1707. Se à l a
so. Aoûr. fo ld a t s
V O Y A G E S
ligne , tirée par 10. de nos] me ils vont les pieds nuds, 8c qu’ils 1707.
I L a r i v i e r e avoit une demi les ont fort petits , ils les mefu- 18. Août,
' roient contre les miens , .de même
que leurs jambes qui font des plus
Leurs femmes font aulîî
lieue de large en cet endroit Sc
pas plus d’un quart à 2. lieues delà
, où nous apprimes qu’une autre
b,arque avoit aufiî fait naufrage.
Elle étoit ornée de pavillons Sc de
banderolles, Sc appartenôit à un
bourguemaître d'AJlracan. La notre
en avoit de femblables, Sc deux
petites pièces de canon, avec beaucoup
d’armes à feu, des arcsSc des
fléchés 5 outre qu’elle étoit fort
commode. Comme on a deja fuf-
fffamment parlé de cette riviere, il
feroit inutile d’y rien ajouter. J’ob
courtes.
alliez petites 8c potelées comme les
hommes. Je fus obligé de me découvrir
l’eftomac pour fatisfaire
leur curiofité, 8c leur aiant enfuite
témoigné que je fouhaitois de voir
le leur , elles fe mirent à rire, Sc ne
firent aucune difficulté de me donner
cette fatisfaâion. Ces gens- Leur ta'
là n’ont pour tout habillement S B 3 BS
r i - j 1 ment, ne efpece de jupe de peau de mouton,
leroit a y ucuijuuru.J r qs-u ’ils c. hangy,e nt , félon la _fa i-,
ferverai feulement qu’on eft le plus fon, 8c ont le refte du corps «nud
fouvent obligé d’aller à la ligne en en ete. La plupart des jeunes gar-
la remontant, à moins que le vent Ç°ns vont même tous nuds, Scont
ne foit très-favorable , le cours en es cheveux trefifez aufli-bien que
femmes. Il s’en trouve cependant
qui portent un certain bonnet,
_ v n * . .1.-!^ 1 p c r o m m p c ' I l C ( T n i l i r p étant violent. On eft même réduit
à la neceffité de mouiller 1 ancre
lorfque le eft rude 8c contrailes
iorlquele vent eu ruuc oc u--n-e- -c-a-m--i-f-o-l e S—c un calleç‘ on fans che„-
re Sc on voit de tems en tems des mife. Ils ont;tous le vrfage plat Sc
Calmuques fur le rivage. 'large, les jouesennees,8c les yeux
Le vingt-huitième nous paifâmes longs. Ils me demandèrent du ta-
à côté d’un.corps de garde , fitué bac, qu’ils fe mettent dans le nez
fur unepointe de la riviere, à droi- & q«'ils mâchent, tant hommes que
te , où' i.Vl y à un can.a1 l, p_a_r1 l_e_q_ue1l
le ¡Volga fe va jetter- dans la mer
Gafptenne. On tient aufiî une garfemmes.
Nous continuâmes le refte de noi
tre voyage à l’eft de la riviere, pour dU.lJ.JL I . J 0 ~ ■ r •
deV fur une barque , au milieu de I éviter les Tartares, qui le tiennent
cette riviere, fur tout pendant la de l’autre cote, Sc qui font grands
. „ , -r r ' • v A l a n r r M / - v i l O r P t i m n l r l f i n « - 1 CM l - nuit, pour, vifiter les vaiflfeaux qui
paflënt. Nous vîmes plufieurs Cal-
mv.QV.es le long du rivage péchant
à la ligne, 8c nous leur jettâmes
dans l’eau, du pain qu’ils allèrent
prendre à la nage. Il y avoit des
chameaux à 2. boffes autour d’eux.
Ce quartier-là eft ; rempli de porteurs
d'eau, oifeau dont on vient de
faire l'a defeription. Comme nous
allions toujours à la ligne , on al-
loit tantôt d’un côté de la riviere,
8c tantôt de l’autre, pour éviter les
voleurs. Nous rencontrions fou-
vent des barques, Sc étions de tems
en tems obligez de traverfer de petits
golfes, où l’on trouve des pêcheurs
Sc' de bon poiflon.
Le deuxième Septembre nous
mouillâmes proche du lieu, où demeure
l.e chef ou Gouverneur des
Çalmuques, qui avoit nouvellement
fait paifer un parti de 80. hommes
de l’autre côté de la riviere pour
donner Îa-chaffe aux Tartans , qui
lui avoient enlevé depuis peu un
Caltnuques.
oc ta n tô t u e i a u t r e 5 jjuuj. t - y n u x w j. *
Tartans qu’on trouve en ce quar- grand nombre de chevaux 8c plu-
tier-là. Deux jours après nous tra- heurs de fes Sujets ¡B ia is ils n eu-
verfâmes un autre golfe que forme rent pas le bonheur de les rencon-
le Woka, 8 c étant allez à terre nous] trer. On nous avertit aufiî que ce
v trouvâmes plufieurs Çalmuques ] quartier-la etoit infefté de voleurs
tant hommes que femmes, qui ne Cofaques, ,8 c cela nous fit tenir fur
pouvoient fe laffer de regarder mon nos gardes. , ,
habillement, ôc de le manier, tant Lefeptume nous approchâmes de Arr^
il leur paroiïïoit extraordinaire, n’én Tzenog ar, 8c reliâmes en deçà , 1 gar_
aiant jamais vû de femblable. Corn-! vent étant contraire 6c aifez vior
-.0- len t. Nous y envoyâmes cepen-
7; Sept, dant chercher des provifions. 11 s’éleva
une. greffe tempête pendant la
nuit, 8c notre cable fila, de maniéré
que le cours de la riviere
nous fit reculer çonfiderablement,
avant qu’on put attacher la barque
fur le rivage avec de gros cordages.'
