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1 703. à cinq werftes par lieue , Si qui mar- ■
ji.juiT; quent la diftance où l’on eft de
Mofcou , de Veronis, 8c des lieux
circonvoifins. Je croi que le nombre
des jeunes arbres, donton vient
de parler , fe monte bien à aoo.
mille. Cela eft d’autant plus utile
j que fans ces pilliers & ces arbres
, on auroit dé la peine à trouver
les chemins , qui font couverts
de neige en hyver , outre qu’on y
voyage là nuit comme le jour. E-
' tant parvenus en deux heures de
tems à Sgelina , nous y changeâmes
de chevaux 3 pour nous rendre à
Oeljamina, où nous arrivâmes fur les
8. heures. - Nous defcendîmes dans
un Kabak de fa Majèfté, affez bien
bâti 3 dé bois , aiant pluiieurs appartenons:
On y entre par un beau
Savare ou degré de cinq marches 3
à cinq angles. Nous y fumes régalez
de biere & trouvâmes bon
feu dans les chambres 3 parce que le
Czar y étoit attendu. Ce Prince
a fait bâtir de Ces maifons-làde 20.
en zo. werftes pour la commodité
des voyageurs. Nous n’y reliâmes
qiie^ deux heures ,: au bout def-
quelles nous en repartîmes par
Un tems fort humide; Les chevaux
étoiént prêts par to u t, où
nous pallions 3 & il y avoit du feu
dans tous les villages, oùlespaïfans
fe tenoient à leurs portes avec des
bottes de paille allumées, pour marquer
la joye qu’ils avoient de la1 venue
du Czar. Cela faifoit un allez
joli effet pendant la nuit. Nous a-
vions 30. werftes à faire delà iKo-
lomna ,' où nous arrivâmes avant le
jour , & y attendîmes la venue de
fa Majefté : Elle y arriva fur les 9.
heures du matin, pendant que j’é-
tois allé voir le dedans 8c les dehors
de la ville. Je fortis pas laportede
deKo- " Fjaetnietske, c’eft-à-dire , du ven-
lomna. dredi , ou du 5. jour de la fémai-
ne, & allai jufques à celle d eCoJJl,
qui font lès feules qu’on y troUve.
Cette ville eft ceinte d’une bonne
muraille de pierre , qui a environ’
iïx braffesdehaut, & deuxd’épaif-
feur ,î flanquée de pluiieurs tours,
dont les unes font rondes/& les autres
quarrées, à 200. pas de diftance
les unes des autres, fans qu’on y 1703:
puiffe planter du cdnon. Elle a u- î. FMâ
ne demi lieue de tour, & là petite
riviere de Kolommenske , dont elle
porte le nom, paffe à eôté. Je devrais
parler ici de la riviere de A/ùr-
ka j mais comme nous la traverfâ-
mes enfuite par eau, je le remettrai
à une autre fois, pour continuer là
defcription de cette ville. La muraille
eft prefque toute ruinée d’un ,
I côté , Sc il faut paffer par-deffuS
une montagne affez élevée pour approcher
de la porte de derrière,où
j le terrain eft bas , au delà de la riviere.
Il y a un fauxbourg à l’autre
porte , où fe vendent les mat-
éhandifes. Je vis' auiîi paffer Un
grand nombre de païfàns par cette
porte, qui portoienf des denrées à'
la ville. La lituation-en eft prefque
ronde, 8c il y a un foffé fec dû côté
le plus élevé, où la muraille eft
fort haute. Son plus beau bâtiment
eftl’églifcd’Lÿ>Zi»/Æj ou de la
feparation de la mere de Dieu. Elle
eft bien bâtie, de pierre & affez
I grande. On y peut joindre le palais
Archiépifcopal ; le relie eft peù
de chofe. Aiant fatisfàitmacuriolî-
té,- j’allai à la maifon dü Gouverneur,
Ivan Daviàewitz,ov.)e.trouvai
le Czar, 8c toute la compagnie'
à table. Lorfque j ’approchai de ce
Prince pour lui rendre mes devoirs
il fe tourna Sc me baifa ; Sc après lui
avoir rendu compte de ce quej’avois
fait il me fit affeoir. A deux heures
après midi ,- nous continuâmes
notre voyage, pour nous rendre à la
I maifon de campagne dé Mr. Alexan
dre IVaftelewitz Koecken à cinq werftes
de cette ville. Nous y fùme^
bienregalez. C ’eft un bon bâtiment
de bois: à deux étages , où il y a de
beaux àppartemens. Nous y reliâmes
jufques à cinq heures, & fur les
9. heures du matin nous arrivâmes
au petit lac à!Ivan, proche du vil-Petit Iae
lageàTvanofra, à 11,6.werftes dela.^1™'.
maifon de Mr. Arête. Le Don, ou.
le Tandis, a fa fource dans ce lac,’
d’où il coule dans un long canal,
dont l’eau eft fort claire & de bon
goût,' comme le trouva le Czar 8c
toute la compagnie , quoi que ce
lac
,ï7° 3'
'2. F e v r.
lac, qu’on pourroit mieux nommer 1 & nous y reliâmes jufques à 10.179%
- ■ - - - La)heures:', en 'àttèridàipfH0s' gompa- 3‘’t' ’
L e Don
G r a n d
cànah
étang , foit fort marécageux,
moitié de fon eau coule d’un côté,
& le relie de l’autre, chofe fort remarquable.
