1701. Comme leurs njccurs 8c leurs manie-
13. Sept, res différent fore des. autres: nations.
Maniérés jem’en fis inftruirele mieux qu’il me
moicdës. fut poflible. Auili-tôt qu’un enfant
naît parmi eux, ils .lui donnent le
nom de la.premiere.créature, quien-
tre dans leur tente, foit homme.ou
bête,/ou delà première, qu’ils rencontrent;
en fortant. Ils lui donnent
même fouvent celui de. la première
chofe qui'¿offre à .leur vue, foit
riviere, arbre ou.autre chofe. Les
enfans , qui meurent après être parvenus
¡à l ’âgei d’un an „.font mis en
terre entre quelques: planches.
Leurs Lors qu’ils- ont envie de -fe ma-
üiariagcs. rier j qs cherchent une femme à leur
gré, & puis la marchandent & conviennent
du prix avec fes. plus proches
parens, comme - l’on fait parmi
nous lors qu’on acheté, un cheval
ou un: boeuf. Ils'en donnentjuf-
ques à deux , trois Sc quatre, rennes,
que l’on eftime ordinairement
quinze ou vingt florins la piece.
Cette fomme fe paye , quelquefois
en argent comptant,félon qu’ils en
conviennent. De cette maniéré, ils
prennent autant de femmes : qu’ils
en peuvent entretenir; mais il s’en
trouve qui fe contentent d’une feule.
Quand leur femme neleurplait
plus:, ils-n’ont qu’à.la rendre aux
parens , dont ils l’ont achetée, en
perdant ce qu’ils en ont donné, Sc
ceux-là font obliges de la reprendre.
J ’ai ouï dire, qu’il y a d’autres Sa-
moiedes, qui demeurent le long de
la côte de la mer, 8c en Sibérie,
lefquels fe marient de la même maniéré,
Sc quivendent leurs fem mes;
lors qu’elleS-ne leur plaifent plus.'
Leur pere. ou leur merè venant à
mourir, ils en confervent les os fans
les enterrer, Sc j’ai même appris de
témoins oculaires , qu’ils les noyent
lors qu’ilsi font parvenus à .un âge
fort avancé, Sc ne font plus bons à
rien,. Enfin , lors qu’un homme
meurt parmi eua£, ils le mettent
dans une foffe:, habillé comme il é-
toit pendant fa .vie, Sc le couvrent
de terre. iEnfuite, ils pendent à un
. arbre fon arc, fon, carquois, fa hache,
fa marmite; Sc touresles choies
dont il fe fervoit pendant ' qu’il
étoit envie. Ils enterrent les fem- 1701.
mes de la même maniéré. *.3-ScPt*.
Après avoir été informé de leurs
moeurs Sc de leurs maniérés , je
fouhaitai .d’apprendre leur croyance
Sc, leur .religion. Je m’adref-
fai pour cela:,- accompagné de mes
amis,: à un Samoicde, que je régalai
d’eau de .vie pour le mettre en
bonne humeur,car fans celailsfont
fort refervez . 8c ne parlent guère.
Je meireflbuvins ,en; ce. moment
, que l’Ecriture fainte marque,
quellespayens,fans connoitre
la loi,ne laiffoient pas de l’accomplir
par les. feules lumières de la
nature, d’où je conclus que ces gens-
là pourraient bien avoir aufii quel-
querconnoiffance à cet égard. Lui Croyance
aiant fait quelques queftions fur ce à“ s»-
r • H - i j - r >1 ■ m o ie d e s» lujet y il me dit qu il eroyoït 3 avee-
fes compatriotes, qu’il y avoit un
ciel 8c .un. Dieu, qu’ils nomment
Heyha c’eft à dire déïté : Qu’ils é-
toient-perfuadeZ:, qu’il n'y a rien
déplus grand ni de plus puiffant
que Dieu : Que tout en. dépend ;
qu 'Adam, le pere commun de tous
les hommes, avoit été créé de Dieu,
oui en étoit! provenu , mais- que
fes defeendans. n’alloient ni au ciel
ni aux enfers:- Que tous ceux qui
faifoient le • bien -, feraient1 placez
dans. un lieu plus, élevé que1 les enfers,
:oit ils jouiraient d elà félicité
dit paradis y . Sc ne fouffrïrpient
aucune peine. Ils fervent cependant
leurs idoles , 8c- révèrent le foleil,
la lune Sc.. les autres plânètés , ,8c:
même de certaines bêtes & des oi-
feaux, felondéiir-'ckprice; dânisl’ef-
perance d’en tirer quelque -avantage.
Ils-mettent un certain morceau
de.fer devant leurs idoles', auquel
ils. pendent plufieurs petits bâtons,
à peu près: de. l’épaiffeür d’un man-'
che de couteau, Sc de la longueur"
du doigt., pointus par/ un bout,
prétendant repréfenter ainfi la tè- .
te d’un homme, 8c en y faifant- de1
petits trous, en marquer les yeux,-
le nez 8c la bouché. Ces petits bâ-i
tons font entortillez de peau de
renne, Sc ils’ .y pendent -une dent
d’ours ou d'é loup, ou -chofe fem-
blable. Ils-ont par-mi eux une -perfonne
j^oi.fonnet qu’il® nomment Siaman.ou
ï3.s.cpt.' Koedismick, qui lignifie; un prêtre,.
Piètre ou;ou-plutôt, un magicien, Scxroient
des8Sa-en -^ue c;et homme .peut leur .prédire
moiedes. to.ut le-bien :St tout le,mal quileur
doit-arriver ; s’ils feront heureux à
la chaffe;,fi les perfonnes malades
yéchaperont ou mourront, de leur
maladie; 8c plufi,euis.chofes pareilles.
