i fo^.ma> oü fein de femme, parcequ’il
']■. Scph en a la forme 3 lequel elt fort fain
& d’une odeur agréable. Il reffem-
ble allez aux'melons blâncs , mais
il eft plus ferme, & à peu près de
la couleur des oranges de la Chiné.
11 s’en trouve de la même groffeur,
Sc les Arméniens me dirent qu’il en
çroifloit auffi à lfpahari ; ôù il eft
fort eftimé, 8c où on le porte à la
main comme un bouquet: Il y en
a de la grolfeur d’un petit melon,
tachetez de rouge , de jaune 8c dé
verd, dont la femence eft petite 8c
blanche 3 8c d’autres qui font tout
rouges. C ’eft un rafraichiflement,
qui abonde en ce païs-là , 8c dont
on ne donne que deux liards ou un
fol. Les autres melons y font auffi
à très-bon marché, mais le goût il’en
eft pas extraordinaire.
Nous continuâmes nôtre voyage
une heure avant le coucher du Soleil,
avançant au fud-eft, 8ctraver-
fâmes, à une demi lieuë delà, une
petite riviere, qui aVoit 5. pieds de
large, 8c 14 de profondeur. Un cheval
chargé de foye s’y renverfa, 8c
tous les autres y paffêrent fans aucun
accident. N ous traverfâmes auf-
li pendant ¡a nuit la plaine?ibü la
bruïere de Mokan, 8c entrâmes le ;
feptième à deux heures du matin,
dans des montagnes, dont les fables
font aulïï fermés que du gravier.
Une heure après le lever du Soleil
nous nous arrêtâmes dans une plaine
entourée de montagnes , fur le
bord d’une riviere d’eau claire, nommée
Bafcharu-’t-Sjei, ou Ba],aru,
laquelle a fa.fource dans le pais de
Talis , 8c va fe décharger dans la
mer Cafpieme : m'ais elle n’éft guère
remplie d’eau à préfent, n’en recevant
que de deux fources, qui for-
tent des montagnes. Le païs d’alentour
porte le nom de cette riviere.
Il y avoit long-tems qu’il n’y
paifoit plus de caravanes , à caufe
de la quantité de voleurs, qui in-
feftoient ces quartiers-là : mais il y
a environ trois ans , que le fils du
Ch an offrit au Roi de purger le païs
Voleurs de ces voleurs, fous peine de la vie,
deiruits. pourvû qu’il voulut lui donner le
• gouvernement de fon pere, à quoil
cé Prince àiant confehti, ii s’yrefl- iyo">.'
d i t , 8c s’acquita de fa promelfe 8. Sept,.
6c les a tous détruits, fans épargner
ni femmes ni enfans, de forte qu’on
y voyage préfentement fans aucun
danger:
Le huitième dons continuâmes notre
toute une heure avant le lever
de l’aurore, 8c arrivâmes trois heu*1 ’
res après dans uné plaine , au-delà
des montagnes, proche d’un village
nommé Sigomotrat, eompoféde
10. ou 12. cabanes de jonc, où nous
nous arrêtâmes en attendant le retour
de deux chameaux , qui s’é-
toient égarés. Nous y rencontrât
mes au matin plufieurs païfans aveepaïfan,
leurs femmes , leurs enfans 8c leurFcrian?«
bétail. Ces gens-là habitent en hy-
ver dans les montagnes, 8c l’été dans
les plaines. Ils nous avoient apporté
la veille du pâturage des montât
gnes, qui paroifient vertes : elles
font plus fablonneufes que pierreu-
fes. Il tomba beaucoup d’eau pendant
la nuit, 8c cette pluie fut accompagnée
de grands éclats de tonnerre.
Nous paiTâmes outre, deux
Arméniens 8c moi, trois heures'avant
jour , la nuit étant fi obfcure que
| nous avions de la peine à ndus. conduire,
de forte que trouvant que la
j caravane ne nous fuivoit pas, nous
fûmes obligez de retourner fur nos
pas pour attendre le jour avec elle.
Dès qu’il parut nous avançâmes
jufques aU village de Barfati, à côté
duquel nous nous arrêtâmes dans
une plaine entourée de montagnes,
arrofée de la riviere, dont on vient
de parler. Comme noüs étions fort
mouillez , nous voulûmes nous aller
fécher dans le-village, mais les
cabanes en étoient fi mauvaifes, que
nous fumes obligez de retourner
fous nos tentes; fÉSè village ne
laiffe pas d’être allez grand , 8c à
l ’abri de plufieurs arbres. Il plut
avec tant de violence toute la nuit,
que nos ballots, qu’on avoit pofés
par terre flottoient fur l’eau. Le
tems ne nous permettant pas de continuer
notre voyage, nous retournâmes
une fécondé fois au village, où
il nous fallut changer deux fois de
quartier, ne nous trouvant pas à
l’abri
1703.
