatix font mal reprefentez
fe foient fervi de dellinateurs mer-
, cenâires , comme Mr. Chardin , I
qui ne fa voir pas desfiner, comme il j
l’avoue dans fes écrits , 6c me l’a i
dit lui-même ; j ’ai crû ne pouvoir
me difpenfer plus long-tems de re- j
prendre les: fautes qu’ils ont com- j
mifes, & dé juitifier ce que j’aiavan-i
cé dans ma Préfacé, tant par rapport
à ces deflinateurs, qui n’étant i
pas animez du defir de gloire ; qui
eft neceffaire pour découvrir là vérité
j ont commis des fautes grof-
fieres ; qu’à l’égard de ceux qui
prétendent avoir tout desiîné de
leurs propres mains.
Eii attendant, je ne faurois m’empêcher
de dire qu’il parut en 1712.
une defcription de la 'Terre Sainte,
imprimée à Amfterdam, fous le
nom de Jean Balthafar Metfcher ;
lequel a eu ii peu d’égard à la vérité,
qu’il s’eft fervi des planches
de quelques villes de Hongrie,
dans la Judée 6c la Palefiine, favoir
de Tokkai pour Tiberias, de Peter-\
Waraàin pour Nazareth j6c deplu-
fieurs autres femblables. On a même
ofé dedier un Ouvrage de cette
nature à un Prince ausli éclairé '
que l’étoit Son Alteife Electorale
Palatine.
Retournons à notre fujet ; 6c commençons
par Mr. Chardin, qui re-
prefente le premier point de vue de
Perfepolts au num. 52. à peu près
comme une platte-forme, que l’on
voit d’un coup d’oeil, pure imagination,
puis qu’on ne peut voir ces
mazures, d’en bas, que comme je les |
ai reprefentées. L'efcalier de la fa çade
ne doit pas être plus élevé que
les murs de côté, fi ce n’ell à la
droite , à l’endroit où l’on monte
aux colomnes-, 8c le mur de la fa ça-
de doit être plus bas de la moitié,
, de mênje que les animauk.
qui fonc fur les colomnes ; 6c comme
tout y paroît de niveau, il faudroit
que les 2. tombes Royales , qu’on
voit danslerocher,fuilentplusbaf-
fes que les miennes, au lieu qu’elles
font plus élevées. La montagne
y defcend aulli beaucoup trop bas,
16c l’on n’y voit point ; à gauche,
les cercueils de pierre, qyi devraient
être au bout de la façade,
6c que j ’ai reprefentez , avec tout
\l'édifice, jufqu’à la moindre pierre,
au num. 117 , qui offre le même
point de viië.
11 manque à la 5 3. planche de Mr.
Chardin, fur le devant, où font la
plupart des édifices, trois bâtimens,
8c quatre autres,vis-à-vis de ceux-
ci 5 outre que tout ce qui parait
des deux autres côtez, y eft directement
oppofé à la vérité, 8c comme
aligné, fans aucunes pierres rompues
pour en reprefenter la véritable
antiquité. Déplus, des 4. pi-
lajlres qu’on voit auprès de ces édifices,
il ne devroit y en avoir que 3s
8c même ils ne font pas où ils devraient
être: il en manque un, un
peu plus loin, 6c ceux qui font au
delà, ne reffemblent nullement aux
originaux. 11 en eft de même du
dernier édifice , fur le derrière, 6c
encore pis de celui qui eft entre lui
6c les colomnes, auquel il ne refte
aucun veftige de muraille. Il y a
même une colomne de moins dans
cette planche , que dans la précédente
; mais on n’y a pas oublié les
5. dernieres, dont la première à droite,
eft affurément la plus haute de
toutes les colomnes, comme cela paraît,
avec les autres défauts , que
je viens de reprendre au num. 119.
Le mur de h. façade de l’édifice,
qui eft repréfenté entre les deux
rampes de l’efcalier, à la 55. planche
de Monfr. Chardin, a la moitié
plus de pierres dans fa hauteur,
qu’il
qu'il n’en doit avoir, 6c elles y parodient
toutes égales ; contre la vérité
du fait, 6c même contre la defcription
qu’il en donne. Celles du
Pallier ou du Perron, qu’il y repréfente
femblables à celles du mur,
au nombre de 16 , devraient être
fort différentes des autres, ce Perron
étant pavé de très-grandes pierres,
comme je les ai reprefentées aux
num. 120. 6c 124. où l’on voit cet
tfcalier tel qu’il eft fur les lieux, avec
les marches rompues, 8c les.pièces
détachées ; fans qu’on y ait rien a-
joûté ou diminué.
