P R E F A C E
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L A U T E U R.
N ne prétend pas prévenir le Public, & l’engager à approuver cet-
» te Relation par une Préfacé étudiée. On fe contentera de H J9
* vÎÈWM I rer <l u ^ n’Y trouvera rien, qu’on n’ait vû de fes propres yeux, Sc
k qu’on n’ait examiné avec la dernieie exactitude, fans s’arrêter à
celles qui ont été publiées par d’autres Voyageurs', fur le mêmê
fujet, il ce n’eft pour en faire connoitre les défauts par des Remarques qu’on
trouvera à la fin de ce Voyage, par rapport aux fameufes ruines de l’ancien
Palais de Perfepolis: Sc cela fans prétendre déroger en aucune manière au mérité
perfonnel, ni aux lumières de ces illuftres Voyageurs, à tous autres é-
gards. Au refte, on trouvera qu’ils ont omis plufieurs chofes remarquables,
& qu’ils en ont mal reprefenté d’autres,foit par négligence ; foit faute dé bien
entendre le deifein; ou enfin, qu’ils n’aient pas affez refté fur les lieux pour
examiner à fonds ces fuperbes Antiquitez.
Quant à la Ruße, nonobftant que le Baron d'Berberfiéin, Oleariiis, Sc le
Comte de Carliße, Ambaiîadeur à.’Angleterre à la Cour de Mofcpvie, Alltfon ,
& plufieurs autres, en aient donné des Relations aifez intereffantes, ils n’ont
pû cependant, fatisfaire la curiofîté des perfonnes éclairées, aiant été privez
de la liberté Sc de l’avantage d’y faire la moindre ébauche des Places,
& des belles Antiquitez,qui s’y trouvent. Je fuis le premier Etranger auquel
fa Majefté Czarienne ait permis de le faire, & je me flatte qu’on trouvera, que
je n’ai épargné ni foins ni peine pour faire un bon ufage de cette grâce. Cela
paroitra évidemment par les plans que j’ai faits des principales villes de cet
Empire, de fes bâdmens Sc des plus beaux paifages de fes Provinces : à quoi
j ’ai ajouté les habillemens, les moeurs & les coutumes des peuples qui vivent
foüs le gouvernement de ce puiffant Monarque: les grands changemens, que
ce Prince a faits, & plufieurs autres particularitez, qui n’étoient jamais parvenues
à la connoiffance de ceux qui ont écrit avant moi.
Il en eft, à peu près, de même de la Perfe, Sc des fuperbes ruïttes-de l’ancien
Palais de Perfepolis, dont plufieurs Voyageurs ont donné des Relations
& des defcriptions au Public, fans avoir examiné les chofes avec l’attention
requifejaufît tiennent-elles bien plus du Roman que delà vérité , & d’une con-
noiffance parfaite de ces belles antiquitez, qu’on ne peut aquerir fans peine & fans
une application toute particulière,au défaut de laquelle on ne fauroit manquer
de< tomber dans l’erreur & d’y jetter les autres. Pietro délia Falle, Sc Don Gardas
de S'ilva de Figueroa, Ambafiadeur à'Efpagne à la Cour d’Abas I. Roi de Perfe,
ont été les premiers, qui aient parlé avec quelque folidité de ces fameufes
ruïneç. Cependant il paroit évidemment par la relation du Voyage du premier
& par celle de l’Ambaffade de l’autre, qu’ils n’ont pas fait aifez de fejour à Cheù
minar,pour en examiner à fonds,& bien tracer toutes lesantiquitez,&cequi
s’y trouve de plus curieux. Cela étant, on ne doit pas s’étonner qu’ils en aient
parlé très-fuperficiellement, & même quelquefois à la volée. Il paroit néanmoins,
par les remarques du favant Ifaac Vojfius, fur Pomponius Mêla, qu’il a-
voit deffein de fe fervir de la Relation de Don Gardas de Silva,&des Ecrits des
Anciens,pour juger du rapport qui fe trouve entre la defcription qu’ils font de
l ’ancien Palais de Perfepolis, & les ruines de Chelminar, fi là mort ne l’eût prévenu.
Au refte, on ne s’arrêtera pas i c i , à éplucher les fautes que ces Auteurs
ont commifes, de crainte qu’on ne nous accufe de vouloir nous élever
fur leur ruine , & de tâcher de donner du relief à notre Relation, en décriant
celles des autres. Les perfonnes éclairées en pourrontjùger en les Comparant
enfemble,8t par cette raifon, on ajoutera Amplement, qu’outre qu’ils n’ont
pas