1703
î u Mai.
.fines, polir en arrêter le cours.
Nous y trouvâmes tout à aufli bon
marché qu’à Niesna. J’aurois bien
voulu-aller jufqu’à la ville, qui eft
à 180. werjies de Cafan, mais je ne
pus parce que notre barque- avan-
çoit toujours. J’appris cependant,
qu’elle étoit grande Sc ceinte d’une
muraille de bois ; qu’elle avoit huit
églifes de pierre, trois ou quatre
monafteres & plus de 10 . nulle mai-
ions, toutes habitées par-des Ruf-
fiens, lès Tart ares fe tenant dans les
villages. Nous fûmes, près de deux
heures à regagner notre batqüe à
-force de rames , & ce ne fut pas
même fans danger, la riviere tournant
avec violence en de certains
endroits, 8c étant fort profonde,
ce qui donne une fi grande agitation
aux vogues, qu’une petite baraque
a de la peine à y fubfifter.
Nous trouvâmes encore plufieurs
Iües remplies d’arbres fort agréables
à la vue , aufli bien que les
montagnes qu’on voit au travers de
ces arbres. Trente werjies au delà
de cette ville, nous trouvâmes le
Village de Siengiela ,Sc plufieurs autres,
habitez par des RuJJims, &
peu après le bourg de Nove Devitz-
kt S d o , d’une grande étendue, fort
ferré; aiant plufieurs églifes 8c Un
grand clocher. Pendant la nuit
nous rencontrâmes une barque à
rame remplie de RuJJtehs, qui demandèrent
d’où nous venions, où
nous allions & quelle étoit notre
barque ? Nous repondîmes que nous
étions à fa Majefté Czarienne, 8c
que nous leur confeillions de ne
point approcher de nous de crainte
d e 's 'ën repentir, les prenant
pour des voleurs. Le douzième
au matin , nous vîmes des
montagnes à droite & à gauche,
dont lés unes étoient couvertes de
fapins,chofe que nous n’avions pas
vue jüfques là. La riviere n’avoit
pas, un •Werfte de large en cet endroit,
où elle étoit cependant très-
profonde. Elle ’avoit été fi haute
guer. Les Rußens, qui font fort I70-,
ignorans en ces fortes de chofes ne n. Mû,
purent nous - en apprendre lacaufe,
Sc je ne pus m’en informer à terre,
parce que notre barque ne S’arrêta
pas. Sur les 9. heures note arrivâmes
au village de Siéra Barak 20.
werfieS'. en deçà de Samara. Nos
gens y allèrent àla'provifion, &la
riviere y étoit plus large- Nous y
vîmes tune Ule inondée ,- remplie
inondée,- 8c à gauche une haute montagne
ronde, prefque fans arbres,
nommée Sanol Kiergan. Le s Ruß
fiens nous dirent que c’étoit le tombeau
d’un R o i, OU d’un Empereur
dèTartariei nommé Manimon, qui Reiatiofi
avoit monté le Wolga avec'70. au- d’u“p™-
très Rois Tartar es, pour s’emparer Tatt«ie,
de toute la Ruße, Que ce Prince
étant mort en ce lieu-là p les- fol-
dats, qu’il avoit amenés en grand
nombre à cette-expédition , remplirent
leurs cafques Se leurs boucliers
de terre, pour lui dreffer un
tombeau, dont cette montagne a-
voit été formée. Une-petite'lieue
au delà'; on en trouve une autre
nommée Kabia Gora remplie d’arbreslaquelle
s’étend jüfques à Samara.'
Celles qui font à gauche en
font tellement couvertes, qu’on a
peiné à voir- à travers, . Ce font
prefque tous des aunes 8c des faules.
On y trouve le meilleur fouf- bnn
fre du monde , qu’on n’a décou-
vert que depuis- ’ deux- ans. Il y
travailloit alors plus de 4000.
perfonnes, tant Rußens que Czere- .
mijfes & Mordwates. Le Czar y a-
voit aufli envoyé des infpeêteurs &
des foldats pour veiller fur lés travailleurs,
Ces montagnes--font à
l’oucft de la riviere-. Nous arrivâmes
à deux heures après midi devant
la ville de S am a r a fituée àsamaa,
l’eft de la riviere , fur le penchant
& fur le haut de la montagne, qui
n’eii pas élevée 8c fans arbrés , fe
terminant avec la ville fur le rivage,
comme on peut-le voir aunUm. 27.
