1706. taires) le pot en tê te , précédez de Inient deux fois la femaine, 8c q u e l- i70£
3 1 . j u i i 6. hautbois , & ils font ainli deux quefois extraordinairement, & ih t .jù é
fois le tour de la place en très-bon n’eft pas permis.aux Miniftres é - d “d% 8
ordre, & favent très-bien leurs .exer- tranger«-qui fe rendent à Batavia, nfflroé.
. cices,. ; . : [d’y débarquer,, avant qu’on les a il- ttan?e"i
A c c a b le - Ces marques de grandeur fer- le prendre, pour les conduire à l ’au-
en quelque maniéré , à adou- dience du Gouverneur.' I
du Sou- cir les fatigues d’une charge lî pe- Ces confiantes occupations, que
vcmcur.jjqtjie 8c fi accablante 5 car ce bei-Jj’avois toujours devant les yeux, me
gneur n’a jamais de repos, ni aucu- ifaifoient fonger fouventautemsquc
ne vacance comme parmi nous. Il j ’avois pafféàMofcoti, où jedemandois
à mes amis , quand on mettrait
fin aux feltins 8c aux rejouïf-
fances, 8c quimerepondoientqu’elles.
commençoient avec le mois de
Janvier ,; & ne finiffoient qu’avec
celui de1 Décembre. Quelle différence
entre cette maniéré de vivre,
& celle des perfonnes de diftinétion
en ce païs-ci ! Auffi étois-je bien é-
loigné. : d’envief leur grandeur Sc
leur profperité -, au contraire , je -
m’eflimois bien-heureux dans mon
petit état de jouïr d’une tranquili-
---------- , — —...— v. té d’efprit & d’une liberté, fans lacompte
de ce qui fe pafTe., & re- quelle tous, les autres biens ne font
cevoir fes ordres. S'Ur les 11. heu- |'riéh.
res leSabandhaèr lui vient aüoncer 1 La plus grande charge, après cel- nircaeuf
les barques, les marchandifes & les le dû Gouverneur, efl celle duDi- général,
perfonnes qui arrivent, & le lieu : reéteur général ; qui n’efl guere
moins fatiguante, puifqüe c’efl lui
qui achette 8c qui difpofc de toutes
les marchandifes de la Compagnie,
de telle nature qu’elles p ia ffent
être, & en quelque lieu qu’on
les envoyé , outre les autres occupations
auxquelles cette chargef af-
fujéttit. C ’efl: lu i, en un mot, quipMde!ra
a le maniement de tout ce qui re- de'cet»
garde le négoce, Sc auquel tous les chlrgt'
marchands 8t officiers de la Compagnie
viennent rendre compte de ce
qui fe paffe , 8c recevoir de lui les
clefs des magazins , d.ont la garde
lui efl commife. C ’eft auffi ce Di-
reêteur qui: ordonne la cargaifon -<
que chaque vaiffeau doit prendre.
Pendant que j ’étois à Batavia, General '
' efl accablé de lettres & de paquets
dès la pointe du jou r, ¡^continuellement
occupé aux affaires de la
Compagnie , à caufe de la gtande
étendue des païs qui font fournis à
fon obeïffance , & de fon négoce,
fans parler de l’occupation que,lui
donnent les vaiffeaux, qui viennent
tous les ans de Hollande. Le foleil
n’efl pas plutôt le v é , que les deux
chefs des marchands, le Commandant
de la Citadelle, le Major, l’ar-
chite£te,le chef des canoniers 8c plu-
fieurs autres , lui viennent rendre
de leur deflination, enfuite de quoi
il leur fait expedier les paffeports
neceffaires. I l faut outre cela qu’il
donne audience à ceux qui pour-
fuivent des affaires au Palais.
Ces chofes-là l’oçcup'eùt jufques
à ce qu’on fe mette à table , où il
ne refte qu’une bonne demi heure,
dont il employé même une partie à
parler d’affaires ; enfuite de quoi il
fe remet à travâilleï jufques à fou-
per. De forte qu’ à juger fainement
des choies, fans s’attacher à l’exte-
rieur , on doit avouer qu’il eft un
véritable efclave , qui n’a pas un
feul moment à l ü i , 8c qui n’ofe-
roit paifer une feule nuit hors de
la Citadelle. Il efl outre cela obligé
de rendre un compte exacl à la
Compagnie, de tout ce qui fe paffe
fur la côte de 'Java , 8c du païs
qui en dépend. Chaque Confeil
perfonne n’y étoit plus eftimé ,qued“ ""j1,'
Mr. de Wilde, General des troupes Compaq
de la Compagnie, & fon troifième Ênle--
officier, qui efl auffi Confeiller des
AiTem^
b lé e d ü
C o n fe il.
1er eft oblige d’en faire autant, par\ Indes, 8c une perfonne d’un mérité
rapport au bureau, dont il a la di- extraordinaire. Quant à la charge
reftion. de.Confeillèr je n’en dirai rien en
L e Confeil s’affemble confiant- particulier, ni de celles qui lui font
infet7o6
inférieures, parce qu’elles font affez
connues en notre païs , outre;, que
plufieurs autres l’ont fait avant moi.
