yant, à caufé du mauvais tems, & | paffânaes encore la nuit à la belle 1707.
, r nous arrêtâmes fur le bord d’un ruif- étoile, & fans eau. Le dernier jour
feau ,où l’on nous apporta des pro- [du mois nous en trouvâmes de.bon-
v,lions de Baesje-Zakoran, à l’en-- ne. dans les montagnes : elle fortoit
Endroit trée des terres de Mogan. Comme ! des.rochers, 8c nous arrivâmes fur
rempli de ies païfans de ce quartier-là paffent ! le foir à Samachi. J’y allai faluer Am-véeà
voleurs. r de grancjs volëurs , nous fi- ! un .Seigneur Rujften nommé Bories amaclu'
més bonne gar.de 5 & traverfâmes le j Fedowits, que j ’avois connu à AJtra-
lendemain la -riviere de Balharoe-, \can, .ox\ il avoit un regiment: il é-
dont le cours eft- fort rapide , 8c toit alors Çonful en cette ville, 8c
nous la côtoyâmes. même allez long me fit mille honnêtetez, en me di-
tems, trouvant par tout des tentes j fant qu il etoit fur le point de re-
Sc du bétail:-nous y rencontrâmes tourner à Afiracan par la.voye de
auffi une Caravane qui venoit de j Niefawaey, Sc que nous pourrions
Samachi, 8c alloit- à lfpahan. On ¡faire le voyage de compagnie. .
ne peut rien voir de plus agreable Les Fer fans commirent en ce Violent«
que-les prairies émaillées de -fleurs tems, là de grandes violences contre'“ ^™“
qu’on trouve fur- les bords de cet- les Jefuites,dont ils voulurenrdemo-Perfans.
te riviere: nous y finies paître nos lir le Couvent:; mais il arriva,-par
chevaux; chofe affez extraordinai- bonheur, en ce moment, un de ces
re en ce païs-là. Le jourfuivantles peres, qui étoit bon médecin 8c fort
' ' ’ connu du peuple , lequel fut affez
éloquent pour leur perfüader de s’en
Malheu-
reufe
chute
d ’un Per-
fan.
^Arméniens folemnizérent leur pâ-
que, aiant fait proyifion d’un agneau
pour cela. Enfuite, nous continuâmes
notre voyage par un très-beau
tems.
Un marchand Perfan de notre
Caravane tomba de cheval 8c fe caf-
r fa toutes les côtes y dont il perdit
immédiatement la parole 8c le fen-
timent. On fit tout ce qu’on put
pour le fauver, en lui appliquant
de la Mamie, dont il n’y avoit que
moi qui fût. pourvû, mais inutile,
ment: il mourut pendant la nuit,
8c on le fit tranfporter à Ardevil
pour l’y mettre en terre.
Le vingt-feptieme nous n’avançâmes
que 2. lieues 8c fumes obligez
retourner chez eux, fans avoir exécuté
leur èntreprife. Ils y revinrent
cependant une fécondé fois , mais ■
fans faire de mal. Au refte ces for-,
tes de violences arrivent tous les
jours par la moleffe du Gouverneur,
qui eft un homme entièrement abandonné
àfes plaifirs 8c au vin, qu’il
prétend que le Roi lui a permis de
boire. Cet exemple, que ne manquent
pas de fuivre les habitans, eft
caufedecedefordre, 8c fait que les
étrangers y font expofez à toutes
fortes d’avanies, 8cnefauroientpaf-
fer les rues fans qu’on leur jette des
pierres à la tête. Cela m’obli-
de refter en rafe campagne. Com- I gea de garder la chambre tant que
me l’air étoit fortferain, nous eû- je reftai en cette v ille ,; 8c cernes
le plaifir de confiderer attend- pendant on ne laiffa pasdem’inful- .
vement les montagnes du Schirwan. j ter ; 8c cela fe fait impunément, la
Le lendemain, vers les 8: heures, juftice n’étant nullement obfervée;
nous arrivâmes fur les bords du ICur au lieu que le precedent Gouverneur
& de V Aras,à. l’endroit où ces fieu- étoit un homme équitable , qui fe
ves unifient leurs eaux. T’y trouvai faifoit 1 j • _c rainrd. r~ei , 8c re¡mrirp liffo*_it_ l*es
le rivage bien changé , tous les
joncs, qui empêchoient d’en approcher,
en aiant été ôtés. Nous
paffâmes la journée à tranfporter
nos bagages de l’autre côté,
comme nous avions fait en venant.
Le vingt-neuvième nous avançâmes
confiderablement le long de la ridevoirs
de fa charge. Un autre inconvénient
contribue à cette licence,
c’eft que les troupes ne font pas
payées 8c ne vivent que de rapine.
