1 704 toujours en poffeflion de ce douaire,
,p. Mai. quand même fon mari fe fepareroit
d’elle, chofe permife en ce païs-là.
Et lors qu’il vient à mourir fes héritiers
font obligez de lui payer cette
fomme, avec la huitième partie
des biens qu’il laiffe après lui. De
plus, fi la femme meurt la première
, 8c qu’elle laiffe des enfans , le
mari eft obligé, au cas qu’il fe remarie,
8c qu’il ait des enfans d’un
fécond lit, de donner à ceux du
premier le bien de leur mere>, 8c
une portion égale des liens, qu’ils
doivent partager avec les autres.
Lors qu’un Chrétien, ou quel-
qu’autre perfonne , dont la Religion
difere de celle dis Perfes ,em-
braffe leur croyance, il hérite de
tous les biens de fes parens, à l’ex-
cluiïon de tous les autres, qui n’ont
pas apoftafié comme lui. Et au cas
que deux Chrétiens embraffent la
foi Perfanne en même tems,leplus
proche héritier des deux , hérite
îeul tous les biens de fes parens
Chrétiens , qui viennent à dece-
der.
Il eft permis aux Perfes de prendre
autant de concubines qu’il'leur
plait, ou qu’ils en peuvent entretenir
; 8c lors qu’ils en renvoyent une,
il ne lui eft pas permis de connoi-
tre un autre homme avant l’expiration
de 40. jours, de crainte qu’elle
ne foit enceinte, car en ce cas,
il faut que celui, dont elle eft grof-
fe, l’entretienne jufques après fes
couches, 8c qu’il fe charge de l’enfant.
Au refte tous les enfans de
ces concubines font reputez légitimés,
8c ont leur part du bien de
leur pere comme les autres.
Les parens qui donnent une fille
en mariage, lui donnent en dot ce
qu’ils jugent à propos, 8c cette fille
s’engage, par é c r it, à ne rien
prétendre, dans la fuite, au refte
de leur fuccefîïon, dont elle a reçu
fa part, fans pouvoir en venir à un
autre partage avec fes freres ou foeurs
ericore à marier.
Lors qu’on délivre fa dot à fon
mari, on charge tous fes habits 8c
fes biens meubles fur des chevaux,
8c le refte eft porté par plufieurs
Concubines.
D o t des
filles.
perfonnes, qui font aufli chargées 1704.
de confitures 8c d’autres friandi-19. Mai.
fes. Cela reffemble affez à une pro-
ceflion,qui eft plus ou moins grande
, à proportion de la qualité des
perfonnes, 8c cela fe fait au fon
de plufieurs inftrumens. Cette cérémonie
fe pratique quelques jours
après la confommation du mariage,
8c l’on préparé pour cela un appartement
bien illuminé dans la maifon
du mari, car c’eft toujours le foir.
Les hommes y entrent les premiers
8c font fuivis des femmes en grande
ceremonie.
Les grands Seigneursontaufîi ordinairement
une femme , laquelle
eft fervie par leurs concubines, 8c
qui eft honorée du titre de Chana,
qui répond à celui de Chan, que
portent leurs maris. Elle mange
feule, 8c eft fervie à'table, comme
ailleurs, par quelques-unes des concubines.
Les enfans des unes 8c des
autres font légitimés 8c partagent
également le bien de leur pere, 8c
lors qu’il nait un enfant d’une de
ces concubines, la femme légitimé
témoigné une joye toute particulière
de l’honneur qu’en reçoit fon mari.
Lors que celui-ci veut fe rendre
auprès d’une de celles-là, il envoyé
un de fes eunuques à fon appartement,
car elles en ont chacune un
particulier, lequel lui donne ordre
de fe rendre au bain pour fe purifier.
Elle ne manque pas d’obéïr
fur le champ, 8c de fe parer pour
recevoir fon Seigneur. Ces concubines
mangent enfemble fans autre
compagnie.
Le Roi prend autant de femmes
qu’il lui plait, 8c choifit pour cela
les plus belles filles Géorgiennes,
Armenienes, 8c autres Chrétiennes,
qu’il peut trouver. Elles font toutes
égales entr’elles, 8c le premier
fils, qui en naît, eft héritier de la
couronne, fans aucun égard pour
la mere dont il eft né, 8c fans que
cela lui donne aucun avantage fur
les autres. Lors que*ce Prince en
veut mettre unehorsduferrail,qui
n’a pas eu d’enfant, il la marie comme
il lui plait, 8c fouvent à une perfonne
d'un rang fort inférieur.
Voici
Ï704i Voici ce qiie. j ’ai obfefvé à l’éto.
Mai. gard des'morts 6c des enterremens.
