i/o?- Mèdie ou du- Schirwan. XiAraxe
.30.Août- eût marqué A. I.e Kur B. 6c la
jonition des deux ■rivières G.
.. Nous.'fîmes tranfporter nos baU
-lots de l’autre côté fur pluiieurs
barques,-au; village loù nous nous
étions arrêtés , 8c nos -chevaux 6c
les chameaux à la nage, à quoi on
employa deux jours entiers. Gomme'
les eaux étoient fort baffes en
ce tems-làl, on voibit le fond de
la riviere eh pluiieurs endroits, 8c
un 'grand banc de fable au milieu j
à côté duquel elle étoit cependant
très-profonde, 8c c’étoitiJFendroit
par où il falloit’que les chameaux
pâffaffent. Lors que les eaux font
baffes, on y fait ordinairement un
pont de battèaux, attachez enfem-
ble par une grande chaîne de fer j
8c on le détache lors que la riviere
s’enfle 8c. s’élargit; mais il n’étoit
pas encore prêt. On trouve de l’autre
côté deux ou trois petites maifons,
faites de roféâüx, où l’on’ dévide
Manicre de la foye. J ’eûs la curioiité d’y en-
H P B trer, 8c trouvai qu’on n’y employé
fo y e . qu’une feule perfonne. Il y avoit à
droite en entrant un fourneau,
qu’on ëchaufe par dehors, 8c dans
lequel étoït un grànd- chauderon
d’eau prefqué bouillante, dans laquelle
étoient les coucons des vers.
Celui qui en dévidoit la foye étôit
aflïs fur le fourneau!,.: à côté du
chauderon, 8c remuoit fôüvent les
coucons avec un petit bâton. Je
trouvai auflï , au milieu de cette
maifonnete, une grande roue, qui
avoit 8. à 9. paumes dé diametre,
8c qui étoit fixée entre deux piliers.
I l la faifoit tourner du pied, aflïs
fur le fourneau, comme on tourne
un-rouet parmi nous> 8c on avoit
placé deux petits bâtons fur le devant
du fourneau, fur lefquels il y
avoit un rofeau , autour duquel
tournoient deux petites poulies qüi
conduifoient la foye des coucons
vers cette roue. On m’a affuré que
cette maniéré de dévider la foye eft
én ufagé par toute la Perfe. Ilfaut
avouer que cela fe fait avec une facilité
8c une promtitüdefurprenan-
té. Les çoücons n’étoient cependant
pas fort -gros.
. La plupart des arhre’s que je vis ly ô î.
en cet endroit , étoient jeunes,
avoient la tige courte, pour a v o ir^ rr” s '
toujours des. feuilles- à de jeunes versi
branches-, les;vers ne mangeant pas1“5’' ■
les. feuilles * des vieux arbres. Ces
jardins font'entourez de faules 8c jardins.-
d’aunes ;i8ç font feparez les uns des
autres par de grands rofeaux, de
même que les maifons,dont il s’en
trouve qui font ceintes de terre. Il
ÿ en avoir une rangée de cette maniere
le long de la riviere; On trouvera
la repreféntation de cette riviere18c
du tranfpoït des marehan-
difes, au num. 46. Les provifions Deifeîn
y étoient à grand marché, imepoq-'y'J“ 1*'
le ne coûtant que’ deu-x-fols ,'-un yivrK a
melon'üri fol,8c tout le refte àpro- Son n-.»r-
portion. ;s r ,; 1. -
Le deuxième1 Septembre’ il y arriva
une caravane àArdevilj laquelle
avoit -.été' xo.t jours en chemin,
8c la veille unefemblable de TebrieSf
venire, en 15¡ jours. Les 2. Marchands
Arméniens dont j ’ai: parlé,
8c un Allemand que j ’avois., nous y
joignirent. * Ce dernier, ’qui étoit
indifpofé , étoit tombé- de cheval
pendant la nuit, 8c étoit refté évanoui
dans la- plaine-pendant quelques
heures. J’envoiai des gens a-
près lui, qui' revinrentfans le trouver,
de forte que je fus obligé d’y
renvoyer une feconde fois lors qu’il
fut jour; ceux-ci eûrent le bonheur
de le trouver & le raménerent: Comme
le ’ cheval fur lequel : étoit ; ce
qu’il avoit s’étoit arrêté à c'ôté de
lui, i l eut aulii le bonheur de ne
rien-perdre; mais- fa chute l’avoit -
tellement affaibli'qu’il eut bien de
la peiné à fuivre la caravane.
Ce quaitier-là, qui eft bas, eft
rempli d’une herbe qui a un pied ou
deux de haut, que lés Arméniens
nomment Pôes, 8c les Turcs Odfjiaén,- des ch*,
laquelle eft admirable pour les cha- mcau%
meaüx, qui n’ont pas befôin d’autre
chofe lors qu’ils en rencontrent.
Les vaches s’en repaiflent' aulii,
mais les chevaux n’en veulent pas
manger. L e troijieme le refte de
nos' Marehandifes pafla là- riviere
avec lès bêtes de fomrùe 8c nous perdîmes
deux chameaüx eft ce paffage.