Enfuite, chacun fe mit.à dormir,
mais je-ne pus fermer l’oeuil,
aiant encore l’idée remplie .de notre'naufrage.
J ’avois accoutumé de donner tous
les, jours un verre d’eau de vie à
■ chacun des matelots, dont Monfr.
l’Ambaffadeur me. fit faire. des reproches
par fon Interprète, en di-
fant que c’étoient des canailles, qui
ne le meritoient pas. Je repondis
que j’en avdis fait provifion pour
cela , qu’on pourrait avoir befoin
d’eux , 8c que je favois par expérience
qu’on ne gagnoit rien avec
ces gens-là que par la douceur, 8c
qu’il falloit faire de neceffité vertu.
Lors,que nous approchâmes de
la ville , nous.fîmes ;iine falve de
nos armes à feu, Scy vîmes un grand
nombre de vaiffeaux.
Nous continuâmes notre Voyagé'
deux jours après , par un fi grand
froid qu’il fallut fe couvrir de fou-
rures, chofe fort extraordinaire en
cette faifon. Comme les RuJJiens
font mechans matelots nous donnions
fouvent contre terre, Sç nous
perdîmes une ancre par leur négligence.
On n’obferve aucun ordre
parmi eux, 8c le môiùdrè foldât a-
. autant- à dire -que le Pilote, ce qui
me faifoit defefperer, 8c de voir
qu’il falloit tous les jours appeller
10. ou 12. fois les matelots pour les
faire lever , outre que. je trouvois
le plus fou vent les feritinellés endort
mies , 8c qu’on avoit mille peines
à faire travailler à la manéüvre lors
qu’i l faifoit mauvais tems. Ausfi
rendois-je grâces à Dieu tous les
jours de nous avoir con-fèrvez pendant
la nuit, 8c fur tout contre les
corfairès.
Arrivée à - Le [eizième nous-arrivâmes à1 là
Zaïitfa. ville d e. Zaritfa, ou il y a une E-
glife de pierre blanche, nouvellement
bâtie, auffi'bien que la ville,
qui avoit été réduite en - cendres r
l’année precedente, 8c dont tous les
batimens n’étoient pas encore achevez.
Nous reliâmes deux jours
pour changer de matelots. Il y é-
toit arrivé la veille aine barque de
Saratof, que les Cofaques RnJfenS
avoient pillée en chemin j 8c doht- ■
l’équipage nous dit que la riviere
étoit remplie de ces pirates , qui <
alloient par centainés dans de peti-
tes barques. Je propofai fur cela à
l’Ambaffadeur Géorgien de demander
une efeorte au Gouverneur, laquelle
il ne refuferoit pas pourvu
qu’on lui fît un prefent, car on
I n’obtient rien en ce païs-là fans'argent
: Mais ce miniftre fît la four,
; de oreille, bien que je lui offriffe
j d’en payer ma part. Cependântles
patrons d e . deux autres barques,
qui alloient, à Saratof comme nous,
nous vinrent dire qu’ils vouloient,
.nous accompagner pour plus de fureté,
.en aiant obtenu la permifiion
1 du Gouverneur.;., Il en étoit déjà
parti une troifième, que nous trouvâmes
échouée 3 -mais on la remit
à flot, 8c après en avoir feché les
marchandifes., elle fe joignit à nous
comme les'autres.
Le dixsneuvïème nous paffâmesà
côté de deux bondes, dans un endroit
où la riviere étoit afiëz étroite,
8c où nous avions appris qu’il
y avoit le plus de danger par rapport
àuï pirates: Cela nous obligea
à nous tenir fur nos gardes pendant
là nuiV, .lës-Soldats , qui a-
voient tiré la ligne tout le jour aiant
befoin de repos. Sur le matin nous
rèncontrâmeS une barque qui avoit
été pillée par 4. piratés, 8c nous
en vimes venir 3. autres, qui nous
allàrmérentj mais lors qu’elles'furent
à portée nous trouvâmes que
c’étoient des barques de Saratof 8c
dé Cafan , qui tranfportoient des
Soldats à AJlracan. Nous traverfâ-
mes enfuite uri pètit golfe,qui fer-
voit de retraite aux pirates ; ce qui
nous obligea de -riôùs tenir encore
toute la nuit fur nos gardés, ënfui-
te dequoi nous continuâmes notre
route, à la ligne, comme auparavant,
- Peu après nous ' donnâmes
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