V O Y A G E S
comme les Perfans, eft j quelques négociations, en vertu B |
1 1 1 c i.J n ili, au bout de ce pont, à droit e defquelles Hilt fut a_ Jd_m:i _s Và tP» auds-i ence i /O O n . jn S i ;
J ’appris à mon retour, qu’on a- avec moi. On nous avoit donné
voit déjà peféjç comçté l’argent, pour cela un fecretaire interprète.
au Roi.
du poivre, que*le Vailîeau fur lequel
j ’étois venu, devoit tranfpor-
ter en Perfe ; 8c que’ le premier Miniftre
d’état devoitferendre, furies
4. heures, chez le Commandant
ftifdtCDr Pour lc recevoir- J e profitai de cetmander
te occafion pour prier ce Miniftre
4A11u dDinein ce de m| ’introd_u ire auXp rès du R o i', auquel
notre Commandant avoit déjà
d it, félon l’ordre qu’il en avoit reçu
du Général, quejefouhaitoisd’a-
voir l’honneur de rendre mes devoirs
à ce P rince, 6c il m’affu-
ra qu’il ne manquerait pas d’en parler
à fa Majefté le même jour, 6c
de m’apprendre fa volonté au plû-
tôt. Ce feignéur, qui fe nommoit
Pangerm, Prince de Pour-ba-naga-
ra , étoit accompagné de io. Inf-
pefteurs du poivre, 6c aflîs fur une
chaife, à côté du Commandant 8c
du premier Infpefteur de la barrière
: Les autres étoient de l’autre cô-
Nous' trouvâmes à la porte de la
ville 4. chevaux de main, que le Roi
nous avoit envoyez, mais nous ne
nous en fervîmes pas. Le premier
Miniftre nous attendoit à la porte
du Palais pour nous conduire auprès
de fa Majefté. Nous allâmes
le long d’un conduit de pierre élevé
de 2. ou 3. pieds au deffus du
rez de chauffée, dans lequel il y a
un tuyau de plomb,qui s’étend de
la maifon de plaifance, où étoit le
Roi, jufques à fon Palais. Ce conduit
avoit été fait depuis 3. ans,
6c fon eau vient des montagnes, qui.
en font à 2. lieues,6c va fe décharger
dans une riviere, qui traverfe
le pais. Il étoit 3. heures lors que.
nous arrivâmes, 8c après avoir at-véeà'JL
tendu quelque tems à la porte d ema.'fon^e
devant, une dame de la Cour vint de ftMa-
nous dire, que nous pouvions en-Rfté.
trer. Nous vîntes en paffant une
t e , aflîs a la maniéré des Or ientaux. I loge, fous laquelle il y avoit 3. ca-
i l e toit venu pap eau a Sfeehuiek roffes du R o i, dont les cochers éfuivi
de 16. donteftiques. Le Commandant
les regala de confitures,
de fruits, de pain 8c de fromage ;
toient Hollandais , 6c proprement
vêtus d’écarlate à la Hollandoife.
Après avoir traverféunpontdebois
de the 8c de tabac. Ils comptèrent avec des appuis, nous entrâmes par
en fuite leur argent, qu’ils mirent une petite porte dans un veftibule,,
dans des facs de milleréalesd’Æ/^- où étoit le R o i, aifis dans un fau-
gne > qu ils feelerent. Cela fait, le teuil, aiant 4* ou ç. chaifes ordi-
Commandant prit le premier Minif- naires à côté de lui. Il nous donna
tre par la main ,6c le conduiiit juf- la main 6c nous reçut très-favora-
ques à la riviere. Le lendemain, blement 5 enfuite de quoi il nous dit
fur les 9. heures, le premier Infpec- de nous.aifeoir y ce que je fis après
teur de la barrière vint me dire que lui avoir fait mon compliment. Ce
je ferais admis à l’audience du Roi Prince étoit aflîs au haut bout d’une Siieni»
fur les 2. heures après midi, 8c que table, 6c nous nous plaçâmes à fesprefence,
ce Prince s étoit rendu pour cela à côtez. On fervit immédiatement
une maifon de plaifance qu’il a
à un quart de lieuë de la ville. Il
me demanda fi je voulois y aller à
cheval ou à pied, dont je le remerciai
, 8c lui dis que j ’aimois mieux
y aller à pied. Il me vint prendre
à l’heure marquée; 8c nous y fumes
cotez.
des confitures, des fruits 8c d’autres
friandifies, 8c on nous prefenta du
th é , du tabac 8c des pipes fur deux
fouscoupes d’argent, 8c deux chandelles
allumées. Enfuite, on fervit E t à «
des mets chauds, fa voir du Ptlau, tablei
des ragoûts,despoulets,du rôti 8c des
accompagnés de Mr. Kaef, fruits j des oeufs durs, 8c des raves
qui avoit été Réfident de la Com- coupées en tranches : chacun avoit
pagnie a Bantam, avant qu’elle fe fa ferviete,8c uneallîeteremplie de
fut emparee de cette place, 8c qui mets. Ce qui me parut le plus ex-
y étoit revenu depuis 3.mois,pour|traordinaire fut un grand plat rem-
B
' pli d’une cliofe qui reffembloitàdé
l’empois, Sc à des tranches d;e poire
, dont je trouvai le gqut admirable.