Ce Chevalier reprefente dans fa
56. planche, deux colomnes en leur
entier, 8c.comme nouvellement faites,
avec leurs chapiteaux., fans qu’il
paroiffe. rien au-deffus; au lieu que
les mienpes, qu’on voit, au num.
12 1 , 8cquifontfortendommagées,
ne laiffent pas de repréfenter un grOs
morceau de pierre, informe fur la
plus parfaite des deux , comme cela
doit être. Outre cela, lés figures
des animaux, qu’il place au devant
des pilafirés, quiibntàcôtéde
ces colomnes, ne reffemblent nullement
aux originaux , foit par rapport
au corps,, aux- pieds , où aux
ornemens de tête qu’il leur donne,,
les faces en étant tellement gâtées,
qu’on né peut les diftinguer, comme
il l’avouë lui-même-’à la page
54, de fon neuvième volume. Les
Pilafirés, y font aulii reprefentez en
leur entier, 8c cependant les uns6c
les autres devraient paroitre-comme
on les trouve au num. 122. de mon
Voyage.
Les mêmes Jjgwer fis voyent, à la
57. planche, la tête 8c les piedsen
faillie, au devant de chaque pilafire,
6c;lé refte du corps:de côté, chofe
abfolument impoifible, 8c de pure
invention , de même que les têtes
d’hommes ornées , qu'on y a ajoutées.
Quant à moi , je les ai repr.é-
fentées telles, que je les ai trou vées,
avec l’aile qu’on y voit, qui eft encore
en fon.entier , 6c d’une beauté
furprenante- tous les ornemens,
8c ce qu’il y a de rompu 6c d’éfacé
à ces animaux, fansomettre les piet-
res des ptlaflyes , 6c les trois tables
de carafteres , comme cela fe voit
dans ma 123. planche. A la vérité
, il femble qu’il y ait eu des têtes
humaines’ à ces monfires aîlez,
mais je me fuis contenté de les reprefenter
, comme je les ai trouvées.
■
A l’égard des Figures de la 58.
planche de Monfr. Chardin , j ’ob-
ferverai en general, qu’elles font
trop éloignées les unés des autres :
que la première, du premier rang, ne
devroit avoir ni colier ni chapelet,
comme elle a , fur l’eftomac 8c fut
les épaules , ni rien de femblable;
6c que le bras gauche de la fécondé
ne- lui devroit pas defcendrelèlong
du corps.- La cinquième y tient une
jambe de chaque main , 8c Hfixiè-
me deux baquets , pure invention,
nullement conforme à la vérité, les
cinq figures qui fuivent la première,
étant femblables, 8c tenant chacune
un habit entré- les brase les habille-
mens 8c les bonnets, qu’il leur donné,
ne font pas moins fuppofezque
Í le refte; outre que toutes les têtes
en doivent être défigurées. L ’ornement,
en ;güife de vafe, n’y eft pas
mieux reprefenté, eômme il parait
par les miens au num. 126. ’ La prel
mitre figuré ât la fécondé divifion,
marquée Q , tient une machine inconnue
a la .main, au lieu d’un bâton,
dont le bout doit donner jufqu’à
terre, derrière les jambes delà
figure. Les 4. qui fuivent celle-ci,
n’ont pas moins de défauts , 6c il
devroit y en avoir Ç , toutes vétuës
de la même maniere , çhofe très-vi-
fible, quoique les têtes 8c les vifa-
ges en foient defiguréz. La cinquième
devroit avoir un grand bâton
à la main, au lieu de ce qu’elle
y tient ; 8c l’animal qui la fuit,
la bride attachée autour du mufeau,
6c non autour dès cornes , comme
Monfr. Chardin l’a reprefentée ; outre
que le bâton que la figure, qui
eft à côté de cet animal , lui tient
fur le’dOs , devroit être beaucoup
plus grand qu’il n’eft : Et enfin, il
n’ÿ a que 'G. figures humaines dans
cette divifion, au lieu qu’ il devroit
y en avoir fept.
Ce Chevalier en reprefente p.-
dans