1703. le même liem plufieurs plats de ver- chevêque Jean, de l’autre côté de I -.0, -
:o.Avril, meil doré, avec de grands vafes & ]i’ég.life, dansun cercueil femblable 10.Avril,
d’autres vaifieaux de même. Aiant
iatisfait ma curiofité en cet endroit,
je remis au lendemain dimanche, à
voir les autres églifes. J’allai premièrement
trouver Mr. MoefinPoes-
kin, pour lavoir de lui, fi je ne pour-
rois pas voir la robe de Je fus- Chriji ;
mais il me répondit que cela étoit
impoflible, parce qu'elle étoit dans
un lieu féelé (du feau du Czar, fans
un ordre exprès duquel on ne pouau
premier;, Se celui de Philippe dans
un autre. Enfuite, on me montra Reliques
les reliques des Saints; la main deg“nts
Jean Satoejhva ; le crâne & toute
la tête de Grégoire Bogajlovo &c.
Delà , après, avoir remercié le pré-,
tre de la peine qu’il s’étoit donnée,
j ’allai à l ’églife de l’Archange St. L’ëglire
Michel, fort belle en dedans, Sc rem- change"
plie de tableaux comme la préoeden-St- Mite.
Tous les Grands Ducs de. Mof- che1'
voit en obtenir la vûë. Je fus bien covie y font inhumez, dans un mê-
fiché de n’y avoir pas fongé plutôt, me lieu, à la referee des deuxder-
En.fin, je retournai à l’églife de i£«- niers, freres du Czar régnant, qui
pour voir ce qu’il y avoit en
en- font enfemble dans un autre endroit.
core de curieux,
un grand calice d’or d’environ deux
paumes de haut, qui fert à la communion,
On m’y montra ¡ On voit fur leurs tombeaux, qui
font élevez, deshabits magnifiques
de velours rouge à bandes de velours
verd, fur lefquels on trouve,
couronné de quatre beaux
joyaux , & fur le pied duquel on I en cara&eres RuJJiens, leur- naiffanboor
voit la repréfentation des fouffran-
ces du Sauveur du monde en émail :
Un .grand plat de même métal, é-
' maillé comme le calice, garni de
quatre joyaux femblables ; deux af-
fietes 5 une cueiller à manche d’agate;
une pointe d’or .pour remuer le
vin dans le calice , Se une couronne |
toute garnie de perles St de pierreries;
deux autres petits calicesd’a-
gate, auffi enrichis d<e joyaux. Ils
racontent que tous ces joyaux furent
trouvez au fond du tonneau que
ce, leur âge 8c le tems de leur décès,
avec de grandes croix de perles
: Mais rien n’approche de celui
du dernier mort, Ivan Alexewits,
qui eft tout garni de pierres pre-
cieufes. Au fortir de cette églife
j ’allai à celle de Blagomefine ou de Egffe de
l’Annonciation , qui eût petite & l’Annon-
remplie de tableaux comme les. au- ciati^
très. On m’y montra dans une
chambre 36. caifettes d’argent St
quelquesTunes d’or , remplies de reliques
de Saints, qu’on avoit pris
Merveit-vSc Antoine le Rujfkn fit pêcher foin d’étaler fur une longue table,
les de St. par de .certains pécheurs ; lors avant mon arrivée. Il y avoit dans
A n oti- q u ’ i l fut tranfporté .de Rome à la première, dufangdeÿgftr-G&r^,
JSHeugart, aflis fur une meule de St dans les autres, unepetitecroix
” *”’ 1'" " condition qu’il au-j faite de la moulin . vraie croix; une main de
roit tout ce qui viendroit dans les
filets. Après cela, onmemontraun
grand livrequ’on porteen proceffion
en de certaines fêtes, lequel eft garni
de pierreries, & rempli de peintures
de 1 l’Ecriture Sainte , dont
tous les caractères font d’or. Tout
l’Evangelifte St. Marc ; quelques
loffemens du Prophète Daniel Sc
d’autres Saints , reffemblant à des
momies ; pLufieurs têtes & d’autres
¡ reliques fort brunes. Après m’a-
| voir montré tout cela , on voulut
me mener encore en d’autres églicela
fe garde feparément dans des fes , mais ma curiofité étant fatis-
étuis de velours rouge. On me fit faite,
voir ausfi le corps de l’Archevêque
Pierre-, dans un cercueil d’argent,
avec fon image en bas relief fur le
haut; un petit lambeau rouifâtre de
la.robe deJJks-GhnJi, don ton vient
de parler, gardé dans un étui couvert
de verre ; le corps de l’Arje
m’en exeufai St remerciai
mon conducteur de la peine
qu’il s’étoit donnée , Se ries autres
de la grâce qu’ils m’avoient faite,
chofe très particulière & peut-être
fans exemple en ce païs-là.