1 u Sept.
Tourbes
compo-
fées de
fiente de
chameau
& de vache.
Provi-.
fiçiifè à '
bon marché.
l’abri de là pluie , à caufe de l’ouverture
que ces cabanes ont par en
haut, pour recevoir la lumière. Enfin
, nous fumes obligez de fécher
nos ballots à un feu eompoféde fiente
de chameau 8c de vache. Le onzième
du mois le tems s’étant remis
au beau, nous fîmes prendre les de-
vansànos chameaux fur le foir, 8c
les fuivîmes trois heures avant jour,
le tems étant allez clair, quoi qu’on
ne vît ni lune ni étoiles. Une demi-
heure après , nous traverfâmes la
petite riviere de Barfand, chofeque
nous fûmes obligez de faire 14. ou
15. fois de fuite pendant l’efpace
d’une heure. Après cela nous paf-
fâmes des montagnes élevées, couvertes
de neige, où il faifoit grand
froid; 8c cependant, il ne lailfoit
pas d’y tomber une efpece de bruine.
Le lendemain nous entrâmes
dans les plaines, proche du village
de Noeraloe, compofé de quelques
cabanes .& de tentes- de Tartarès.
Nous y achetâmes de bonnes poules
à trois fols la piece, 8c des oeufs à un
fol la douzaine, outre qu’il y avoit
de bon lait 8c de bon beurre. Après
avoir fait encore une demi lieuë,
nous nous arrêtâmes, entre les montagnes,
dans une belle plaine , fur
le bord de la petite riviere de Siloof,
dont les eaux font claires Sc bonnes.
Les montagnes y font auili très-a- 1703.
greables ; 8c remplies de villages. 1;. S e p t .;
Le tems s’adoucit fur le midi; le fo-
leil difllpa les nuages, 8c nous pôur-
fuivîmes notre route à minuit, pat
un beau clair de lune, au travers des
montagnes 8c dès plaines. Le lendemain
, nous nous arrêtâmes dans
un lieu affez élevé , à 5. lieuës de
l’endroit, , où nous avions paffé la
nuit, 8c à deux lieuës d’Ardevil, où
nous vîmes de hautes montagnes
couvertes de neige. Nous en repartîmes
fur les'8. heures du foir par un
beau clair de lune, qui ne dura guère,
8c auquel fucceda un gros brouillard,
qui continua jufquésfau matin,
Sc nous'fit égarer. Nous arrivâmes
cependant de bon matin au village
d' Adfgarneloe, où nous paffâ-
mes fur un pont compofé de fix arches
, fous l ’une defquelles paife la
riviere deGoeroetsjou, c’eft-à-dire,1
la riviere féche. La caravane s’arrêta Rimera
dans le village, furies 10. heures du
matin, 8c nous allâmes à la ville, où
nous fumes defeendte au Caravanfe-
rai des Arméniens. Le quinzième au
matin le brouillard continuoit encore,
mais il fe dilfipa peu après; 8c
j’envoyai chercher mes balots au village,
parce que nous devions ref-
ter quelque tems en cette ville.
C h a p i t r e XXXV.
Superbe Mezar, ou Maufolée de Sefi Roi de Perfe. Defcription
c/’Ardevil. Beau Tombeau proche de Kelgeran. Départ d'Ai-
I d e vi 1. A" rrivée à' S~amgaL
Omme j ’ai eu une impatience
V j extraordinaire de voir le fu-
perbe Maufolée de Sefi 8c des autres
Rois de Perfe , qui font inhumez
au même lieu, j ’en parlerai a-
vant que de faire la defeription de la
Superbe ville d’Ardevil. Ces tombeaux font
maufolée. proche du Meydoen , place d’aifez
grande étendu ë. L ’entrée en eft
grande, 8c d’une belle architeêture,
voûtée par le haut, 8c les pierres en
font peintes de diverfes couleurs.
On entre par une porte de bois dans
|une belle 8c longue galérie, ad haut
des murailles de laquelle on-voie
plufieurs niches curieufement peintes
de bleu, de vert, de jaune 8c de
blanc , 8c l’on trouve au bout de cette
galerie, une fécondé porte revê-
tuë d’argent, par où l’on entre dans
un appartement magnifique, à la
droite duquel il y a une grande fal-
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