dont il y en avoit plus de 200, cou- 1703»
verts des.bonnets ou turbans, dont ij.A v r i l
on a déjà parlé. Je m’étois placé
au milieu du chemin , où ce Prince
1704. encore P^us large. La-racine de
7. A vril, celle-ci avok quatre branches, gri-
fes, marquetées. On me l’envoya
de Julfa, où elle avoit été 19. ans
enterre. J’ai aùffi defliné à côté
de cette plante, un certain fruit qui
croît dans une faifon plus avancée,
lequel les Perfes nomment Badens-
joen, 8c les Europeans, Foekje-fockie-
■ Je. 11 eft y io le t, 8c il y.en a de
blanc, ordinairement delagroffeur
d’un concombre j mais il s’en trouve
qui font une fois plus gros. Il
eft admirable dans le potage , frit
dans le beurre ,8c de plufieurs autres
maniérés., *On tranfplante l’arbrif-
feau qui le porte , pendant qu’il eft
jeune , 8c le fruit en devient meilleur.
La fleur en eft blanche, violette
& jaune, 8c il pouffe communément
un pied 8c demi hors de
ter.re , avec plufieurs petites branches
, qüe le . poids du fruit fait
. courber jufques à terre. On le trouvera
au num. 73, avec la plante pre-
cedente. La .lettré A . marque les
feuilles de la rhubarbe, le B.la racine,
& le C. le Foekje-fockiefet j
L e feptieme de ce mois. il tomba
à Julfa une pluie, violente, accompagnée
de grêle, qui couvrit toute
la campagne, 8c dont on ne -s’ap-
perçut prefque point à la ville. Il
y avoitaufli plufieurs années que cela
n’étoit arrivé. Nous eûmes pendant
tout le refte du mois, du vent,
de la pluie, 8c. un tems fort varia-
b 'f , 1, i
Fête du I Lé quinzième, on célébra la fête
facriiîce ¿lu Bairam kofban , ou du facrifice
hamb.ra"’ d’Abraham. Moniteur qui
çonnoiffoit ma curiofité , ordonna
à fon écuier, 8c à deux autres de fes
domeftiques de m’accompagner à
cheval;,: au lieu deftiné pour cela.
La mufique du Roi avoit recommencé
à fe faire entendre la veille,
au coucher du Soleil, 8c continua
jufques au lendemain au même tems,
les muficiens , qui font en grand
nombre fe relevant de tems en tems.
J ’allai fur les fept heures du matin
au Chiaer-baeg, où le Roi devoit fe
rendre en traverfant fes jardins. Il
y arriva une demi-heure après, a-
vec une grande fuite de Seigneurs,
devoit paffer, 8c après l’avoir vû,
avec toute fa fuite, je me rendis au.
grand gallop à Babaroek, eimetiere
Perfan, à une bonne demi-lieuë de
la ville, où fe devoit faire la cérémonie.
Elle confifte au fimple facrifice
d’un chameau mâle, qui n’a
aucun défaut, carfanscelaonl’efti-
me impur. _ Le Daroega , c’eft-à-
dire le Baillif de la ville, 8c quelquefois
le Roi même, lui donne le
premier coup d'une..-groffe lance,
enfuite de quoi on achevé de le percer
à coups de fabre ou de couteau.
Après cela, on le coupe en morceaux,
8c on le partage entre les officiers
des differens quartiers de la
ville , 8c comme . chacun s’em-
preffe d’en avoir fa part, cela eau*
fe fouvent un grand defordre, 8c il
demeure quelquefois plufieurs per-
fonnes fur la place, comme il arriva
ce jour-là, car tout le monde y va
armé de fabres ou de bâtons, 8c il y
a une telle_foule.de perfonnes 8c de
chevaux, qu’on a de la peine à fe
remuer. Quant à moi, je me retirai
des premiers, 8c me rendis au-
Chiaer-baeg, pour y voirpaffercette
multitude, à fon retour vers la
ville. Enfin, après.qu’un châcun
eut attrapé ce qu’il put del’offran-
de, on s’en retourna en triomphe,
les officiers des quartiers à la tête de
ceux de leur département, en fautant
8c en danfantlefabreàlamain,
8c de grands bâtons élevez, faifant
de grands cris, 8c frappant fur des
bafiïns 8c de petits tambours. Le
•premier morceau, qu’on coupe de
cette bête, eft deftiné pour le Roi, 8c
on le porte au Palais fur la pointe
d’une lance. Au refte ce retour fe
fit en très-bon ordre , 8c avec de
grands témoignages de joie. On
vît patoître d’abord" les gardes du
R o i , 8c puis ce Prince à cheval,
fous un grand parafol, pour le garantir
de l’ardeur des rayons du fo-
leil ÿ fuivi des Seigneurs de la Cour,
8c ceux-ci de 12. chevaux de main
de fa mjmM amjeft ém , m8c dme 4. élephans..