J ’ajouterai Amplement , que je ne
croi pas qu’il y ait de lieu au mon-
B o n sE - de, où l’on écrive tant que dans les
e n v ain s, f , L l r e a u x ¿ g j a Compagnie : Il s’y
trouve auffi d’admirables Ecrivains.
L 'A u t e u r N ’aiant plus rien à faire à Batav
e u r r e - y i a je n e foneeai plus qu’à m’en
to u r n e r J 1 n .
e n fa p a - retourner en ma patrie par la l e r -
H fi- J e m’y trouvai d’autant plus
porté que j ’appris en ce tems-là,
qu’il y avoit quatre vaiffeaux de
guerre François fur les côtes des Indes
, qui avoient pris fur celle de
Coromandel, le Phénix venant de
Bengale, 8c deux vaiffeaux Anglais,
au commencement de l’année 3 outre
qu’il y avoit quelque différend
Mefîn- entre le Grand Mogol 8c la Com-
teiiigencc pagnie, à laquelle ce Prince ne vou-
Com pa- loit plus permettre de négocier fur
8rànd&le^a c de Coromandel. De forte
M o g ol. que ne pouvant m’y rendre en fureté
, je refolus de m’en retourner par
terre, le plutôt qu’il me ferait pof-
fible, quoi qu’on ne me le confeil-
lât pas, 8c qu’on me preffàt, au contraire
, de me fervir. de la voye des
vaiffeaux de retour, à q u o i je n ’a-
vois aucuneinclination. Le Gouverneur
général voyant que marefolu-
tion étoit prife, m’apprit qu’il partirait
dans huit ou 10. jours deux
vaiffeaux pour laPerfe ,îm lefquels
je pourrais m’y rendre: fur quoi je demandai
un pâffeport au Directeur
général, lequel il m’accorda fur le
champ en me difant le plus honnêtement
du monde, qu’il étoit bien
mens. Nous y dejeunâmes 8c nous 1706.
rendîmes enfuite à une autre mai-sojuilb
fon de ce Seigneur, où nous arrivâmes
fâché de me perdre fi-tôt, 8c avant
que j ’euffe vu une de fes terres, où
il avoit deffein de me mener.
Maifon J ’allai cependant, encore une fois
de phi- me divertir à Struifwick, avec M r. le
C o u v er1- Gouverneur, le General de Wilde 8c
n e u r g e - quelques autres perfonnes de dif-
Sleral' tinclion. C e lieu-là, qui appartient
à ce Gouverneur , a les plus belles
avenues 8c les plus agréables promenades
du monde, outre qu’il efl remp
li d’arbres fruitiers, 8c que la grande
riviere paffe à côté. La maifon
en eft de bois, 8c il y a une grande
fale, 8c plufieurs autres apparte-
T O M . II.
avant midi. Nous y trouvâmes
quelques Confeillers des Indes,
8c d’autres amis, 8c y fûmes parfaitement
bien regalez. 11 me dit fur
le foir , que le Direéleur général
devoit aller le 11. d’Août à l ’Ile
* Sans Repos, 8c que je pourrais me * onruit.
fervir de cette occafion pour la voir.
Ce Direéteur eut auffi la bonté de
me prier de l’y accompagner, deux
jours avant fon départ, 8c m’envoya
le même jour l’ordre que voici.
Ceux qui ont le commandement du
vaiffeau nommé le Prince Eugène,
auront a recevoir fu r leur bord
la perfonne ¿r le bagage de Corneille
le Brun , pour le conduire
en Perfe ; & le logeront ¿r le traiteront
dans la chambre du Capitaine.
Fait au château de Batavia
le 6. Août 1706.
A. DE R I E B E E K.
Je .ne manquai pas de me rendre,
âu rems marqué, chez M r. le Directeur,
où je trouvai plus de 20. perfonnes
, qui nous accompagnèrent
à l’Ile Sans Repos , qui eft environ
à 3. lieùës de Batavia. Nous
fîmes ce petit trajet au fon de plufieurs
trompettes 8c hautbois, tous
les vaiffeaux qui étoient à la rade
aiant arboré leurs pavillons, 8cmis
leurs banderoles , objet fort agréable
à la vue: Nous y arrivâmes fur j|e f,ns_
les 8. heures, Sc fîmes enfemble le repos,
tour de l’Ile , 8c du fo r t , qui eft
bien pourvu de canon, 8c d’une bonne
garnifon. On fait dans cette
Ile toutes les chofes neceffaires pour
le radoub des vaiffeaux , 8c un f i
grand bruit de marteaux 8c d’encl1
umes, qu’on 1la nomme avec rai-
fon, l’Ile Sans-repos. Elle eft entourée
de bancs de fable , de forte
que les gros vaiffeaux n’en fauroient
approcher. Il n’y a que de petites
barques qui puiffent pafTer entr’elle
Sc celle de Kuiper, qui eft vis-à-vis IIe de
à une petite diftance. Je m’ y fis Kuiper.'
tranfporter, 8c y fis le deffein de la
première, Pendant que j ’y travail-
B b b lois