Enterre- Deux ou trois heures après le décès
mens' d’une perfonne , on envoyé chercher
un Mola ou Ecclefiaftique, qui
fait quelques prières 8c quelques cérémonies.
Enluite on pofe le corps
dans un cercueil , qu’on porte au.
lavoir, hors de la maifon, dans un
lieu deftiné à cela , pour l’y laver
& l’ y purifier. U eft porté parles
porteurs'ordinaires , 8c précédé de
chanteurs , 8c d’autres perfonnes,
aiant à la main des bâtons, des houf-
fines 8c. de petites enfeignes. Les
parens qui le fuivent fe déchirent
les habits, s’arrachent les cheveux,
fe frappent la poitrine , 8c font'
tous les autres a Êtes de defefpoir.
Le corps des perfonnes de condition
eft entouré d’Ecclefiaftiques 8c
d’autres perfonnes , qui entonnent
des chants, lugubres. Les amis qui
l ’accompagnent font de grandes lamentations
, peut-être plus par coutume,
que par la douleur quifem-
ble les animer. Leurs habits, ni ceux
des parens, rie différent nullement
de ceux qu’ils portent d’ordinaire,
à la referve de ceux qui precedent
le corps , fi ce n’eft-qu’i ly en a qui
détachent un bout de' leur turban.
A u .refte ils ne vont pas deux à deux,
comme parmi nous, mais tumùl-
tueufement 8c fans ordre.
Lors qu’on eft arrivé au lavoir,
8c qu’on a lavé le corps, en lui bouche
toutes les ouvertures, ou les conduits,
de cotton, fa voir la bouche
8cc. Toute la différence qu’on ob-
ferve entre les cadavres1 »dès hommes
8c des femmes, eft que des hommes
lavent les hommes, 8c que lés
femmes lavent les femmes , 8c les
fuivent à la foffe , car on les ^Conduit
du lavoir au .tombeau, où l’on
fait des prières 8c quelques ceremot
nies. Enfuite on envelope le corps
dans Un drap mortuaire , 8c on le
met en terre fur le côté gauche, la
tête à l’orient, 8c les pieds à l’occident
, la face du , côté où eft le
tombeau de leur Prophète Mahomet.
Puis on fait une demi arcade de
terre ou d’argile au-deffus du corps,
& on achevé de remplir la foffe,
aü-deflus de laquelle on ipofe une 1704.
pierre, ou on éleve une tombe, 8c 19.Mal
fouvent un dôme fur celles.des perfonnes
de condition. Le Roi lesi
honore même quelquefois d’une
tombe Royale, qu'ôn eftimefacrées,
8c pour lesquelles on a uné vénération
toute particulière. 11 y a auf-
fi de ces tombeaux en forme de temples
, couverts de beaux dômes bleus-
glacez, qui font un effet admirable
à. la vue. -
Quant, à la moririoyé Perfane, la:>Monnoyé
plus grande efpece de celle d’ar-deFerlei
gent, eft le, Hafaer denarie, ou une-
piece de dix Mamoedjes , lefquels
valent à peu près huit fols de notre
monnoye; On y a aufli desDaezajie
ou pièces de cinq Mamoedjes-, des
Paenszajie, de deux 8c demi, des
pieces .de deux Mamoedjes , nommées
Abbaasjes , 8c d’autres d’un
Mamoedje , dont il s’en trouve de
deux fortes , frapées par les Rois
predeceffeurs de celui qui regne à
préfent.. On les nomme Mamoedjes
haviefe. Le,païs eft rempli de cette
monnoye, parce que les marchands
ne trouvent pas leur compte à.la
tranfporter ailleurs. On • s’en fert
dans le négoce par tout le Royaume,
tant pour les marchandifes de
dehors, que pour celles de dedans,
fitïs qu’on y en employé d’autre-
II- y a encore des Zaejies ou demi
Mamoedjes. Le Roi ne fait guère
frapper les deux premières efpeces,
dont on vient de parler , 8c même
ce n’eft que pour les pauvres, 8c
dans un certain tems de l’année. Elles
ont aufli fi peu de cours, qu’où
n’en trouve que parmi les curieux,
parce qu’elles différent un peu en
valeur & en poids des Abbasjies, des
Mamoedjes, 8c des Zaejies qu’on fabrique
aujourd’hui. La raifôn de cela
eft que ces trois dernières efpeces
furent réduites à un jufte aloi en
1684. 8c 1685. mais les officiers dé
la monnoie n’orit pas laiffé d’en diminuer
la valeur par le defirinfatia-
ble qu’ils ont de s’enrichir, à quoi
la négligence du Gouvernement n’a
pas peu contribué. Ou n’y auroit
même apporté aucun remede, fi le
peuple, quien murhiuroit, ne s’en
F f fût