1 7° 3- pouvant refifter à la violence des
iis. Mâi. eaux ^ qUj tornijent des montagnes
de tems en tems. Outre que le terrain,
qui eft deffous la Îuperiîcie
de la terre , eft fi pierreux 8c même
fi rempli de roche vive en plufieurs
endroits , qu’on n’y peut pénétrer.
Tout cela a obligé l’entrepreneur
à defifter de ibn entreprife
pour prévenir le chagrin qu’il en
auroit pû recevoir.
Nous étions parvenus jufqueslà,
en nous fervant très peu de notre
voile, à la faveur de la violence du
cours de la riviere, 8c à force de
rames,en faifant environ 120.werf-
tes par jour, c’eft-à-dire en 24. heures.
Le dixfeptième au matin noils
traverfâmes la riviere de Bobloclea,
à 90. vuerftes de la derniere ville où
nous avions paifé, 8c nous y rencontrâmes
une grande barque, dit'
Ç zar, laquelle venoit d’AJiracan.
Je defiïnaien cet endroit une vue:
qu’on trouvera au num. 30.
Sur les onze heures, nous eûmes
une violente tempête, qui yenoit
des montagnes , 8c fûmes obligez
d’emploïer deux hommes à chaque
rame, lefquels ne laifioient pas d'avoir
bien de la peine à empêcher la
.barque de'donner .de.l’autre côté à
gauche. Nous fûmes même obligez
de l’attacher à des arbres , qui
étoient dans l’eau au pied des montagnes
, mais le tems s’étant éclairci
une heure après, nous continuâmes
notre route, & trouvâmes à
gauche la grande Ille, nommée A-
Alinda- linda-Loeka. La montagne avance
Loeka, tellement en pointe vers cette Ille,
que le paffag&y eft fort étroit. Cet
endroit eft à ¿oh'werjtes de Zaritfa.
Un coup de vent nous jetta contre
•terre peu après , mais notre barque
ne fut pas long-tems à remonter
fur l’eau. La tempête augmentant
toujours par un vent d’eft,
accompagné de beaucoup de pluie,
nous fûmes nous mettre à l’abri des
montagnes fit attachâmes une fe-
’conde fois notre barque à des arbres.
Enfuite, nous allâmes à terre
dans la chaloupe , la barque n’en
pouvant approcher faute d’eau. On
y fit bon feu pour préparer la cuifine.
Pendant que les autres y é» 1702.
toient occupez , je.montai fur la 17* M»i.
montagne, pour y chercher .des ’
fleurs Se des herbes, mais tout y
étoit brûlé 8e flétri. Outre cela xi
faifoit fi grand vent, qu’on avoit
de la peine à fe foutenir, & cela
m’obligea à m’en retourner au plus
vite. Je trouvai en chemin fur les
herbes 8e fur les plantes flétries du
rivage,des papillons,bleus par dehors,
& d’un gris bleu marqueté
par deflous. J ’en pris un, 8c quelques
autres de différentes couleurs,
que j ’emportai à caufe de leur beau
coloris, 8e de leur fingularité.
Le tems continua de même, avec
un grand froid, jufques fur les 8.
heures du foir , que le vent baiffa
& nous devint favorable. Nous appareillâmes
immédiatement Sc arrivâmes
à 2. heures du matin à Za- La villa
ritfa , où nous reftâmes jufques au &!Zar^
matin dix-huitième, & continuâmes *
notre route au lever dufoleil. Cette
ville eft fituée fur une montagne
allez baffe, petite d’enceinte &me
parut quarrée , avec une muraille
de, bois flanquée de tours. Le
fauxbourg .s’étend fur le rivage,
8c en partie autour de la ville.
La principale églife eft de pierre,
mais elle n’étoit pas encore achevée:
les autres; ne font que de bois,
8c ne fe voient qu’à peine. • J ’en fis
le deffein en paffant à côté , comme
on le voit au num. 31. Elle eft
à la hauteur du 48. degré 23. minutes.
Depuis là jufqu’à AJiracan,
011 trouve dans. les bois beaucoup '
de regliffe, dont la tige a 3. ou 4,
pieds de haut. L ’ifle de. Serpinske, VÉ&i*
qui a iz.werjies de long eft un peu j^rpini' ‘
au-delà. Il y a derrière cef-te , ifle
un canal de communication entre le
Don 8c le Wolga, que l’pn dit qui
ne porte point de barques, 8c que les
RuJ/iens nomment Serpinske, comme
l’ifle. Enfuite les montagnes difi-
parfirent à nos yeux, ,8c nous nous
trouvâmes fur les 10. heures à ,60,
fer de Zaritza, paffant encore
à côté de plufieurs ifles, Cependant
les montagnes s’éloignoient déplus
en plus de nous , s’étendant dans
le pais jufques à Tzenogar, dont
J7&, noiis étions encore à 40. werjies, la
iS. .Mai. riviere aiant 3. à 4. voerjies de large
ïiogàr.
