j - 0(5 lois Mr. le Direâeur s’y rendit a-
31. juiU.vec quelques Confeillers. On m’envoya
une chaloupe fur le midi, pour
m’avertir qu’il étoit tems de dîner.
J ’avois juftement fini mon ouvrage,
qu’on trouvera au nura. 221. La ga-
liote fur laquelle nous étions venus,
paroit à la pointe de l'Ile, 8c l’on
voit trois grues fur le rivage., avec
plufieurs petites barques.
A mon retour on me montra des
poiffons d’une grande beauté; &
comme on n’avoit pas encore couvert
la table je courus immédiatement fur
le rivage pour y defliner auffi l’Ile de
Kuiper, qui paroit au num. 222.fa-
chant bien qu’on ne m’en donnerait
pas le tems après le repas , parce
que c’étoit le jour delà naiifance de
la femme de Mr:,:1e Directeur, 8c
Grand qu’on vouloit fe divertir. Nousfû-
regal. mes magnifiquement regalez de
chair 8c de poifion fous une grande
baraque, & le vin n’y fut pas épargné.
Mr. le General de Wilde s’y
trouva auiîi avec cinq Confeillers
des Indes. Vers le milieu du repas 1706.
on vit paraître quelques Hollandais, 3 t . Juilt,
dont il y en avoit deux habillez en
femmes, qui firent plufieurs finge-
ries aflez divertiffantes. Nous nous
en retournâmes fur le foir, 8c continuâmes
à nous divertir, en beu-
vant à- la fanté du Gouverneur & de
tous nos amis, au bruit du canon
des vaiffeaux, 8c au fon des trompettes
8c des hautbois; 8c arrivâmes
fur les 7. heures à Batavia,
où nous allâmes féliciter Madame
de Riebeek, fur le jour de fa naif-
fance.
Comme celui de mon départ ap-
prochoit, j ’allai prendre congé, le
lendemain, de Meilleurs les Confeillers
des Indes , 8c les remercier de
toutes leurs bontez. Mr. le General
de Wilde me retint à dîner, avec
fon honnêteté ordinaire; dont je ne
perdrai jamais le fouvenir : auiE
n’ai-je jamais rencontré un plus°-a-
lant homme.
C h a p i t r e LX XIV .
Tombeaux des Chinois. Leurs enterremens. Feftin donné par
le Gouverneur général Ses honnêtetez "a l'égard de l'Auteur..
J"’Allai vifiter les tombeaux des
Chinois , deux jours avant mon
départ, avec l’écuyer de Mr. le Gouverneur,
8c en fis le deffein, qU’on
Tom- trouvera au num. 225. Ces tombeaux
Chtao?s!S font tous faits de la même maniéré,
les uns un peu plus grands 8c plus
Leurs ornez que les autres. La raifon
ü , qu’ils en donnent eft, que tous les liiClld a * - - a
cet égard, hommes lont renfermez de la même
maniéré dans le ventre de leurs
meres, 8c qu’on ne doit mettre aucune
difference entr’eux après leur
mort. Ils font creufer une foffe, à
proportion de l’étendue du cercueil
du trepaffé, qui eft plus long, mais
pas plus profond que les nôtres,
fort épais 8c vernis : on le couvre
en ce moment de papier , 8c on le
ferre de cordes, puis on jettequel-
I qu’argenc dans la foffe, plus ou
moins félon le rang 8c les moyens
qu’on a, 8c on le pofe deffus. En-
fuite on fait le ciment qui doit fervir
à la maçonnerie, lequel eft com-
pofé de blancs d’oeufs 8c d’autres in-
grediens, 8c qui devient fi dur 8c fe
lie fi bien , qu’il eft impolfible de
le rompre ou de l’enlever. Le haut
du tombeau eft élevé de quelques
pieds au-deffus de la terre, 6c en
rond, entouré d’ornemens en guife
de degrés. On met outre cela, fur
le devant plufieurs bancs 8c quelques
bafes quarrees, fur lefquellës on
pofe des têtes de bêtes, favoir de
lions, de tigres 8cc. peintes de vert,
| mêlé d’un peu de rouge par-ci par-
j la , ce qui ne fert que d’ornement.
] Ils élevent de plus au milieu du degré