Mais quant à la boiffon,onns
nous donna que, de l’eau, qu’on ver-
foit hors dlune thétiere, tant pour
boire que pour laver les mains.
Rien' ne me parut plus furprenant
que d’être fervi par des femmes,,8c
de ne voir pas un feul homme autour
de nous. Le premier Miniftre
étoit aflîs à terre,, au bas bout de
la table ,, les jambes croifées, à. la
manierq des Orientaux. Sa femme
fervoit à table comme les autres, 8c
j ’eus, mêm,e l’honneur d’en être fervi.
Monfieur Kaef étoit aifis à la
droite du Roi, 6ç fervi par 3. ou 4.
dames du premier rang. Il y en. a-,'
voit d’autres derrière lui, aflifes à
te rr e S c une entr’autres qui fen,oit
un fufil à la main, Sc fa compagnq
une petite pique; une troifièmote-!
noit là cane du Roi, v.ernie de noir,
avec un pommeau d’argent. Elle®
cheveux retrouffez fur le haut delà 1706.
tête, H | H H
Le Roi ayoit, çs jour-1 à , u n pe- Hawné-
tit bonnet d’envirqn 5.. pouces d ement
profondeur , dont les. bords, qui. é- daRo'"
toient blancs, avoient un pouce de
large; le refte en étoit vipiet.. Sa
vefte etoit à la Turques brune avec
des boutons, d’argent, 8î ceinte d’une
ceinture violette, affezimedioore,
dont les fraùts,, lui pendoient. par-
devant. Il avoir un poignard garni
d/or , 8c des jambes nué's , avec
des pantoufles: rouges, à la Hollandoife..
Après qu’on eut, deffervi,ilnous
offrit du,tabac , 8c me,demanda fi
j ’en prenois, Je répondis qu’oui,
mais que je pouvais très-facilement
m’en paffer. Je pris auffi la liberté
de demander fi lç Roifumoit,
Sc on me répondit, qu’oui; mais
qu il le faifoit- fort modérément. Il
me fit demander fur cela , fi.je fumerais
au cas qu’il le fît ; à quoi
fe levoient de tems en tems,;. mais je répondis que ce me ferait heau-
j ’en parlerai plus amplement dans coup d’honneur. Il me fit encore
la fuite,. . • demandgr, fl.j’âVQisdu tabae,par-
O n . voioit derrière celles-ci, 5. çç qu’il çroiqit qu j l pqurrait bien
ou 6. des plus jeunes fils dp Roi,
de 3. jufques, à 6. ans. Ce Prinçe
n’avoit point eu d’enfans de fa première
femme; mais il en a 8. de la
faconde, qui étoit fa confine germaine,
8c veuve de fon frere,dont
elle n’avoit point eu d’enfans.
Ceux - ci font, fort jolis, 8c ont; le
être meilleur que lp, fien. Comme
j ’en étois pourvu, j ’en remplis immédiatement
une pipe que j ’eus
l’honneur de prgfentej à ceFrince,
qui la fuma à demi , 8c donna le
refte au Secretaire, qui n’en avoit
point. Enfuite de cela, le R o i, qui Son affin
eft fort affable 8i fort curieux, me
teint beau. L’ainé a environ 13. fit plufieurs, queftions, parrapport
ans. Il a. arifli pluiieurs enfans de fa aux pa'is par où j’avois paffé, 8c à
troifième femme. U nelaiffepasçe- ce que j ’y avojs trouvé depluscon-
pendant d’en avoir épouféunequa- fiderable. Il me demanda, quels é-
trième,qui ne porte pas le titre de toient les plus puiffans Princes de
Reine. Ce Prince a outre cela 40. la terre; les bornes de leurs Etats,
Concubines,Sc 850.femmesquifer- 8c les moeurs d.es habitons? quelles
vent dans fon Palais, étoient les plus grandes 8c les plus
U y avoit 15, ou 16, demoifelles( fameufes riviejes du monde? Sur
derrière ces jeunes Princes 8ç Prin- quoi je lui appris toutes les particeffesjêc
3. ou 4. autres troupes de
femmes dans ce veftibule ; de forte
qu’on y en voioit plus de 200. en
mouvement. Elles avoient toutes la
gorge découverte, les bras 8c les
jambes nues ; une efpece de jupe
attachée autour de la ceinture, a-
vcc une petite draperie attachée
de même par deffus le fein, 8c les
cularitez. du N il 8c du Wolga, que
j ’avqis mefurées à leurs fources 8c à
leurs embouchures; Sç lui fisènfui-
te la defeription de plufieurs autres
rivières,.
En parlant du monde en général,
il me demanda combien les Chrétiens
fuppofoient qu’il eut fubfifté,
8c combien on croyoit qu’il dût en