ï j 03.
j . Sep.t.
ge. Les; chevaux pafférent à la nage
„.ceux qui étoient dans les barques
les tçnant attachez à des cordes.
Nous la traverfâmes auiïï a-
grès midi, 8c étant arrivés dans. le
pais de Mogan, j ’y deffinai une fécondé
fois le cours de la riviere 8c
le pais de Schirwan, qu’on trouvera
au num. 47. Le village, dont on
vient de parler , eft tellement couvert
d’arbres, qu’on a peine à en
diftinguer les maifons. Les. deux
autres cqnduâeurs de la caravane
nous joignirent le lendemain. J ’allai
cependant rpconnoitre les deux
rivieres de ce côté-ci, 8c fus. plus
d’une heure avant de pouvoir approcher
de l’Aras, tant le rivage
de là; qù.noqs trouvâmes un petit. x y 33,
lac , qui entoure, en partie, une j.âcpù
petite eoline,8c s’étend plus avant
dans le pais. Cet endroit fe nomme
y eft rempli de ronces, de rofeaux
8c d’autres plantes élevées ; outre
que n’étant accompagné que de mon
valet je n’eus pas lé bonheur de trouver
tin chemin battu, ni perfonne
qui pût nous l’enfeigner. No,us ne
laiffâtnes pas de parvenir.à la fin,
proche de la riviere, 8c de quelques
mazures, où nous ne trouvâmes.
perfonne, Il s’y trouva au contraire
un foffé profond, qui nous
obligea à chercher un autre paillage
pour approcher davantage delà
rivjere; dont nous ne pûmes pourtant
venir à bp,iit,à caufe de la hauteur
eféarpée du rivage. Cependant
Gomme on voipit de là diftinâe-
ment les ¿eux rivieres , j ’obfervai
que Y Aras venoit, un peu plus haut
du fud-oueft , 8c qu’il étoit bien 1
- plus étroit en cet endroit que le
Am'jn’aiant tout au plus,à ce quel
je pûs juger, que 40. à 45. pas de
large ; «tu lieu qu’elles en ont plus
de ioq. .énfembie, - proche du village
de SgaWad ; qui eft à la hauteur
fie 39. degrés, 54. minutes delati-
tude fept.entripnale. Je croyois y
trouver beaucoup de gibier, mais
je n’y en ,yis point du tout ; au refte
il y croît beaucoup de regliffe. Je
rejoignis la car avant au foleil couchant
, 8c nous pourfinvîmes notre
chemin à la pointe du jour, les chameaux
aiant pris les de vans. Nous
avançâmes au fud-oueft , laiffant
Y Aras à notre droite, 8c nous arrêtâmes
dans une plaine à trois lieues
CelJ'an, 8ç n’eft qu’à une demi
lieue dé celui, où Y A?as fe détourné
à droite. On trouvé dans ce lac,
lors que l’eau, qui vient de XArasi
eft haute , une quantité prodigieu-
fe de poilfon & de tprtuës,, dont Grandes
' a . 1 • # tortues# nous en prîmes, qmavoientunpied1
de; diametre, 8c quelques-unesTur la
terre.- Nous pourfuivîmes. notre
route aprèsl le coucher du Soleil,
aiant dans notre caravane 600. chameaux
8ç ‘39,p., chevaux. Nqus tra-
verfâmes pendant la nuit,-.un. pais
fort uni, rempli de Jafsiari, herbe
amere 8c fort élevée, fi venimeufe,
que lors que le ,bfêtail y metlabou-mm
ehé il en meurt immédiatement;
mais on a grand foin de l’empêcher
d’y toucher.. Ce qu-4 y a de plus
f|çheux eft qu’on n’y trquye aucune
e^ü pendaqt 12. heures de chemin;
Nous emplqyâmes. tpute I4 •
nuit à traverfer ce terrain, & nous
arrêtâmes à la pointe du jour à côté
d’un ruiffeau, qniiorçàèV Aras, Nouvel
à l’oueft, 8c fe perd dans les terres huflrait
un peu au-delà. I l n’y avpit. que
trois ans , que le Chan ou Gouverneur
de ce païs-là m qui fait fa demeure
dans ces plaines pendant
quelques, mois de l’été , 8c l’hyver
" à Ardevil, l’avoit fait creufer. L ’A-
ras n’en fft éloigné que de deux
| lieues, 8c Ce ruiffeau n’a que 5. à 6;
pieds de large : l’eau en eft allez
bonne à boire, quoi qu’ellp foit un
peu trouble à caufe du fable; mais -
elle s’éclaircit lors qu’on la lailîe ,
repofer, 8ç a le goût affezbon. Ori
trouve à epté de ce ruiffeau quelques
maifons, 8c ¿es cabanes faites
de jonc, depuis 3. ans. Ce lieq-là
fe nomme Anhaer , 8ç ç’eft le feui
village , qui fe trouve en ce quartier
la. J’y trouvai une efpece de
melon d’eau affeZ long, blanc en de- greabics.
dans 8c fort doux, différent de tous
ceux que j’ai vfis ailleurs, La graine
n’en eft pas noire comme celle
des autres, 8c eft fort petite,- couleur
de châtaigne. J’y obfervai auf- Fruit a-
fi lin fru it, qu’on ngmme ÇBamama,
,