en cet endroit. N ous eûmes après
cela le vent en poupe, mais fi violent
que nous eûmes bien de la peine
à empêcher notre barque d’aller
donner contre terre. Une de nos
chaloupes donna même fi rudement
contre le gouvernail, qu’on fut o-
bligé d’en couper la corde 8c de la
laiffer couler à fonds. Cependant
on auroit pû prévenir cette perte,
puis qu’il n’y avoit qu’un moment
que j ’en étois forti y aiant vû entrér
l’eau,' pour en tirer un chien de
chaffeque j ’avois 8c le mettre dans
l ’autre'chaloupe, qui étoit plus
grande 8c meilleure. Il s’y mettoit
même des paffagers pendant la nuit,
la grande barque ne pouvant les contenir
tous. Nous arrivâmes , au
La ville coucher du foleil, à Tzenogar, à
& Tis- 200. werjtês de Zaritfa, le vent
nous aiant faVorifé ce joùr-là. Cette
ville eft à 300'. voerjtes di AJlra-
can fur une montagne à la droite de
la riviere. La première chofe qui
s’y-offre à la vûë eft un corps de
garde, dont on ne voit que le haut.
On en trouve un femblable de l’autre
côté, de bois, 8c en forme de
lanterne. La ville eft petite, 8c
ceinte d’une muraille de bois flanquée
de tours. Il n’y a rien de remarquable
au dedans, 8c que f -, ou
8. méchantes maifons furie rivage.
Les Ru/Jiens voulûrent y aller, à ce
que je croi, pour diftribuer aux pauvres
quelque argent qu’ils avoient
àmaffépendant le mauvais tems. Le
vent étant fort 8c le cours de la riviere
violent, nous pouffa affez loin
au delà de la ville, 8c nous obligea
de mouiller l’ancre, mais le cable
qui n’étoit pas affez fort fe caffa.
Je l ’avois bien prevû 8c avois con-
feillé aüx matelots de ealler la voile
avant d’approcher de la ville, 8c
d’y aller à la rame. Le rivage é-
tant efcarpé il fallut que les mate*
lots fe miffent dans l’eau pour tirer
la barque à terre avec des cordes. I
Enfuite ils fe fervirent de la cha-1
loupe pour allfr à la ville, pendant
que nous reftâmes à l’abri des montagnes.
J ’y allai auiïï, mais on ne
voulut pas me laiffer entrer parce 170^»
qu’il étoit tard , 8c les foldats af- Mai.
fiftez des païfans nous fermèrent la
porte au nez. Il eft vrai qu’ils nous
apportèrent du pain , de la biere,,
du lait 8c des oeufs à vendre. Tout
le monde étant revenu à bord , on
chercha l’ancre inutilement pendant
la nuit, 8c on ne la trouva qu’après
qu’il fut jour. Cette ville n’eft
habitée que par des foldâts, qu’on
y tient pour s’oppofer aux courfes
des Tartares'Kalmucks, qui viennent
quelquefois enlever le bétail
8c courent jufques à Samara. Le
dix-neuvième nous continuâmes notre
route à force de rames, le vent
étant contraire. Nous vîmes en paffant
des montagnes efcarpées, vertes
fur le haut, 8c les cotez fablon-
neux. La riviere avoit un werfte de
large en cet endroit. Enfuite nous
trouvâmes une grande bonde oupê-,
che à 80. werJtes de Tzenogar. Ellefe
nomme Kajlarskie , 8c le poiffon y
eft admirable. Nous y vîmes aufli
un golfe où le Wolga s’étend bien
avant dans les terres. Après avoit
fait encore 1 z^. werJtes nous mouillâmes
pendant la nuit, 8c continuâmes
notre route le vingtième à la
pointe du jour. Le vent étant bon
nous avançâmes fur le midi jufques
à 100. werJtes à’AJiracan. Nous y
doublâmes une pointe, où la riviere
tourne avec une fi grande rapidité
, qu’il s’y perd fouvent des barques:
elle y a plus de 40. braffes
de profondeur. Un peu plus loin
nous trouvâmes beaucoup de canards,
8c une Ifle qui a 10. werJtes
de long, dans un endroit où la riviere
eft fort large. Il y avoit une
garde de 30. foldats à la pointe de
cette Ifle , logez dans 3 ,ou 4. cabanes
, où toutes les barques font
obligées d’aborder. Pendant que
nous y étions , il paffa de l’autre
côté de. la riviere , deux barques,
qui venoient d’AJiracan. Les foldats
les aiant apperçuës les fuivi--
rent dans une chaloupe à voile. Il
y avoit auiïï deux grandes barques
à l’ancre, deftinées pour Cafan,-
Nous n’y reftâmes qu’une heure, 8c
vîmes de loin des montagnes qui
M HN s’éten-*