1706.
4 . Dec.
au bourg de May-ien, après une traite larmés 5 8c enfuite plufieurs Cara- 1706.
de 5. lieues. J’y trouvai un feigneur\vanes, 8c arrivâmes fur les 3. heu- 4- Dec, -
Perfars, avec une grande fui te, pour- res au Car avancerai de Dedergoe, à
vue d’atmes à feu,qu’il me fie voir, 7. lieues de celui, où nous avions,
mais fans être chargées, & n’aiant paffé la nuit. Nouspaffâmesle lenquoi
que de méchantes pierres
demain à côté d’ùn Château démol
qu’il en eût de bonnes fur lui.
i li , dans un lieu rempli de petites
me montra enfuite un beau mouf- c o l in e s& puis par des montagnes
queton fait en Europe, auquel jeid’un accès difficile , où nous fûmis
une bonne pierre à feu. Je lui mes fouvent obligez demettrepied-
— 'à terre, 8cdëfcendîmes,enfuite, a-‘
vecune peine inexprimable, dans la'
plaine de Jes-dagaes, où nous allâmes
nous repofer au Caravanferai de ce
nom, étant fort fatiguez, quoi que;
nous n’eûilîons fait que 7. lieues de
chemin. Le lendemain nous arrivâmes
fur le midi à Magfoebegi, où
je trouvai Monfieur de S. Jean,
qui venoit â’Ifpahan, Sc alloit à
Gamron en qualité de Dire&eurde
la Compagnie Anglôife, accompa-
|gné du Seigneur Francisco, qui â->
voit le maniement des vins de cet*.
iis voir aufli mes armes, qui con
fiftoient en un bonfufilSc deux paires
de piftolets, l’une à l’arçon de
la felle, & l'autre à la ceinture. Ce
feigneur partit peu après pour Zjie-
raes; 8c comme la Caravane, qui
m’avoit accompagné la veille, n’a-
vançoit pas allez à mon gré., je
pris les devans, 8c traverfai un rocher
, dont les chemins étoient fi
mauvais, que je fus obligé de def-
.cendre &c de mener mon cheval par
la bride. Un de ceux qui portoient
mon bagage.. fe renverfa même
deux ou trois fois. Je rencontrai en te Compagnie à Zjie-raes. 11 conce
.lieu-là trois voyageurs, qui al- tinua fon voyage pendant la nuit,
loient auffi à Ijpahan, 8c étant par- avec la Caravane, & moi le mien ,
venus au bout du rocher,nous def-
cendîmes dans la plaine, & arrivâmes
fur les 3. heurës au Caravanferai
à'Oedsja, après .une traite de 7.
lieüës. Nous continuâmes notre
voyage à la pointe du jour, & trouvâmes
la furface de l’eau gelée, dans
une belle plaine bien cultivée &
remplie de villages, 8c nous arrêtâmes,
au bourg d AJfepas, à 5. lieues
de l’endroit où nous avions paffé
la nuit. Nous y trouvâmes une
Caravane chargée de vin,pour notre
Direéteur à Gamron; Sc en repartîmes
avec le jour. Nous y vîmes
une quantité prodigieufe de
petits oifeaux, dans un champ fe-
mé de ris, & un peu'plus avant
dans un lieu marécageux, des be-
caffines, des canards, des vaneaux
& des cicognes, 8c nous arrivâmes
de bonne heure au Caravanferai de
Koes-kiefar, après une traite de 7.
lieues. Nous traverfâmes le lendemain
une belle- plaine labourée,
remplie de villages 8c de petites
à la pointe dujpur, par une’ belle
plaine remplie de beaux jardins mu-
rez 8c de colombiers , jufqu’à Co-
minsja, grand bourg, a côté duquel
il paife une riviere,8c qui eft pourvu
de plufieurs Car avancerais des.
plus commodes. Le jour fuivant je
traverfai une autre plaine , au fil
remplie de jardins 8c de maifons,
avec un canal qui conduit à Ma-
jaer; où nous arrivâmes à 2. heures
après midi, après une traite de
6. lieues. J’ydemnaile dedans du
beau Caravanferai de ce nom, de
la fenêtre de ma chambre , qui
donnoit fur la grande porte. On
a déjà parlé du dehors 8c du païs
d’alentour , dont on a même fait
une planche. J ’en partis à la poin- '
te du jour, 8c paffai à côté de celui
de Mierfa-elrafa , qui en eft à
2. lieues, 8c à 3. à’Ifpahan,oi\ j ’ar- Arrivée!
rivai fur les 3. heures après midi.U»1““'
J ’allai defeendre au Couvent des
Capucins, où je fus très-bien reçu
du pere gardien. Je choifis cette
coiines, où nous rencontrâmes quel-retraite pour être en repos, outre
ques Seigneurs Perfans avec une que je n’ayois pas deffein de m’ar-
fuite de .25. perfonnes , tous bien’rêter long-tems en cetteville. J ’appris
pris à mon arrivée que le Roi en
étoit parti le 28. Août, 8cqu’il s’é-
toit arrêté à fon jardin de Sadets-
abaet, jufques au 16; Septembre,
8c enfuite à celui de Koes-gonna, 8c
le 24. à Douwlet-abaet, à 3. lieues
de cette capitale, accompagné de
tous les grands de fa Cour, 8c de
fes concubines. Le principal but de
fon voyage étoit d’aller v'ifiter les
frontières du Royaume, à la maniéré
des anciens Rois fes prédecef-
feurs. Il avoit laiffé en fon abfence
le gouvernement de l’Etat, à l’eunuque
Sefi Coelic Aga, avec une autorité
abfoluë.
Le lendemain de mon arrivée,
Monfieur le Directeur Bakker me
fit l’honneur de m’envoier fon mai-
tre d’hôtel, pour me féliciter fur
mon arrivée, 8c m’inviter à dîner
avec lui, dont je m’exeufai, avec
promeife de lui aller rendre mes de-
,T o m . II.
vôirs fûr le foir. Il me reçut avec
de grands témoignages d’amitié,
8c m’offrit un appartement chez lui,
dont je le remerciai 8c m’en retournai
au couvent.
Le jour fuivant j ’allai rendre vi-
fite à Monfieur Lock Agent à!Angleterre
, qui eut pareillement la
bonté de m’offrir fa maifon. Mes
amis me vinrent fouhaiter la bien
venue ce jou r -là , 8c entr’autres
Mr. Jofeph , Médecin 8c Chirurgien
Italien,arrivé à.IJpahandepuis
mon départ pour les Indes.
J ’écrivis enfuite à mes amis a. Batavia
, 8c particulièrement à Monfieur
Kaftelein,&c au Baron de La-
rix , par un Courier qui alloit à
GamrontLvec des dépêches J ’allai me
divertir après cela à la Campagne
avec Monfieur le Direêteur, au jardin
de Koes-gonna, où le Roi s’étoit
arrêté quelque tems avant fon de-
I D.dd part.