I?0g & y avoit maflacré plus de ioo.I
3 qui s’y étoient trouvez.
N ous ne fûmes pas plutôt fortis de
celui-ci qu’on y mit le feu, & comme
il étoit rempli de foin, les flammes
parvinrent en un moment juf-
ques à nous, & nous obligèrent à
doubler le pas. Nous avançâmes
pendant toute la nu it, nous arrêtant
de tems en tems pour attendre
les bagages. Cela joint à l’épaif-
feur des bois nous fit perdre beau- .
coup de tems, & nous expofa à ê-
tre furpris par les ennemis. Enfin,
nous arrivâmes fur le midi à Nilni-
kof, après une marche de quatre
lieues, aiant toujours eu la pluie ou
la neige fur le corps.
Nous tâchions, cependant d’adoucir
la fatigue de notre voyage
en faifant bonne chere , fans nous
appercevoir que nous étions fur le
point de manquer de pain, & qu’on
n’en pou voit trouver fur la route.
Notre unique remede fut de nous
addreifer au Prince, 8c je fus député
pour cela, aiant l’honneur d’être
connu de lui. I l étoit à table lors
que je m’aquittai de cette commif-
fion , qui fit rire toute la compagnie.
Il eut la bonté de me faire
affeoir à côté de lui , chofe fort a-
greable pour moi, 8c fort déplai-
fante pour mes compagnons, qui
m’attendoient avec impatience. Au
fortir. de table il me fit donner toutes
les chofes dont nous avions be-
foin avec une bonté inexprimable
.N
ous nous remimes en chemin
vers le foir, 8c traverfâmes plufieurs
bois remplis de païfans , 8c fîmes
alte fur les 3. heures dans un village
qui n’eft pas éloigné de la ville
de Siebina, où le Prince nous avoit
invité à dîner avec lui ce jour-là:
mais il avoit déjà dîné lors que nous
arrivâmes ; cependant nous ne laif-
fâmes pas d’y être regalez par fes
officiers.
Le vingt - cinquième nous primes
congé de lu i , 8c il eut encore la
bonté d’envoyer un détachement de
300. chevaux devant nous pour af-
furer les chemins, 8c de nous donner
une efcortede 6. dragons, commandez
par un officier Polonois,^0g<
pour nous accompagner, jufques à i5_ Fer,
Smoknsko. Nous arrivâmes fur les
6. heures à la petite ville de Borif-
fova après une traite de 4- lieues j
Sc fur les tpt heures du matin à
Kroepka, à 8. lieues delà. Enfuite,
nous traverfâmes plufieurs villages,
dans l’un defquels nous ne trouvâmes
pas une ame, parvînmes furie
midi à Tollothin après une marche
.de 7. lieues. Nous continuâmes
notre voyage le vingt-feptième 8c arrivâmes
fur le foir à la ville de Copies.
Le Colonel Aller, le Minif-
tre de Truffe 8c le Dofteur Areski-
ne, qui y avoient fait quelque fe-
jour, venoient d’en partir pour aller
joindre le Czar à Solenfo,.à. 8.
lieues delà , 8c nous arrivâmes le
dernier jour du mois à Dobroofna,
après une traite de 7. lieues, Le
gentilhomme Tolonois 8c fes dragons
, qui nous avoient conduits
hors du chemin, nous quittèrent,
fans rien dire, pendant la nuit, de-
forte que nous eûmes bien de la peine
à nous tirer d’affaire. Nous ne
laiffâmes p,as d’avancer fans efcorte
8c d’arriver heureufement fur les 7.
heures.à Bagova. C ’eft le dernier
village de ce côté-là, fur les terres
de Pologne, 8c nous y logeâmes
chez des Juifs; 8c arrivâmes le lendemain
à Smolensko. Nous y allâmes
faluer le Gouverneur , 8c lui
rendîmes compte de ce qui nous é-
toit arrivé. Nous le priâmes en-
fuite de nous faire donner des chevaux
frais pour continuer notre
voyage , mais il nous dit qu’il n’y
en avoit pas. Nous ne laiffames pas
d'en trouver 8. qui étoient arrivez
la veillé de Mofcow avec des voyageurs,
qui avoient paffé outre. Cela
vint fort à propos, nous les mimes
à quatre de nos traîneaux , 8c
3. de ceux, qui nous reftoient, devant
les autres , qui avoient peine
à avancer , les chevaux étant fort
fatiguez, outre que nous en avions
perdu plufieurs en chemin. Nous
I continuâmes ainfi notre voyage 8c
! arrivâmes à 8,. ' heures du. matin à
I Glowa, après une traite de 3 3. W:rf-
I tes. Nous paffâmes enfuite iDor-
gobufch ,
1708 gobufch, à Weefgna, &càMofchaios'-\
10. Mars, b it, 8c arrivâmes enfin à Mofcow,
R«ourà où je retournai à mon ancien quar-
1 cow' tier dans la Slabode,où l ’on fut fort
furpris de me revoir.
