m v o m a m ë I
pourris ni d'endommager , & cela 17^41
fait que le goût en eft bien plus Scjahr.
agréable que celui des autres. Ori
s»ÿ fert auffi de foufre •& de cardamome
1704. grand* chofe. On apporta un hom-
6. Jftnv. me emmailloté dans un drap blanc,
dont on rie Voyoit que les bras accommodez
comme deux enfanS,
dont l’un reprefentoitun garçon §c
l’autre une fille. Il étoit étendu
comme un hotrimemort, & ne laif-
foit pas de faire des mdûvemens
comiques , au fon des inftrumens,
aiant les mains envelopées dans les
têtes de ces enfans' prétendus , qui
firent d’abord quelques galanteries,
& puis fe donnèrent bien des
cqüps,.fllt;
Vin ex- M.onûeut\KaJielein , auquel j ’ai
relient, mille obligations, m’envoya enfui-
te de cela, quatorze groffes bouteilles
d’un vin blanc excellent, dont
il eut foin de me pourvoir pendant
tout le fejour que jefis en cette ville,
outre qu’il me regaloirçonftam-
ment, à diner & à fouper. mais je'
ne manquois pas , au fortir de table,
de me rendre feul à mon appartement,
pour m’appliquer aux
chofes, que je m’étois propoféês'de
fairej en entreprenant un voyage fi
pénible: Le vin dont je parle, eft
le meilleur de. toute la Perfe, car
on ne prend aucun foin d’éclaireir
le vin à Ispahan ; tout cèlui qu’on y
"'•boit èft trouble, Sc- d’un goûtdéfa-
greable. On n’y’clarifie que ceux
de ZJierdes, ou de Chiras, qui forit
les meilleurs , & dont-on parlera
dans la fuite. La plupart des-Éwo-
peans, qui demeurent ici depuis
long tems. s fe font faits au goût
des Perfes, & ne fe mettent pas en
peine que le vin foit clair ou trouble,
pourvu qu’il fait fort. Le vin,
dorit il me fit préfent , étoit clair
comme du criftal ; approchoit du
goût du vin de Rhin, & ne cedoit
à aucun vin de France que j’aie bû
de ma vie. Il y en a auffi de rouge,
qui approche fort de celui dé Florence.
On y clarifie ces virts-là dans
d eJ grès pots de terre, au lieu de
tonneaux, corùme dans l’Ifle de
Chipre,Sc après qu’ils ont bien travaillé,
on lés met dans de groffes
bouteilles de verre , qui en tiennent
16. ordinaires. Ils choififfent pour
ces vins-là, les meilleurs raifins,8c
ont foin de n’en point employer de
pour les cdnferVér 8c leur
donner uné bonne odeur. Au relie
ori ne les Kpit'qu’ân bout d’un an,
St' ils ne foftc pas mauvais au bout
de deux. '
Pendant lé fejour que je fis en cette
ville, nous reçûmes'jj- par les lettrés
d’Alep, du 8 Novembre, des
nouvelles -de notre pais >, par des
coureurs employez pour cela, par
notre Compagnie des Indes 8c celle
à’Angleterre. Ils vont pareillement
a Gàmron 8c en d’autres-lieux.
Ce jour-là , fut le premier du-jeûne
Beyram ori du grand jeûne* des
y^»r,quidure 2p. à 30, jours¡c’eft-
à-’dire, jilfqu’au retour d e ’la nouvelle
lune, comme parmi les Turcs.
•Il leur eft défendu de boire ou de
manger-pendant le jour, tant que ce
tems-là dure, & môme de fumer,
qui eft leur plus agréable paffetems.
Mais'Us forit-'le! jour de la nuit, 8c
aulïï-tôt-, que le foleil eft couché-,
ils commencent à prier, 8c fument
une demi heure après. Ils boivent
8c man'gent enfuite , autant qu’il
leur plait i jufqües à la pointe du
jour. Gela fë -fait' cependant avec
diftin&iori, pu is qu’après avoir pris
leur tabae, ils ne mangent que des
confitures, dès-fruits 8c des chofes
pareilles 8c ne font un repas réglé
qu’après minuit. Il ne leur eft pas
permis non plus, de former de la
Trompette 8c de leurs autres inftrumens
à minuit, comme à l’ordinaire
, il fapt qu’ils attendent jufques
à 4. ou 5. heures du matin : il eft
vrai qu’ils fonnent alors d’autant
plus fort, pour éveiller les artifans,
8c les avertir qu’ il eft tems de travailler.