Le quinzième de ce mois j ’allai,
avec Mr. Poppe , rendre vifite au
ICnees,
1703. Knees, Bories Alexewitz Galietfen,
ïÿ.ÀvHi.à une jolie maifon de campagne,
qui éft à 5. mrftes de Mofcou. En
y allant nous paifâmes par les belles
terres du Kneesj Mighaile Ser-
kaskie, le plus riche de tous les Princes
de ce païs-là, 8t fi puiilant,
qli’outre tin grând nombre de villà-
ges, dont il eft feigneur, il a plus de
20000. paifans fes vaffaux. Nous
trouvâmes le A»ew,que je priai de
m’accorder un paffeport du bureau
ou Prikaes de Cafan, dont il
étoit Vice-Roi auffi bien que d'Af-
tracan. Je fis cela, parce que Mr.
Poppe- m’avoit averti , que le gouverneur
de Cafan Sc celui à'Afra-
can, n’auraient aucun égard pour
un paffeport du Prikaes de Pojjolfch,
Sc pourraient m’empêcher de pour-
fuivre mon voyage. Le Knees Bories
en convint St fit expedier, à
la confideration de Mr. Poppe, qui
étoit fon ami, le paffeport que je
fouhaitois, 8t écrivit même fur ce
fujèt aux gouverneurs de Cafan
& d’AJlracan, dont nous le remerciâmes
& prîmes congé de lui. I l y
avoit quelques mois que ce feigneur
avoit été à Cafan, par ordre
.du Czar,poury accommoder un dif-
Differendferend furvenu entre deux Princes
Part ares pere St fils, dont voici le
Princes fujet : Le pere aiant trouvé chez
.Tartara. yon gis une certaine femme, dont
il.fut charmé, la fit enlever. Le
fils outré de ce procédé, déclara la
guerre à fon pere 8t fe mit en campagne
à la tête de 20000. hommes.
Lepereenaffemblaàla hâte 40000.
' de fon côté, St ils étoient prêts à
en venir aux mains lorfque le Knees
Bories y arriva, qui les accommoda.
Le Prince Tartare lui fit pré-
fent, entre plufieurs autres chofes,
d’une piece de greffe toile qui ne
brûle & ne fe confirme point au feu.
Ce feigneur en avoit donné une
partie à Mr. Poppe , qui m’en fit
part. Il me dit qu’elle avoit été faite
au Katai, entre la Chiné Sc le
T o ile
fmguliere.
Boggaer, St qu’il s’y en faifoit en- 1703.
core. J’ai auffi apporté autrefois,.15. Avril,
de l’Ifle de Chypre la pierre Amiante
, qu’on réduit en filace, 8c qui
ne fe tonfume pas non plus au feu :
On en faifoit de la toile au tems
paffé,mais cet art s’eft perdu. Pline
fait mention d’une toile pareille,
auffi bien que quelques modernes,
qui ont traité des antiquitez Romaines
, & de l’ufage des lampes dans
les anciens tombeaux.
; Le feizième , je dînai à la ville
chez Mr. Poppe, 8t m’en retournant
à la Slaboae, je vis que le feu
avoit pris à un certain endroit, où s
je me rendis pourvoir comment on
s’y prenoit pouf l’éteindre : mais ils
ne font rien que renverfer les mai-
fons voifines.
Mes paffeports aiant été expédiez
, je me préparai au départ en
compagnie d’un marchand Arménien
nommé Jacob Daviedof, qui a- .
voit fait le voiage d’Ifpahan en Hollande
, Sc s’étoit arrêté quelques
tems à Amfterdam. Nous convim-
mes de partir le vingt-deuxième Sc
de defeendre la riviere jufques à
AJlracan. J ’employai le tems qui
me reftoit à prendre congé de mes
amis, Sc particulièrement de Mr.
Vanàer Hulfl notre réfident St de
Meffr. Brantz Sc Lups, auxquels
j ’avois mille obligations, St particulièrement
à Mr. Coyet, lequel
étant parfaitement bien inftruit de
la langue St des maniérés du païs,
m’avoit donné des lumières qui me
fervirent beaucoup dans la fuite de
mon voïage. Je partis de Mofcou Départ di
fur le midi, 8t ne pouvant trouver
de barque pour me conduire à bord
du vaiffeau fur lequel ŸArménien
s’étoit déjà embarqué, Sc qui étoit
defeendu jufques à Matsko pour
paffer par deffus les fables, pendant
que les eaux étoient hautes, je fus
obligé de louer trois chariots pour
m’y rendre.
C h a -