ï 706. gré qui conduit au tombeau, un pe-
3 I . Ju ill. tit ouvrage en forme d’autel, avec
une bordure rouge au milieu de la
façade, & quelques caractères Chinois
en or. Le pavé qui eft devant
le tombeau, eft'de la même maçonnerie
que le refte de l’ouvrage, blanc
& divifé en trois parties, feparées
les unes des autres, avec une petite
élévation par derrière.' Il y a. un
autelfemblable à droite fur le front,
avec une efpece de niche au milieu.
Depenfe Ces tombeaux-là coûtentjufques
H à 2,3. &4,00. écus. Au refte il s’en faire p o u r 3 j • » • j , ces tom- trouve qui n ont point d. ornemens,
beaux. mais la maçonnerie & la façon de
l’ouvrage ne différent pas, afin que'
les morts repofent en toute fureté.
Lors quej’arrivai en ce lieu-là, on
étoit occupé à faire un de ces tombeaux,
pour une perfonne qu’on al-
Convoi loit mettre en terre. Le convoi s’y
funèbre. ren{q t peu après, & j ’y vis plufieurs
tentes pourvues de toutes les chofes
neceffaires, pourlacuifine, &pour
mettre le couvert. -J’obfervai avec
foin toute la ceremonie du convoi,
qui reffembloit à une proceffion, par
le nombre des perfonnes dont il étoit
çompofé, 8c des ornemens qu’ils
portoient, favoir des drapeaux, des
parafols, Sc des dais, fous l’un défi-
quels on portoit un de leurs Saints,
connu fous le nom de Joosje. J ’y
entendis auilî le fon de quelques cloches.
Lors que le corps fut parvenu
au lieu où on devoit le mettre
en terre, tout s’y fit avec célérité
8t en très-bon ordre. Il y avoit vis-
à-vis d’un de ces tombeaux,un pavillon
Sc plufieursparafols, fous l’un
defquels j’obfervai Une grande table
couverte de toutes fortes de viandes
apportées de la ville, 8c entr’au-,
très d’un cochon crû, 8c d’un bouc,
quï dévoient feîvir d’offrandes au
Saint dont on vient de parler. Cependant
, on jçtta- quelqu’argent
dans la foffe, 80 pujs on y mit le
corps. Un prêtre qui étoit à un
bout de cette foffe, tenoit un livre
à la main, dans lequel il lifoit ; 8c
il en avoit un autre à côté de lui,
avec un plat d’argent rempli defe-
mence, dont il jettoit de tems en
T o m . I I .
tems une poignée vers les alliftans,
fur le cercueil 8c fur l’enfant de l a ,
femme qu’on venoit de mettre en
terre, lequel étoit de l’autre côté
du tombeau, couvert d’une robe de
toile crue, qui lui paffoit par-def-
fus la tê te , à la maniere des anciens,
qui fe couvraient ainfi de facs, dans
les tems de deuil 8c d’affliétion, 6c
fe jettoient. par terre. Cet enfant,
qui n’avoit pas plus de 10. ans, le fit
aulli à diverfes reprifes, 8c puis fe
remettoit en fa place, félon l’ordre
qu’il en recevoit des afliftans, entre
1706.
; 31, juili.
lefquels étoit fon pere, habillé
de blanc. Enfuite, le prêtre fit approcher
cet enfant, auquel il fit répandre
quelques poignées de terre
fur le cercueil de fa mere,' 8c ainfi
finit cette ceremonie. Rien ne m’y
parut plus extraordinaire que lafe-
mence qu’on y repandit ; qui fer-
voit apparemment d’emblème pour
marquer aux affiftans , qu’on fou-
haitoit que leur pofterité multipliât
de même.
Pendant qu’on étoit occupé à Repas fa«
preparer le ciment, dont on apar- re<
lé , on fe mit à tablé , au nombre
de plus deçoo.perfonnes,entrelef-
quelles il y avoit plufieurs femmes,
habillées de blanc, avec une machine
en pointe au-deffus de la tête, 8c
de la même couleur, qui leur tom-
boit-jufques au milieu du corps. On
rcfta-là jufques au foir, fous les arbres.
Ces tombeaux ne font qu’à
une petite lieuë de Batavia-, 6c il
y en a même un grand nombre, qui
n’en font pas fi éloignez. On en
trouvera le deffein au num. 224. La
coutume de ces repas-là, s’accorde
à ce que. j’ai dit ailleurs des mets
qu’on apporte fur les tombeaux des
trepaffez en d’autres lieux. Il y en
a même , où l’on vient funierSc prendre
du cafté, 8cc. D’autreS y vont
faire leurs dévotions, comme je l’ai
vû pratiquer à Chiras, ou Zjie-rdes
en Perfe. Us font même fouvent
de ces repas-là, peu après l’enter--
rement fur des tapis qu’ils étendent
fur la terre, Cela fe pratique parmi
lés Chrétiens orientaux, faVoïr
en Geòrgie , en Armenti 8c parmi les
Grecs, qui vont auftifairé des lamén-
B b b ' tatiohs