1702. tirai en les remercianttrès-humble-
Dec. ment. L e vingt-cinquième les Ruf-
fans célébrèrent la fête de Noël à
. leur maniéré ; & le Czar commença
à rendre les vifites ordinaires à
les amis, comme l’année précédente.
qui le précipitèrent du haut dé la 1703.
tour. Ce fils n’étoit qu’un enfant 6. J»nv.
lorfque cela arriva : ces furieux ne
lailTérent pas de le pendre par les
pieds, & ne le détachèrent qu’au
bout de deux fois 24. heures. Cela
lui gâta les pieds & même lui en fit
Le tems fut pluvieux jufques à perdre prefque entièrement l’ufage;
la fin de l’année, & cela rendit les II ne lailfe pourtantpas de's’en ferchemins
fi mauvais, que les marchands
8c autres voyageurs venant
& Ar changé, & d’autres lieux réitèrent
5 ou 6 ,jours plus long tems en
vir un peu, avec des fouliers commodes
, & une bequille fous les
bras.
Vers le foir on vit paraître celui A rriv és
chemin qu’à l’ordinaire. 11 y avoit j qui repréfente le Patriarche , coubourg.
long tems qu’on n’avoit vû un hy-
ver comme celui-là. Mais le tems
changea tout à coup, à l ’entrée de
Janvier, avec la nouvelle année:
Il s’éclaircit & i l commença à geler
j _ avec violence. Le premier jour de
1. Janv. l’an 1703. fut employé à faire les
préparatifs necelfaires pour un feu
,, _ d’artifice , fur la prife de Notte-
tificefur bourg. Il fe fit fur le bord de la ri-
la prife de v{ere ¿ e Moska derrière le château,
° e~ dans un lieu nommé là prairie Roia-
le , dont on porte le foin dans les
Eglifes un certain jour de l’année,
par une ancienne coutume. Celui-
ci ne différa du précèdent qu’à l’égard
des figures 8c des devifes.
L e Czar Le lendemain le Czar fe rendit
vifiteMr. chez Mr. Brants, accompagné de
Brams' 200. perfonnes, qui furent regalées,
avecfaMajefté, dans une fale baffe,
aufon des trompettes & des timbales.
Epée ex- On y fit voir entr’autres chofes une
S£e. ~ épée d’une grandeur prodigieufe, laquelle
avoit 5. pieds 8c demi de long,
& 3. pouces & demi de large dans le
fourreau, bien proportionnée, & qui
pefoit plus de 30. Hvres. Celui à qui
elle appartenoit l’aiant tirée
vert d’ûn manteau pontifical, chan- prefente-
tant an fon d’une cloche. C ’eft un I(^ atrillii
fignal pour fe feparer : Le Czar fe
retira aulfi-tôt avec toute fa fuite,
pour achever les vifites , qu’il avoit
encore à faire. Lejixièmedn mois, Fête des
on célébra la fête des Rois , com- Rois-
me l’année précédente , hors qu’il
ne s’y trouva pas un fi grand nombre
d’Ecclefiaftiques. On n’y porta
pas non plus , un fi. grand nombre
des bonnets, dont on a parlé: De-
forte qu’il y a lieu de croire qu’on
apportera encore. plus de changement
à l’égard de cesfolemnitez-là
avec le tems. Le vingtième le Czar '
envoya ordre aux principaux fei-
gneurs RuJJiens, aux dames & à plu-
fieurs autres, au nombre de 300. de
I fe rendre à Ifmeelhof à neuf heures
du matin. On avoit fait lignifier
la même chofe aux miniftres , aux
marchands étrangers , & à leurs
femmes ; auili s’y trouva-t-il près
de 500. perfonnes , & on avoit recommandé
très expreffémènt à un
chacun , d’apporter un préfent à la
Czarienne ; en la venant féliciter.
Ces préfens confiftent ordinaire- préfens à
prière, on trouva qu’elle étoit fer- ment en galanteries & en ouvrages1» c“ -
curieux , d’or ou d'argent , en de nenne‘
jolies médaillés 8c chofes pareilles,
félon l’inclination d’un chacun. A-
vant de les préferiter, on les fit en-
regîtrer avec le nom du donateur,
8c puis on les remit entre les mains
d’une des jeunes Princeffes, qui les
donna enfuite à baifer. La plupart
des feigneurs & des dames du
pais fe retirèrent d’abord, 8c onre-.
tint les autres à dîner. Après le repas
on danfa, & on fe divertit juf-
. qües à minuit. Il
pentée des deux côtés. La lame en
étoit cependant affez legere, & de
fervice,à proportion de la groffeur
de la garde. Lors qu’elle étoit dans
le fourreau la pointe à terre,un homme
affez fort avoit de la peine à
la lever d’une main. Nouslefimes,
trois, l ’un après l’autre, fans flatter
Traite- cehfi à qui elle appartenoit. C ’étoit
men t bar-au fils du dernier Gouverneur d’Af-
dflivran- tracan > nommé Petrofske , mis à
« m e r - mort par les Strelitfes ou foldats,
Tcilleafe.
