1693. mens de terre en ces'quartiers-làen
ir. Fevr. automne, mais ils ne font point de
mal. Monfieur l’Envoyé y trouva
Taifcia, un Taifcha ou Seigneur Mongole,
gneurî" s’étoit mis fous la proteâion
Mongale. de leurs Majeftez Czariennes , 8c
avoit embraifé la foi Chrétienne
Greque.
Sa - feu r ; Ce SeigneuraVoit unefoeur Reü-
Mon'6^ ' à la maniéré des Mongoles,
' laquelle avoit aulîï du penchant à
embraffer la foi Chrétienne. Lors 1695.
qu’on lui en parloit, elle difoit u. Fevf.
qu’elle voioit bien qu’il falloit que
le Dieu des Ghrétiens fut un Dieu
très-puiffant ,ptiis qu’il avoit ch a t
fé le leur du paradis: qu’il ne laif- Sactoï»n*
feroit pas d’y retourner; mais qu’il"?
en feroit chaffé une fécondé fois.
Lors que ces Religieufes entrent
dans une chambre, elles ne faluent
perfonne , contre la coutume des ■
Mongoles, leur ordre ne le permet*
tant pas. Elle avoit un chapelet à
la main, qu’elle tournoit inceffam-
ment entre les doigts, & elle étoit
Lama on accompagnée d’un Lama ou prêtre
p re tre Mongole , tenant pareillement un
Mongale. chapelet à la fienne, à la maniéré
àesMongales 8c des Kalmuques,lequel
il tournoit comme elle, en remuant
continuellement les levres, comme
une perfonne qui prie tout bas. Il
s’étoit ufé le pouce, l’ongle Se la
jointure des doigts à force de tourner
fon chapelet, Se n’y avoit plus
aucun fentiment.
Moniteur l’Envoyé s’étant repo-
fé quelque tems àjekutskoi en par- j ekuts- *
tit le premier jour de Mars en trài- koi.
neau, 8c traverfa le pais, jufques
au lac de Baikal où il arriva le dixième,
Se le trouva encore tout gelé.
Après l’avoir traverfé , il entra
dans le pais de Katania. Ce lac a Baikal'&
environ lix lieues à!Allemagne de defcrip-
large, Sc40.de long, 8c la glacetlon’'
y avoit deux aunes de Hollande
d’épaiffeur. I l ne laiffe pas d’être'
très-dangereux, lors qu’on s’y trouve
furpris de la neige 8c d’un grand
vent. Il faut avoir foin fur toute
1693. chofe de faire bien ferrer; les che-
10. Mars, vaux à la glace, parce qu’elle eft
fort unie 8c fort gliffante,8c que la
neige ne s’y arrête jamais à caufe du
Acddens vent- Ë S>Y trouve auffï de grands
cauféspar trous, fort dangereux pour les voya-
B B lors que le vent eft violent,
vents, êc que les chevaux ne font pas bien
ferrés, dans lefquels on eft fou vent
.entraîné. La glace s’y ouvre aufli
quelquefois p a r la violence du vent,
avec un bruit qui reffemble à celui
du tonnerre , mais elle n’eft pas
long-tems fans fe rejoindre Scferef-
ferrer.
C om - Il faut que les chameaux 8c les
m e n to n boeufs, dont on fe pourvoit pour le
m m voyage de la Chine , traverfent ce
aux ch a - lac en venant de Jekutskoi. On met
meaux. & pour cela', aux premiers, des bot-
boeufs. tes bien ferrées à.la glace, 8c des
fers bien aigus à la corne des pieds
.des autres, fans quoi ils ne pourraient
fe ffoutenir fur cettgijglace
uniè. Au refte l’eau de ce lac èft
fort douce, quoi que de loin elle
paroiffe aufli -verte 8c - aufli claire
que celle de l’ocean. Onvoitbeau-
. coup de chiens marins dans les ou-
. .vertures de cette glace , lefquels
' ïpnt noirs, au lieu que ceux de la
mer blanche font de couleur mêlée.
Ce lac eft rempli de poiffon 8c fur
tout d ’ëturgeon 8c de brochet, dont
il s’en trouve qui péfent jufques à
Sortis de 2oo. livres dé Allemagne.léximcpat ri-
ce lac. yiere, qui fort de ce lac, eft Y Angara,
laquelle coule au nord-nord-oueft :
mais il s’y en décharge quelquesunes,
dont la principale eft la Silinga, 169 5.
qui a fa fource au fud,dans,le païs des 10. Mari;
Mongoles ; outre quelques ruiffeaux
ou fources qui tombent des rochers.
Il s’y trouve aufli quelques Ifles.
Ses bords, 8c le pais d’allentour,
font habitez par des Burates, des
Mongoles 8c des Onkotes,&cprodui- Habitan3
fent beaucoup de belles marte,s zibe- durivage.;
lines noires,..outre :qu’on y prend
fouvent un animal nommé Kaber-
diner.
Il eft à remarquer que lors qu’on Etrange ‘
approche de ce lac , du côté du ^ o n 'à 1"
monaftere de S. Nicolas ,iitué à l’en- l ’égard de
droit d’où en fort V Angara,lesha.- “
bitans du pais avertiffent très-par-
ticulierement ceux qui le doivent
traverfer, de fe donner bien garde,
de le nommer Ofer , c’eft-à-
dire eau dormante , mais lac , de
crainte d’y périr par la violence desi
tempêtes, Comme plufieurs autres
qui ont eu l’indifcretion de lui donner
le nom à'Ofer ; chofe qui parut
fort ridicule à Monfieur l’Ên-
voyé, qui le traverfa, en' le nommant
ainfi, fans fe mettre en peine
de leur prediftion. Il arriva même
par un très-beau tems au château d e * ^ “ ’!
Katania, première fortçreffe de la tania.
province de Daurie, en plaignant
la fuperftition de ces pauvres peup
le s,-qui craignent la. colere des
élemens,au lieu de mettre leur confiance
en Dieu, qui eft le créateur
8c le maître du monde , 8c auquel
les vents 8c les élemens obeiffent.
Départ de Katania. Arrivée a Udinskoi. Defcription de cette
ville & c. Départd\Jdinskoi. Arrivée a la fortereffe de Jarau-
na. Defcription du peuple de ce pdis-la: Arrivée a Nerzins-
koi. Defcription de cette ville, & des habitans dé alentour.
Arrivée a Argunskoi, derniere fortere/fe du Czar du côté de
la Chine : fa Jituation.
. Onfieur l’Envoyé repartit le
. Katan» [ V 1 lendemain du château de
à iUnS‘ Katania, 8c arriva le douzième au
grand bourg d’Mnskoi ou de Bol-
foi Saimka, dont la plupart des habitans
font Rujfiens, qui s’appli-
- Q* 2 I ; fl.uent