Les Mofcovites, qui y habitent, font
expofez aux mêmes violences, 8c ne
manquent cependant pas de repré-
fenter affez fouvent avec combien
viere au nord, 8c enfuite à l’eft,8c ^defacilitéleCzar pourrait s’en vanger,
W K Ê ger, en faifant une invafion en ce
Avril, quarder-là : à quoi ceux-ci répon-
_ dent qulils-n’en feraient pas fâchez ?
8c qu’ils feroient plus hêureux fous
fou gouvernement , que fous celui
de leur Prince naturel. Ils déclarent
même ouvertement qu’ils ne fie
défendraient pas , 8c prient MahoA
met que cela arrive ; aufli fuis-je per-
' fuadéquele Czar en viendrait facilement
à-bout. Cependant c’eft un
gouvernement conliderable 8c qui
rapporte de gros revenus, en deçà de
Y Aras, qui le fepare des autres Etats
de la Monarchie de Perfe. Ceux qui
proviennent des foyes de Gitan, des
cottons 8c du faffran font affez con-
- nus. Outre c.ela le terroir produit
de très-bons vins rouges. 8c blancs,
forts à la vérité, mais! très-agreables
avecdel’eau, 8c fur tout lès blancs ;:
Païs fer- de très-bons fruits, favoir despomtiie
mes, des poires, des châtaignes 8cc ;
de beaux chevaux Sc du bétail. En
un mot c’eft un beau 8c bon pafc, qui
. eft très-fertile du côté de-la Géorgie:
JP à la vérité il n’y a pas affez de monde
pour le bien cultiver. Cependant ^ j -
il abonde en gibier en ris 8c en se/Avril,;
.grains, Sciepam y eft excellent-r-Gu- -
tre cela f'ïl y a un beau port à Baggu,
Les Gouverneurs de cette Province -
ne manquent pas auflî de s’y enrichir
enpeudetems. Au refte, elle ferait
fort à la bienfeance de fa Majefté
Czarienne f étant contigue à fes E-
tats, 8c fort avantageufe à fes fujets,
qui y négocient depuis long-tems.
U lui ferait même très-facile de la
conferver, après en avoir fait la conquête,
en y faifant élever quelques
fortereffes.
J ’écrivis à mes-amis, d’Ijpahan a-
vant mon départ de cette ville, 8c
donnai mes lettres àujéfuite, dont
j ’ai parlé, duquelj’ai reçu mille hon-
nêtetez : aufii ne faurois-je m’empêcher
de plaindre fa.deftinée , 8c
celle de fes confrères, qui font obligez
de vivre dans un lieu, où ils font
expofez aux, yiolences d’une pôpu-
lace-infolente 8c implacable contre
Tés Chrétiens.
C h a p i t r e L X X X I I I .
Départ de Samachi. Arrivée d Niefawaey. Départ de
Niefawaey; arrivée d Aftracan.
Départ T E partis de Samachi le vingt-qua-
de Sama-J trieme Mai furlefoir, lè Coufu.1
ch'’ Rujpen 8c ceux de fa fuite aiant pris
lesdevans. Je les trouvai dans les
montagnes, à une lieuë de la ville,
avec plufieurs Arméniens, 8c quelques
Indiens, 8c nous commençâmes
| mesune fécondé fois; puis nous paf-
fâmes la nuit fur le rivage, après une
traite de 8. lieues. Delà nous entrâmes
notre voyage à la pointe du jour, paf-
fant à côté d’un bâtiment démoli,
qui reffembloit à un ancien monument,
étant rempli de tombes. En-
fuite, nous traverfâmes une riviere,
quelques canaux 8c des montagnes,
couvertes de petits arbres fauvages,
8c de plufipurs plantes vertes,8c nous
arrêtâmes à 8. heures du foir fur le
bord d’un canal. Le lendemain nous
fuivîmes le cours de la riviere juf-
ques aux montagnes, 8c la traverfâ-
dans une plaine, qui donne fur
la mer Cafpienne , d’où nous vîmes
I plufieurs villages dans, l’éloigne-
ment; des terres labourées 8c d’autres
inondées ; 8c fur les 7. heures
nous apperçumes les dunes 8c la mer
même. Nous la côtoyâmes vers le
foir, 8c traverfâmes un petit golfe
| qu’elle forme dans les terres, où je
trouvai plufieurs pierres de touche;
Sc nous arrivâmes fur les 1 o. heures à
Niefawaey, où nous rejoignîmes les Anivleï
Riijfens, qui avoient pris un autre-Niera'
chemin. Nous y trouvâmes 6. bar- m 5‘
ques Rujfiemes, 8c plufieurs tentes
furie rivage., fous, lefquelles il y a-
F f f 3 voit