1703.de la mer Cafpienne, chofe necefiai-
1 1 . Juil. re à caufe des grandes fechereffes
qui furviennent en ces quartiers-lâ.
J e pris congé du Gouverneur à quatre
heures après midi,8c lui.rendis
mille grâces de toutes fes bontez.
Lors que je fus de retour, à mon
logis , il m’envoya encore trois
bouteilles cachetées d’eaiix1 cLiftil»-
lées. Je m’embarquai enfin , fur une iri jë r
petitei barque.., accompagné de 9. Départis
îoldats, qu’on m'avoit donnez pour1,Autcur'
tranfporter mes ¡effets dans le vaif-
I feàhf Les trois 'Arméniens mesicom-
pagnons avoient ' auflï chacun, une
I barque femblable.
C h a p i t r e XVIL
Raifons pour lefqtielles on infer e en cet endroit laroutequ'a
fuivie Mr. Isbrants Ides en trâverfant la Mofcovie J;sar fe
rendre a la Chine. Son départ de Möicou. Source de la Dwina.
Arrivée de ce Minifire au pais des Syrenes. Defeription
du peuple de cette Province &c. I l s’embarque fur la Kama,
& pajfe ^Europe en Aixe.
1692.
14. Mars.
Îîaifons ■
pour lesquelles
on
infere en
c e t endroit
la
io u te qu’a
fu iv ie Mr.
îsbrants
Ides &c.
LA Mofcovie tient aujourd’hui
. un . rang fi confiderable dans
le monde : elle a tant fait parler d'elle
depuis- un certain tems j & le
Prince qui la gouverne s’eft rendu
fi illuftre par fa conduite, par fes
viftoires & par les foins qu’il prend
de cultiver l’efprit & les moeurs de
fes fujets, en introduifant dans fes
Etats tout ce qui peut contribuer à
leur avantage, que toute i Europe
eft attentive à ce qui regarde ce
grand Empire, & curieufede fa voir
ce qui s’y paile. On auroit de là
peine à en donner une relation plus
circonftanciée, plus fincere & plus
intereffante que celle dé Mr. le
Brun, contenue dans ce voyage.
Cependant, comme il n’en a travede
qu’une partie, on a cru rendre
un fervice utile & agréable au
Public en ajoutant en cet endroit,
la route qu’a fuivie Mr. Ifbrants
Ides , en allant' de Mofc<m: à la Cour
de la Chine., par. la Part arie, pais
peu connu & prefque fauvagei,.en
qualité d’Envoyé extraordinaire de
leurs-Majeftez Czanennesyriz» &
Pierre Alexetiütsi, en, 1692. d’au,
tant plus, que: ce Miniftre a enrichi
la relation de fon voyage de remarques
très-judicieufes- & très-inftruc-
tives-.
Il partit de Mofcou en traîneau le 1692.
quatorzième.Mars'S mais à peine fut- 14. Warsj
il en chemin, qu’il fe mit- à pieu- Son ¥?■
1 - i S S B r P *« de 11 voir avec tant de violence, qu ille Mofcou.
vit expofé. à mille dangers par- l’abondance
des eaux dont il trouva
les chemins- remplis jufques à Wo-
logda, où il relia trois jours pour
fe remettre des fatigues., qu’il avoit
fouffertes, 8c attendre un . tems plus
favorable.- La .gelée ¡recommença
dès le fécond, jour , & fut fi rude
que-tous les chemins fe trouvèrent
paffables au bout de 24.heures, de
forte qu’il continua fon voyage , ler>eWci.
vingt-deuxième pour fe rendre vers Iosdil-
la Suchina, où-il arriva, le vingt-
troifième, 8c s’avança fans.s’arrêter,
jufques.à la ville du- grand UJtiga,
où la. Suchina fit YIrga uniffant leurs
eaux-.forment la fameufe riviere de
Ilw'ina , dont, le, nom figpifie un L a fo u r -
dppble flepvo.-, • r .. ^ !>
La Suchina. coule prefque directement,
vers le nord,, dans. un.terroir
fertile.-- Il y a plufieurs bons
villages bien.peuplés fur fes rives,
8c à 1 gauche une affez bonne ville
nommée Totma. Un grand nombre
de voyageurs defcendent cette rivière
tous- lps. ans ,-, pour fe rendre de
Wologda iArthangel avec leurs mar-
ehandifes, pendant que les eaux
font
Dwina;
qg»z font ouvertes. Cependant, comme
iji .Mais, le. fond en eft pierreux., il faut prendre
foin de pourvoir le. gouvernail
Sc la prouë du vaiffeau de bonne?
planches tant à caufe des.’.écueils
dont cette riviere eft.remplie, qu’à
caufe de la violence de fon cours-';
fans quoi on pourroit. s’expofer à
faire naufrage. .