C ’eft en ce lieù-là, que
fa Majefté Czàrienrie commença en
1702, à faire creufer un canal, pour
ouvrir une communication entre le
Don8ch.metBaltique. Ce Prince en
leTà- examina dès-lors tout le terrain en
perfonne, comme il le lit pour la feconde
fois avec nous. Ce canal ; qui
eft fort profond, a fa fource dans le
Don, & doit traverfér le lac d’Ivan
jufques à la petite riviere de Schata,
qui tombe datts celle d’üfa, & celle
ci dans TOcca i- qui fe décharge
dans le Wolga, On pourra parvenir
de cette maniere, aû but qu’on
fe propofe, de faire une commùni
cation entre cette riviere 8c la mer
Cela fe doit faire par le
gnons, mais voyant que perfonne
ne paroiffoit , nous continuâmes noi
tre chemin par ùn defert , ne trouvant
que quelques taillis par ci par
là. Le troiftème nous arrivâmes fur
les 9. heures du matin chez le Prince
Alexandre Ddnielèwitz de Menft-
kof à i î o . werftes de la maifon de
Moniteur le Fort. C ’èft un grand 8c
beau bâtiment, qui reffemble à une
maifon de plaifance, aiant fur le
haut un joli cabinet en forrite de
fanàl, couvert d’ùn toit détaché,
peint très-proprement en dehors à
de toutes fortes de couleurs'. Cette
maifon a plufieurS beaux 8c bons
appartemeiis affez élevez. On n’y
fauroit entrer fans.paffer par la porté
du fort,l’ùrie Sc l’autre ëtanten-
jtourés d’une même muraille de ter-
moyen de plüfieurs ëclufes,quiont re, qui n’eft poürtàrit pas degrah-
80. pas deflong, & 14. de large, fous
la direction du Prince Gogdrin, dont
de étendue. Il y a plufieürs beaux
oùvràges bieii garnis de canon 3 coule
mérité & les belles qualitez, auflt- verts d’un coté partine montagne 8c
Grandes
éclufes
fermées.
faites t
ce quar-
tier-labien
que Ton Zele pourlefervicede
fa Majefté Czarieiine j font inexprimables.
Elle nous fit conduire
en traîneau fur ces canaux àiarit
fait ferrer leS chevâriX à la glace,
8c nous montra cet ouvrage perfectionné
, qüi confifte en fept ë-
clufes fermées, dè pierre grifes. J ’y
vis aüffi un moulin à, tirer de la boue,
fait à: la Hollandoife , par le moyen
duquel j après avoir fàit romprè la
glace, ce Prince fit tirer de la terre
Tourb« propre à faire des tourbes 3 qu’oU
1 y travaille icomirte dans nos P ro-
Yinces;., Il y en avoit plùfieurs^gran-
ges remplies , dont nous fîmes l’épreuve
fêc qùe rioüs trouvâmes très-
bonnes.-
Sa Majefté UouS aiant bien régalez
de l ’àUtre par Un marécage, ou ef-
pece dè lab. Lors que j ’entrai où
étoit le C z l i , il me demanda où
j ’avois été? Je répondis3où il avoit
plû au Ciel 8c'à nos condufteurs,
puis que je rie favois ni la langue ni.
le chemin. Cela le.fit rire, 8c il le
dit àux feigrièurs Rujftens qui l’ac-
èompagnoient. Il me donna une ra-
fàde pour me punir j 8c nous régala
à midi, nous partîmes’ , fur les,
3. heures poùr faire 36.werftes
qitès à la maifon dè.. campagne de
Monfieur le Fort'. Comme fori village
n’eft pas fur le,grand chemin,
trois de. nos condufteurs tournèrent
à droite, aù lieu de.fuivre la compagnie,
Sc nous paffâmeS à une des.
maifons de fa Majefté, cinq werftes
au delà. J’y entrai avec deux officiers
François,h. nuit étant venue,’
en perfeâion, faifant tirer le ca-
nori à chaque fantéâ Après lerepas
il rioûs menàfrirles ramparts,:8c nous,
fit boire des liqueürs dîferentes fur
châque ouvràgei Enfuite il fit préparer
leS traineaux pofit travçrfer le.
maréèâge', qui étoit gelé, Sc voir
tout de là à notre aife. Il me prit
dans le fien,fans oublier la liqueur,
qui nous fuivoit, 8c qu’on n’épargna
pas. Nous retoUrnâmeS de là
au château j où les ferres recommencèrent
à faire le tour, 8c à nous
échaufer. Comme il n’avoit pas encore
été nommé, fa Majefté lui donna
,1e nom d'Oranftnbourg. Le vil- Oranjèa
lage du Prince Alexandre, qui eft
à côté, fe nomme Slabootke. Nous
partîmes de cet agréable lieufurles.
9. heures du foir. Le quatrième,
H 3- hotfS '