C e lignai fert auiîî pour
apprendre à ceux qui viennent de
dehors, qu’il leur eft permis de faire
entrer leurs denrées, leurs fruits,
leurs herbages 8c chofes pareilles,
ce qui fe fait à minuit en d’autres
tems. Les mêmes trompettes fefont
entendre ordinairement une demi-
heure avant le coucher, du Soleil^
pour avertir les gardes du Ro i, de
fe
DE Cl O R N Ë I î. t. F. Ë ËVËR ÜN;
fe rendrei aux p'oftes qu’ils doi- quarts d’au ne, de long , d ’un goût i jQ f r
t>. ditt. vent occuper. 11 faut auffi fermer
les boutiques entre huit 8c neuf hérités'
du loir j 8c que c'hâcun fe retire
chez foi. Deux heures avant jour,
.... les Mollasj Ecclefiaftiques employez
pour annoncer du haut des mofquées
les tems ordonnez à la prière , s’a-
quittent de ce devoir. Ils recommencent
à midi, 8c aptes le coucher
du Soleil. Les Per/èt commencent
auffi à compter les heures au
lever 8c au coucher du Soleil, fans
examiner combien le jour 8c la nuit
font avancez , ni fi le jour eft plus
court ou plus long que la nuit, ils
ne Vont- que par conjefture.
- La riviere fut remplie de glacé
les jours fuivans. Cela n’empêcha
pas qu’rin domeftique de Moniteur
Kaftdein, ne prit hors de la ville,
un pôiffori d’une.-grorfeur extraor-
_____- — RmraHni . tin#»
admirable.: -Ils nomment ce poif- A J31"'-.
fon-là Sjir-mat-pe, comme il a été
dit. -¡-v
Le feizième , après avoir écrit à Fête de M
mes amis en Hollande y par la voye {j™1’'™'
i ’Alep ,' je- me rendis z ju lfà aveu l’eau,
la famille de Moniteur Kaftelein,
pour voir la fête de la confeeration
de l’eau, que les Armeniens devoieftt
celebrer le-lendemain avant ia pointe
du jour.ills nommènt-cette fête
Goeroortnig -, ou le batêmè de la
Croix',' -& la celebrent cdmme les
Rujjlens le -6. de Janvier. Nous arrivâmes
fur le foir ï j u l f a , 8c allâmes
loger chez Moniteur Sahid¡¡
notre iflterpfete , qui nous regala
bien à fouper. Sur leS'trois heures
du matin , qui eft le tems auquel
commcrice cette ceremonie , nôuS
allâmes âd’Eglife d’Anna-baet ,• Edinaire
en ce païs-là ; - c’étoit une ¡ pifcopale à&s Armemens.
efpece de: carpe , qui âvoit bien 3 .
Batèmc
de
C r o ix ..
C II A P I T K Ë X X X IX .
Batême de la Croix. Antipathie des mulets è- des ours. Fête, dé
Gaddemabie. Fête de l'année fôlaire. Feftin magnifique. Rejetions
de rhubarbes Fête du facrifice d Abraham.
deffus duquel il y avoir deux cloches.
On y avoit placé une grande
citerne de cuivre remplie d’eau -,
auprès de laquelle ils fie remirent à
lire Sc à chanter pendant plus d’une
heure de tems 5 enfuite dequoî
l’Evêque y plongea ' là! croix pat
trois fois, 8c puis on lui donna une
grande coupe remplie d ’huile, qu’il
jetta dans l’eau, 8c ainii finit la ceremonie.
Les Ecclefiaftiques afiiftans
trempèrent leurs mains'-â; là hâté
I dans cette eau, 8c s’en frottèrent le
vifage, de ritême que tous les Ar*
\meniens, qui en prirent approcher-
8c il y én eut qui remplirent de petites
canes decetteeaubenite. Cet-
’ te folemriité fe fit en quelques autres
Eglifes, 8c même dans une petite
riviere , qui paffè' à côté de 7ulfa. Au refte il n’eft pas permis
I • A a 3 ' de
/^v N fit l’ouverture de cette fo-
lemnité par la léfture, par
des Hymnes 8c par des Meffes,jufques
à la pointe du jour. Enfuite,
quelques Ecclefiaftiques, qui é-
toient tous habillez de noir , à la
referve de l’Evéque qui officioit,
fe couvrirent de leurs robes de ceremonie
de brocard d’or 8c l’E-
vêque mit fa mitre , toute couverte
de perles 8c de pierres precieu-
fes. Il tenoit de là main droite,
couverte d’un mouchoir blanc brodé,,
une atfez grande croix , aüfîi
enrichie de pierreries > 8c Une autre
de la gauche , moins ornée. Le
nombre des Ecclefiaftiques étoit de
24. à 25 , qui fortirent de l’Eglife
avec tous leurs ornemerts pour fe
fendre Vis-à-vis à un endroit couvert,
affez élevé & fort orné, au