Le grand , La, ville du grand UJliga eft fituée
uttiga. ^ l’emboùchure de cette rivierei Ce
miniftte fut obligé de. s’y arrêter
, 24. heures , . tant pour fe rafraîchir,
que pour voir les, JVàiwodes, qui
étoienl de fes amis, & qui le régalèrent
.bien. 11 arriva le vingt-qua-
SdWiti- trième à Soloïùitzjogdà, grande vil-
jogda. le, où il y a beaucoup debonsmar-
chands, Sc de très-bons ouvriers en
argenterie, en cuivre.8c en ivoire:
I l s’y trouve au (fi de belles falines,
qui produifent .une grande qùanti-
té dc;fel, qu’on tranfporte à fVol-
logda &c en plufieurs autres endroits,
fais des II en partit. 1 e premier A v r il, 8c
Syrenes. arriva le même jour au pais des
tiondu" Syrenes, ou de JVoll'oJl-Ùfgy. Les
peuple de habitans.,de. cette provincè:Ont une
yince.1 ' langue particulière, qui n’a aucun
rapport; à -la Rufiennes 8c qui approche
bien plus de celle qu’on parle,
en Livjmiei à'cè que. lui dirent
des; gena.de fa fuite qui en;étoieht>
Ils font, de l’églife Greque. 6c fous la
domination de fa Majefté Czarien-
"h e , auquel ils payent les droits ordinaires;
mais fans a voit.. ni. Gouverneur
ni Wavwode. Ils choififfent
leursijuges, 8c lors qu’il fe trouve
des.,.caufesl, que, ces juges ne fau-
rôient .deçidèr ,ailï fe pourvoient à
Mofcou, .oxi Prikaes d e. Pofôlske, ou
bureau, des affaires étrangères. Leur
habillement. 8t leur taille lie différent
guere des autres RuJJÎens. On
croit- qu’ils font originaires des frontières
de LiVonie, ou de Gourlande;
8c cependant ils ne le favent pas eux-
inêmes,ni pourquoi ils parlent une
langue diffetente de celle de toute
la RuJJie ; où ils font peut-être venus
habiter anciennement; par les
malheurs de la guerre, ou par quel-
qu’autre accident, qu’ils ignorent
abfolument. Ils fubfiftent de l’agriculture,
â la referve d’une partie,
qui habitent le long du rivage de 1-6.92.
lairiviérede Zhfpl,. où il fe -trouve i. Ami-,
des p.qleterias .gri-fesP G e -pais- a-en-
viron ¡70. grandes lieues d ’-Allemagne,
de.-long.8c;s’'étend jufqifes-à Kai-
girod. .. Ces gens-làj n’hàbitent gue=
re dans. les villes8c- demeurent'la
plupart dans de petits v-iilagesÿ 8c
dans dès -hameaux-, répandus par
ci pan là dans les bois.
Ge pais' aboutiba-une: grandefo-
rêt .o.ù.'Ce miniftrë fut furpris, une
fécondé fois;-', d’un dêgèl violeritj
& d’une groffe pluie,qui fit-déborder,
en une-nuit les eaux de tous çô-
tés dans les ;bôis,-où Adefta quatre
jours en cet état, fâns pouvoir a-
vancer. ni reci]ler , les: glacesine portant.
plus qifà-peine furies rivières.
Enfin,. il s’èn dira avêri ùnédifE-
culté inexprimable, en fa-i'fânt jet-
tet deslponts-fu-r -Ces rivières, ‘ 8c en
fe fervant deiplufieurs autres expe-
diens , ,8c. arriva- le ' fixième- Avril
bien fatigué 8c-bien mouillé à; .Sbri-Kaigorodj
gûrod, fortèreffe'paffablement grande
, fur la- Kama.
lit aurait bien-voulu-pourfUivré
fon chemin-jüfqu’à Solikdmskoi, cas.
pitale de -la- grande P-erm ef pour
fe' rendre par terre en Syberie-,: en
trayetfancles montagnes de WêrgOr
ju r , mais letdëgel qui çontinuâ-ne
lui permit, pas de le faire: 8c comme
on étoit fur la fin de l’hyver,il
fe trouva obligé de refter quelques
fémaines en cette v ille, en attendant
que la Kama devînt-navigable. ' Il
s’y pourvut cependant dè tout ce
qui étoit neceffairé polir'la continuation'de
fon voyage , 8c pour fè
défendre contre les voleurs, qui fqiit
des courfes-en ces quartiërs-là, dont
la ville de Kaigorod même avoit ref-
fenti les effets , E ‘n’y . avoit pas
long-tems.
- Le Gouverneur de cette ville lraji Èiië eiî
raconta , qu’on y vit defeendre un
jour fur le midi plufieurs barques tés! Pira"
remplies de monde , enfeignes déployées,
tambour battant, s’avançant
vers la ville, où elles ne furent
pas plûtôt arrivées , que ceux qui
étoient dedans fautèrent â terre :
que les habitans.,ne foüpçonnant
aucune furprife , en plein jour, 8c
N j en