Le dixième Mars, les marchands
Hoilandois, qui étoient partis après
nous,y revinrent de même, 8c peu
après les autres voyageurs, dont on
a parlé , lefquels s’étoient arrêtez
quelques jours au. camp de fa Ma-
jefté Czarienne,dansl’efperancede
trouver l’occafion depaffer. Monfr.
Keiferling, Miniftre dePruffe, s’y 1708.
rendit auffi. Gomme les mouve- a<s. Mars,
mens des armées empêchoient qu’on
ne reçût des Lettres de Hollande,
d’où il manquoit 5. ou 6. ordinaires
, nos marchands prirent la refo-
lution d’y depêcher un exprès à
tout hazard, 8c moi celle de m’en .
retourner par eau, par la voye d'Ar-
changel, avec Monfr. Kinfius,frere-
de celui avec qui j ’étois venu à
Mofcow. .
C h a p i t r e LXXXVÏII.
Dernier départ de Mofcow. Arrivée d Preslaw, Roftof, Jeres-
law & Wologda. Maniéré de voyager par eau..
Départ de T E partis de Mofcow en traîneau
Mofcow. J le vingt - troifùme Mars , avec
plufieurs autres voyageurs , 8c a-
vançai ce jour-là, jufqu’à Bratoffi-
na, bourg à 30. Werfies de Mofcow:
Le lendemain fur les9. heures, nous
arrivâmes à Trojtskie, dont on a déjà
parlé , auffi-bien que du beau
monaftere de ce nom. Nous tra-
verfàmes enfuite des montagnes remplies
d’arbres, qui doivent produire
un admirable effet en été. Nous y
rencontrâmes une bande de 6. à 700.
■ jeunes foldats,. nouvellement levez
8c fans armes , dont les officiers é-
toient en traîneau , 8c nous arrivâ-
A tr iv éeà .m e s vingt-cinquième à. Preslaw,
Preslaw. où nous ne nous arrêtâmes pas , 8c
avançâmes jufqu’à TVaska. Le lendemain
nous; paffâmes à côté de
àRoftof. Roftof, au nord-oueft du lac de ce
nom , qui eft entouré de villages.
Les habitans de ce quartier-là vivent
de la culture de l’ail 8c des
pignons.'. Cette ville a un métropolitain,
qui y fait fa demeure.
On trouve à une demi lieuë de là
le monaftere de Peuter Zarewitz,
qui eft.entouré de maifons. Nous
avançâmes, delà jufqu’à.Nikola, qui
en eft werjles, 8coù l’onpaffe
en été la riviere d’Oetfe-reka fur
a jeres- des radeaux , 8c arrivâmes à Jerei-
B . T o m. II. I ' " ' ' :
law le vingt-fxième. Nous y allâmes
loger au fauxbourg de Troepe- .
noe, d’où je me fis. conduire en traîneau
fur la riviere de Wologda, pour
y faire le deffein de la ville, autant
que lé tems le pourrait permettre,
n’aiant que quelques heures àyref-
ter. On la trouvera au num. 244,.
Elle commence à la lettre A , au fud,
où paffe le Kotris, qui fe déchargé
dans le JVologda. Il- y avoit en ce
tems-là dans la riviere 5. barques à
3. mats, venues de Cafan, avec une
difficulté inexprimable, en remontant
le Wologda à la ligne , à force
de monde,-pour fe rendre à Peters-
bourg. Il y avoit de plus dans la
riviere plufieurs autres barques gelées.
On voit à une petite diftan-
ce de la ville , un village avec une
Eglife de pierre, 8c les fauxbourgs
des deux côtez.- Elle eft fituée fur s, fitua-
une hauteur , 8c ceinte en partie, don.
d’une muraille de pierre, qui n’a pas
été achevée , parce que le terrain
n’en étoit pas affezferme, auffieft-
elle en fort mauvais état.- Cette
Ville eft affez .grande Sc prefque
quarrée, 8c parait beaucoup en dehors
par le nombre des Eglifes de
pierre qui s’y trouvent. Il y a auffi
des maifons de pierre, mais la plû-
part font deffiois, de même que 4.
I i i ponts