Lors qli’ils: veulent : favoir quelque'
chofe rde.lui-, ils l’:envoient quérir;,
& lui mettent ,1a, corde au col „puis
la ferrent -de: maniéré qu’il tombe,
comme mort. Au, boutade. quelque-
tems-i-Leommence à reprendre dû
mouvement, :8c ravientientierement
à:lui-.;-Quand il.va.predire quelque:
chofe; le.faug.'dui fort; des-'jouës,
,8c s’arrête; lors qu’il :a-;fait/; 8c:lors
qu’il .recOmanenceiynl fe- metù,couler
de nqiiveau, à ce .que j'ai.'.appris:
pari dest perfonnes,y. qui en ont
fouvent, été: témoins iocitlaires.’. Ces
magiciens -..portent fur .leurs -habits
plufieurs ¡plaques. de:feri, : 8c desba-
guesida même, qui ¡font.mu bruit
effroyablelors :qrv'ils>entrent. -Ceux
qui demeurent en ces. quartiers-ci-,
n’ehporteMt.pbintidefemiblables; ils i
ont Amplement, fur le vifagcrunre-
feau de ■fil-diaKclral,.auque.l font at-1
. tachées toule.ssforr.es de.dcnts d'animaux.
Quand un de. ces Koedisnieks
iuentiàsmourif'dàlsrlui. éteveme. S U
monument; deopontrasi y. fermé dé
tous c ô té sp o u r empêchen-iles toêJ
tes fauïagcsd’cn approcher. Enfui-
te-ilsd’étendeat defliis',: ¡habillé-de
fes. meilleurs habits, Scpofent à-côté'de
lui fon arcyfon-carquoisSc-fk
hache. Ils attachent aufii à ce monument
un renne ou deux, au cas.,
que le défunt .en ait poffedé pendant
fa vie, & les y laiffent mourir
de faim, à moins qu’ils nefeiâit-j
vent. T o.ut ceci, que je tiens de per-
fonnesy qui.deuierxrent,suces,qtiar-
tiers-là, me fut confirmé par un marchand
Ruffie», nommé Michil "Of-
tatiof, que j ’invitai chez moi pour
cela ,. fâchant; qu’il ’avoit traverfè
la Sibmie,‘-en.hjvev<&c-e® été; eu
allaite à là Ghm&, &■ qu’ilavoit e-m--
plo.yé quatorze ails- eû fes-Voyages.
G’étoit* u n » hom me -de ‘6ü ■ ans ,i-fain‘
d’efprit Sc- decorps, qui me dit qU'e
,ces Samoiedesîeiépandoient dêtoüs.iyoï.
côtés jufqües-.aux principales rivfie- i-3>Sept;
re de la Sibérie., ■ comme» l’O ^ j-le
iÿeniféiu.,de. Lena : qui
vont., toutesffe .décharger,dans le
grand océan... La derniere fert dé
limitecà.la frontière la plus-avancée
du Czar de- Mouoiiié du 'côté
de la Chine -, aufii ces- gens«lâ ne la
paffent pas. On trouv,©entre lés rivières
de Lena&c à’Amw les -Ja>- I*ko«tek
koet.es/, qui:,font, Tdnar-es-, les
Lamottkie,,qui fe repaiffent de rendes
comme les: Samoiedes. Ils--ferit
au nombre de 30000-|iôn. environ,
belliqueux. Scffortliardis. Il y a une
¡autre nation, vers les. côtes de la
•mer, qu’on nomme Jaecogerie, ou À“«“
Jocgra. Ceux-ci . reffemblent- en fa'uVPàgL
toute chofe aux Samoiedes} s'habillent
de même & habitent dans les
deferts. Ils:.,mangent eomnie- les
chiens y les boyaux. Sc autres intef-
■tins. de. tontes:locte»'iâe'bêtes „fans
•les cuirc;.' & -tous-, £es .peuples ont
des langues differentesi.il s’en trou-
v e . une •. quatrième, forte , qu’on
.nomme;¡Korakie, du pais qu’ils ha*
bitent, .qui vivent: aufîl • comme
-les Samoiedes., A ceux-ci¡ôn ¡peut
joindre une autre • efpecç, nommes
Soegtfa., qui fe fendent les .joués, ’
Sc. y. fonrrenn des. arêtes de narwal
pour, en-conferver laycfeatrieei, qui
leur fert. d’ornement. Lesdioarsés;
parmi, eux-,-jffe-lâVénts.de..I’e2tu d i
leurs femmes, s Sc -eêllls-ci de celle
de-leuts, maris.-11$ paffintJ pour de
très-méchantë®- canailles:/;, ' SC-rfont
fort .habiles y Jà-ce qû-’orf-dit; dans
la magiei Ils s’en vantent auiîî, &
portent toujours fur eux les ofle-
mens de leurs peres, pour s’enfer-
vir à cet ufage. Cequ’ily ade plus
extraordinaiiie/, eft qu’ils fervent le
diable , Sc qu’ils proftituent aux
y.oyagpu,!^.., 'leurs' -fémaiies t8c leu^
filles., honnêteté', dont ils fe croyent
'fe'de'VàBïé'’-enVers les étrangers. Etrange
Qpelle différence entre les moeurs ciYiIité'
;de ees-peuplcsilà, Sc cèirès-des Euro*
fémS ! -Le Rnffien ; qui m-’apprit t®»*.
,tes ces /parefe-ukrités- , ' iffs dit en--;
,core, qu’après y ôu*6 feftiaines de
voyage au- dèlà-'-du- paï®-;- oii ha*
¡bitent ces -peup-lès-l-à., -il- en avoit-
B 3 , trou