■t-695
i . Jahv.
Defcrip-
tion du
Pojas.
. qu’à ce qu’un autre vent de mer les
reduile à la neceflité de relâcher
dans quelqu’autre golfe, pour dérober
leur barque à la violence des
glaces.
Il dit aulîî, qu’il y a environ 50.
ans, que les Rujfiens, qui habitent
en Syberie, obtinrent la permiflïon
de fe pourvoir, dans les places limées
lur la côte , des proviflons
dont ils avoient befoin, favoir de
bled,de farine &c. & de tranfpor-
, ter en échange, les produftionsde
la Syberie, par le détroit de Weygats,
en toute liberté, dans les mêmes
lieux, en payant les droits impo-
fez par fa Majefté Czarienne. Mais
que ceux-ci aiant abufé de ce privilège
, en tranfportant plufieurs
marchandifes, par d’autres rivieres
en Rujfie, au grand préjudice des
droits de fadite Majefté, elle défendit
d’en tranfporter à l’avenir par
ce détroit, 8c ordonna de les faire
palier par Berefova, le Kamenskoi,
ou les rochers de Pojas. C ’eft cependant
une chofe fort pénible 8c
très-incommode, parce qu’ils font
obligés,en partant de Berefova,de
couper en deux leurs petites barques,
faites d’un tronc d’arbre creu-
fé,8c de les traîner ainli par deffus
les montagnes pendant quelques
jours, & lors qu’ils font parvenus,
à la partie la plusfeptentrionaledu
pais, ils les rejoignent & continuent
leur voyage jufqu’à Àrchangèl, ou
en d’autres lieux de la Rujfie, iitués
fur VOby.
Moniteur l’Envoyé fe rendit aulïï
au Pojas , qui eft un rocher , ou
plutôt une chaîne de montagnes
pierreufes , laquelle commencé à xgne
Petzerkai, & s’étend fans aucune 1. Jum
feparation, au travers du païs de
W ’■rgatur, y compris celui de IV0-
lok; & de là au fud à.côtéduchâ-
teau d Utka, jufqu’au païs des Tar-
tares d’Ujfi , d’où en fort la riviere
de ce. nom, & à l’eft celles de Mitra
8c de Tarn; la derniere defquel-
les tombe dans la Kama au nord-*
oueft. Ces montagnes s’étendent de
là au fud vers les frontières des Kal-
mulques ; & la grande riviere de
'jdikti, qui abonde en poilfon, en
fort a 1 oueft & vafe dechargerdans
la mer Cajpienne-. Le Tobol en fort
aufll au nord. Elles continuent en-
fuite à l’eft, le long du pas des KaU
muques 8c des frontières de la Sybe-
rit j- à côté des deux lacs de Saifan
8c de Kalkulan , du premier def-
quels fort VOby, & VIrtisde fécond.'
De ce grand lac de Kalkulan, le
Poja s’étend encore au fud, d’où en
fort la riviere de JeniJia, laquelle
a fon embouchure dans la mer glaciale
de Tartarie.
Ces montagnes fe courbent & fe
divifent enfuite au nord-eft, & au
fnd-j au nord le long de la riviere
de JeniJia, 8c au fud à côté du lac ■
de Kofogol, d’où fort la SiUngyi, qui
fe décharge dans celui de Baikal.
De là ce Pojas s’étend encore juf-
ques au delert fablonneux du païs
des Mongoles, où aiant pénétré bien
avant, il fe divife 8c avance au fud
jufques à la grande muraille de la safia:
Chine, & enfûite à l’eft jufques. à
la mer, comme on le voit dans la
carte du voyage de ce Miniftrëv
C h a p i t r é XXIX.
Tartares d’Uttî ér de Baskir* Autres Hordes* Les villes de Tora
& de Tomskoi, le païs iï alentour érc. Tunguiès & Burattes
&c. Defcription de la Daürie, des Koreifi, ér d’autres nations,
du cap glacé; de la ville de Jakutskoi &c.
T Eshabitans de ce païs-là, quijgatur, le long de la riviere deZu-
'* a s etendent depuis Behn $c iVr - fa-ejayii, jufques au pais d f ///;, ionC
pref-
1695
1 . J'ànv.
L a ïivic'
‘ rcd e ’
Kungur.
Tartares
de Baf-
kin.
Autres
Tartares.