St non comme d’autres l’ont écrit à
cette année , qu’elle avoit inondé] deux Wèrftes de ce rivage. On voit
toutes les terres dont on a parlé, au bout de la ville la riviere de Sade
maniéré, qu’il y avoit même des I mar, dont elle porte le nom. On
rivières qu’on ne pouvoit diftin- j dit que ce fleuve tombe dans leWol-m
au-delà, entf© plufieursgraddes ifles 1703.
couvertes d’arbres, St le pais étoit 13. Mai,
fi couvert d’eau, qu’on avoit de la
peine à diftinguer le Wolga. Enfui-
te nous rèvimes les montagnes à
notre droite ', lefquelles Ja grande
fechêreffe , & l’ardeur du foleil a-
voient toutesbrûlées,' au lieu qu’elles
font remplies d’herbes en d’autres
tems.' Àuifi les païians y four
1 7oî i a ^' 5 •0113 Werjies delà. Cette vil-
H.Mai. le eft allez grande,toute de bois,Se
Riviere
de Waf-
fieje.. _
les maifons en font chetives. Les
murailles flanquées de tours , font
aufli-de bois', 6c -il y en a une fort
Situation grande du côté de la terre. Lavil-
de la vil- couvre prefque toute la montagne,
St le fauxbourg s’étend le -long de
la riviere. On compte qu’elle eft à
jeo. werjies de Cafan. En paflfant
à’côté on en voit la porte 8t plufieurs
petites églifes avec quelques
monafteres, Lors qu’on en- eft à
25. werjies on voit tomber à droite
dans le Wolga une riviere nommée
Askula,.-dans laquelle donne le Sa-
mar. - Nous- perdîmes-de vûë 'les
montagnes en cet endroit, où la riviere
eft fort large,- 8c nous les revîmes
peu après à-notre droite, pfOv S
che'-de nous.' Nous rencontrâmes,
plufîêur-s barques ce'jour-là, St vî-.
mes des canards d’une grofleur extraordinaire
bruns 8t blancs -, St puis .
nous-traverfâmes la riviere de Waf-
Jîelè à gauche. C ’eft unë petite ri-
: viere proche de laquelle nous yî-
mesi au-milieu du Wolga^ -une petite
ifle longue 8c étroite remplie d’arbres,
toute inondée, qui nous parut
fort extraordinaire. En fuite nous
rencontrâmes encore une barque venant
d’Afracan, St le patron
nous dit , qu’elle étoit fuiviede 14.
autres, qui alloient à la foire de Ma-
karia, dont on a parlé. Il en pafla
une partie à-côté de nous-pendant la
nuit. Le treizième nous vîmes, à
gauche là ville de Kaskur, qui eft
à 120I werjies de Samara. Elle eft
petite, St ceinte d’une muraille de
bois flanquée de tours,, 8c a quelques
églifes de même. Son faux-
bourg ou fon village eft à côté d’elle
, commeil paroît au num. 28. Il
y a une autre ville à une lieue de-
Sieferon. là, nommée Sieferon , qui eft affez
grande 8c a plufieurs églifes de pierre.
Les montagnes, dë cequartiër-
là ibnt arides St fans arbres ; mais
elles font bien plus belles un peu
plus avant. Les Tart or es Calmucks
font dés courfes de ce côté-là vers
Cafan, 8c fe faififlent de tout ce
qu’ils trouvent, hommes, bétail 8cc.
La riviere ferpente beaucoup Un peu
Kaskur.
Tartar es
Calîhuefcsi
haitoientardemment delà pluie, y
trouvant à peine de quoi paître leur
bétail. N dus ’paifâmes enfuite à Se-
Id sa pied des montagnes, à 60. werf-
tes de Kaskur. Nous y rencontrâmes
trois grands Stroeks, dont il y
en avoit un - à fa Majefté Czarienne.
Ils étoient remplis de femmes
Cofaques, qu’on tranfportoit à Cafan
, dont les. maris âvoient été pendus
l’année précédente p'our leurs
voleries. On aura lieu d’en parler
dans la fuite. Delà nous paflames
devant la riviere de Wajfele, vis-à-vis
de laquelle on voit lé Nove Dere-
vène, ou le nouveau village, quiap-
partient au Comte de Golowin,
N°us reliâmes quelque tems à l’ancre
pendant la nuit, -pour faire re-
pofer nos gens , qui étoient fatiguez
, : après avoir avancé encore
60. werjies. ' Le quatorzième nous
fîmes bien du chemin' aiant le vent
en poupe. Il pafla à côté de nous
Une barque chargée dépôts, qu’on
àlloit vendre à AJlracan. Sur les onze
heures nous palfâmes à Woskrt-
Jinka, qui eft à 65, milles de Saga-
tof, où les montagnes' étoient fort
efearpées , couvertes de fable gris
Sc remplies de pierres. Nous y trouvâmes
des pêcheurs^, qui donnèrent
beaucoup de bon poiflonànos
gens pour un peu d’eau de vie, qu’il
n’eft pas permis d’y vendre. Il
y a beaucoup dë chênes en ce quar-,
tier-là. Nous fûmes furpris peu
après d’une violente tempête , accompagnée
de tonnerre 8c de pluie,
qui- enfla les vagues comme une
mer, 8c nous obligea de mouiller à
la gauche de la riviere. Notre barque
y donna fi rudement contre
quelques troncs d’arbres, que nous
fûmes expofez à un péril évident,
8c penfâmes perdre nos chaloiipes,
' L 3 ces