*7° 3- Il arriva cette même nuit un acj
ü lBH cident fâcheux aux nôces du capi-
àccidcnt. taine St'aets. Deux chirurgiens y
danfoient avec leurs femmes , lors
que deux officiers , qui venoient
d’entrer ÿi' les leur voulurent ôter
pour danfer avec ©les;. Cela eau-
la des paroles , enfuite defquelles
un de ces officiers, qui étoit au fer-
vice du Czar , 8c qui fe nommoit
Bodon , donna unièëup d’épée au
travers du corps d’un de ces chirurgiens,
nommé Gurée, François
de nation, qui n’avoit rien pourfe
défendre, 8c tomba roide mort.
L ’autre, nommé Hovy , fut bleffé
en même tems par le fécond officier
, qui étoit un capitaine nommé
Saks. Celui-ci fe fentant bleffé
mit- le »doigt fut fa playe &_.fe
fauva, mais le capitaine l’aiant pour-
fuivi , il fut obligé de rentrer , &
tomba évanoui à côté de fon compagnon.
Cependant un de fes amis
aiant fucc-é le fang de fa bleffuré ' il
revint à foi. ' ' Gêsofficiers-là lés a-
voient déjà attaquez une fois ; mais
un des chirurgiens s’étant faifi d’une
épée, 8c Fautre d’une chaife les
avoicns- fait fortir de la: chambre!
Irritez de cela - ils revinrent à là-
charge 8c commirent,' \ en pleine
compagnie, l’aéfcion, qti’on vient de
rapporter. Il n’eft pas difficile de
fe repréfenter le defordre & lac'onf-
ternation que cela caùfa-f dont
ceux-ci fe prévalant fe fauvérent, &
furent pris deux jours après1; Leur
Les aflkf- colonel, qui avoit été préfent à ce
fins font qu-i 's’étoit paffé, perfuadaàfon va-
prls' lët, à forée de bonnes paroles', de
fe charger de ce crime, & de dire
que c’étoit lu i , qui avoit fait lë
. coup, lui promettant fon pardon &
un drapeau. Cet innocent fel'aiffa
perfuader & avoua lë fait. Cependant
, auffi-tôt qu’on l’eut- appliqué
à laqueftion, ildefavoüatout,
8c nomma l ’aflaffin ; mais il étoit
trop tard, comme on le dira en fon
lieii; -’L
Prépara» Le Czar' prit en ce tems-là , là
kTO™e refolution de fe rendre à. Feronis,
de Vero- accompagné de quelques feigneurs
Ruflens j '&>de quelques AUmondst
qui eurent' ordre de fe préparer pour
ce voyage. Je reçus le même or» l7 ôi
dre le ' vingt-cinquième par le iieuriîiJw
Kmfius, qui me dit que faMajefté
fouhaitoit que je viffe cette place,
les vaïffeaux qui y étoient:; & cé
qu’il y avoit de plus remarquable! J e
promis d’obeïr, & fis préparer tout
ce qu’il me falloit pour ce voyage;
Cependant; il eft tems de parler
du mariage du Boyar , fwari
Feudorowitz Golowin, ou dejeati
Théodore fils du Comte de Gollo-
win , premier miniftre d’Ktat, a-
vec la dame Boreefmiiitz Gzereme-
tof, fille de Boris Théodore, Véltj
maréchal de G&eremetof ; qui a été
employé par fa Majefté Czarienne
en plufieurs ambaffades, 8c
particulièrement à laCoiïrde Tienne
f -où il a aquis fine ’grande réputation
,: 8c a reçû l’ordre de
Malté.
Comme ce mariage à quelquetNScel
chofe de fingulier,& qu’il s’eft fait
• entre deux perfonnès des plus con- nalIC ”
fideràblés de l ’Etat, j ’en vai donner
une relation particulière.- Il fe fit
1 e. vingt-huitième de ce mois, ati Palais'
du Boyar Feudor Alexewitz
Goiowin, préparé pour cette cérémonie:
C ’efl: un bâtiment de bois;
bien ordonné , félon les- régies de
1 art y Sc rempli de beaux apparté-
| mens haut & bas ^ iitue fur une é-
minenee,- un peu au delà de la S'ia-
bode des Allemands, de Fautre côté
de la rivière de Toufei On y avoït' .
place, en bon ordre, plufieurs tables
dans un grand falon, avec’ la
mufiqué. Il y avoit. dans un autre;
appartement, une table pour la feetrr
du Czar, l’Imperatrice & les trois
jeunes Princeffes ; . pour plufieurs
daines de la Cour , & pour des
feigneurs & des dames du pais, qui
étoient-à part; Il s’ÿ rendit auffi un
grand nombre de fpectateurs. Sur
les onze-heures,lë niarié parutfeul
dans la fale de l’audiéncè; à la main
gauche, où il reçut les félicitations'
des feigneurs;, auxquels il fit donner
des liqueurs distillées. Sur'le
midi ori vint l’avertir qu’il étoit
tems de fe rendre au lieu où il de-*-
voit être marié, & où il fut conduit
au fon des trompettes & des'-
timj