Leur habiÜe
Tuent.
prefque tous Payens, La riviere de I
Kungur , aux environs de laquelle
habitent les Tartares d’Ujfi, a fa
fource au païs d'Ujfi, entre la Zu-
fawaya 8c VUjfa, & vafejetter dans
la Kama, fur laquelle on trouve là
ville de Kungur , où fa Majefté
Czarienneaune garnifon. Ces Tartares
d’Üjfi 8c ceux de Baskin habitent
aux environs de la ville d’Of-
fa , répandus dans des bourgs 6c des
villages , bâtis à la Rujfienne à
l ’oüeft , jufques à la Kama , 8c le
long du ¡Volga, 6c s’étendent à peu
près jufqueà aux villes de Saratof 8c
de Sarapul, fituées fur la derniere
de ces rivieres , où le Czar entretient
aulli des garnifons , pour tenir
en, bride les, Tartares, ' 8c recevoir
feÿsgroits,, qui fe payent en
pelleteries 8c en mieL . Cependant
les Gouverneurs de ces places font
obligez de traiter ces gens-là avec
douceur, pour les empêcher de fe
révolter , 8c de fe fouftraire à l!o-
beïffance qu’ils doivent à ,ce Prim
mmm
Il fe ,trouve encore quelques Hordes
des mêmes Tartares au fud-oüeft,
8c dans le Royaume à’AJîracan, qui
font libres, 8c fe joignent aux Kal-
muques des environs pour faire, des
courfes dans la Syberie. ■ Ils ne laif-
fent pas de travailler au labourage,
8c de femer de l’orge , deftavoine
6c d’autres grains, qu’ils emportent
chez eux , après les avoir fauchez
8c battus à la campagne. On trouve
auiîi parmi eux le meilleur miel
du monde , 8c en grande abondance.
Ils s’habillent ordinairement
d’un drap de Rujfie gris blanc,* à la
maniéré des paifans de Mofcovie.
Leurs femmes vont la plupart en
chemife depuis la ceinture en haut,
à moins qu’il ne faffe grand froid,
8c leurs chemifes font rayées 6c piquées
de foye de toutes fortes de
couleurs. Au refte , elles portent
des jupes à l ’Allemande, 8c des mules
qui ne leur couvrent que la pointe
du pied, attachées autour de la
cheville du pied. Leur coeffure ne
confifte qu’en un ruban, quiaqua-,
tre doigts de large, attaché par derrière
, 8c piqué comme la chemife,
de foye de différentes couleurs, or- i6gf,
né de coral de verre coloré 8c enfi- t . janvl
lé, qui leur pend autour des yelix.
11 y en a qui les portent plus élevez
fur le front. Lors qu’elles forcent
elles, couvrent cette coeffure d’uil
mouchoir de toile quarré, piqué de
foye 8c entouré de frange.
Ces Tartares d’Ujfi 6c de Baskin Us font
font braves 8c bons cavaliers, 8c n’ont I?onsfoi< . . . . aats. pour toutes armes qu un arc 8c des
fléchés, dont ils fe fervent très-adroitement.
Ils font robuftes, de
grande taille, 8c ont les épaules larges,
avec de grandes barbes, qu’ils
laiffent croître. Leurs fourcils font
fi épais qu’ils leurs .opuivrent les
yeux, 8c prefque tout le front. Ils
ont un' langage particulier, 8c entendent
celui des Tartares d’AJtra-
can. Quant à leur croyance ils font
prefque tous Payens, cependant il
s’en trouve qui font Mahometans ,Lenr
religion qu’ils ont appris des farta- cro7an-
res de la Crimee, avec lefquels ils vi- ce'
vent en bonne intelligence. LesKal- L a c rem.
niuqueshabitent entre les fources du plid'fohr
Tobol 8c de VOby, jufques au lac de
Jamuforwa, qui eft rempli d’un fel
folide. Il s’y rend tous les ans delà
villedeTobol zo .à z f. Docheniques,
ou barques Rujfiennes, en remontant
l’Irtis , avec une efcorte de 2500;
hommes : 8c comme ce lac eft à quelque
diftance de cette riviere, ils font
le refte du chemin par terre , coupent
ce fel comme de la glace fur les
bords de ce lac, 8c puis letranfpor-
tentàbordde leurs vaiffeaux, non-
obftant toute l’oppofition des KaU
muques , avec lefquels ils ont fou-
vent de rudes efcarmouches pour
cela.' -
En redefcendant VIrtis au def- D c f tn p .
fous de ce lac, on trouve, fur la ^ r a '*
petite riviere de Tor , la ville de du, pats
Tord , derniere place frontière du
C za r , du côté des Etats d’un Prince
Kalmuque nommé Buftuchan..
Les habitans de ce païs-là fe nomment
Barabmfy, 8c s’étendent, depuis
la ville de Tor a, à l ’eft, juf-
quess à VOby,vis-à-vis de la riviere
de Tom, 8c de la, ville de Tomskoi.
On traverfe ce païs de Bàrnabu
en hyver 8c en été, 8c fur tout en