D E C O R. BS— O L L E L E
1703. dc diftance, le fameux mont Taurus,
1 7 . oa. nommé Cafelufan par les habita.ns.
Le mont jq s’avance fort avant dans le pais, .Taurus. S® -V 1 , f 3
& change de nom, ielon les lieux
qu’il traverfe ; mais il retient' fori
véritable nom dans la partie méridionale
de l’ Afie: mineure. Il y a
des Auteurs qui le confondent avec
le mont Caucafe. Nous commençâmes
à le monter à 3. heures du matin
, & le trouvâmes fort efearpé &
couvert de .-Jpehers., avec des fentes
Precîpi- & des précipices effroyables , &
froyabïes. commc les chemins en font fort é-
troits, Sç très-dangereux on eft: obligé
d’aller à pied- Il ne faut ordinairement
qu’une bonne heure pour
le traverfer ; mais nous y en employâmes
deux , notre caravane é-
tant des plus nombreufes. On voit
en defeendant, des précipices qui
font horreur pendant la nuit. Au
fortir de cette montagne, on entre
dans une plaine d’affez grande é-
tendue, qu’on traverfe à gauche, &
d’où l’on paffe dans une fécondé
montagne, le mont Taurus étant
divifé en deux parties , entre lef-
Riviere quelles paffe la riviere de Kifilofan,
de^Klcio- qu’on nomme aulîi le Kurp. Le cours
en eft fort rapide, & ellpà plu (leurs
ghutes entre des rochers , où elle
tombe avec • violence. Elle a fa
fource dansl’ouëft, .& va fe décharger
dans la mer Cafpieme. Le Roi
Pont re- Tamar marquai* y a fait conftruire un pont Y 7' . I . , r bie. de pierre , qui a 10. pas de large,
& 150. de long. I l eft affez élevé
& a 6. arches , entre lefquelles il
y en a 3. fort grandes. On voit entre
quatre de ces arches trois ouvertures
, & au-deffons les relies
d’une efpece de tour à demi ronde.
La riviere ne paffe préfentement que
fous une ou deux de ces arches, à
moins que les eaux ne foient fort
hautes. Après avoir traverfé ce
■pont, nous fîmes alte pour attendre
la caravane ; les Arméniens pour
prendre le caffé, & moi pour met-
B R U N. ' *7*
tre fur le papier une vue qu’on trou-, 1703.
vèra au num. 52. Nous montâmes
enfuite la fécondé montagne, ou f
branche dp Tattrus, plus élevée,
plus grande & plus efearpée que la
précedepte. Comme nous-étions
déjà fatigués d’avoir traverfé la première
à. pied , nous fûmes obligez
de nous arrêter fouvent pour reprendre
haleine., Enfin aiant trouvé un
meilleur chemin nous remontâmes
à cheval, & gagnâmés le fommet
de la montagne à la pointe du jour.
Le relie de la caravane y arriva
deux heures après, & nous trouvâmes
à une demi-lieuëdelà, un beau
païs bien cultivé. Nous arrivâmes
à 9. heures du matin au village de
KafabeggidaraJJi, où l’on nous apporta
du raifin , pour la première
fois , à quatre fols la livre. Les
chemins font très-bons au-delà du
mont Taurus, auffi-bien que le terroir.
On voit delà une autre mont Monta-
tagne plus élevée , nommée Sawa-
la.n, laquelle eft toujours couverte
de neige. Nous y reliâmes le lendemain
pour nous repofer. Le vingtième
nous continuâmes notre voyage
à 3. heures du matin , par un
très.-beau tems, & arrivâmes fur les
7. heures auprès d’un ruiifeau proche
de Jamkoela. On y trouve des
oifeaux extraordinaires, qu’on nomme
Baeker-Kara. Noustraverfâmes
enfuite plufieurs villages,d’où l’on
voit le mont Taurus dansl’éloigne-
ment, de la manière qu’il eft repré-
fenté au num. 53. Le vingt-deuxième
nous traverfâmes une grande
plaine bordée de hautes montagnes
à gauche, où l’on nous apporta du
raifin d’un goût délicieux. Le vingt-
troijième nous arrivâmes à la ville
de Samgael, au-delà de laquellênous
nous arrêtâmes, & y trouvâmes de
très-bonnes grenades, de belle cou-Bons
leur & affez petites ; du raifin & irüiB-
d’autres fruits.
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