I 7° 5-
8. Aoû t.
170^.
. 9. Aoutt
G H A P I T Ê E L V I I L
Départ de Zjie-raes. Jardins fruitiers fertiles. Retraite de Payens.
Arrivée a Jaron , & fa fituation. Abondance de dattes ère.
Pijlachiers fauvages&Térebinthes. Ruines d'anciennes forteref-
fes. Vents chauds. Arrivée d Laer.
Depart
de Zjie-
raes.
X T O u s partîmes fur le foir, èc
traverfâmes une partie de la
plaine, & le pont de pierre de Pol-
fajja, en partie renverfé , fous lequel
il n’y avoit point d’eau, à eau -
fe de la grande fcchereffe. Au milieu
de la plaine , 8c proche de ce
pont, il y a une montagne feparée
de toutes les autres , laquelle nous
laiifâmes à gauche, 8c arrivâmes à
minuit au Caravanferai de Babba-
had-jie, à 5. lieues de Zjie-raes.
Le neuvième au matin Mr. Kafte-
lein eut un accès de fievre, qui nous
obligea de nous arrêter dans un jardin
, après une traite de 4. lieues.
Nous paifâmes en y allant à côté!
de plulieurs maifons deplaifance&
de beaux jardins , 8c entrâmes en-
fuite dans les montagnes, d’où l’on
voyoit Zjie-raes au bout de la plaine.
Delà, nous nous rendîmes au
village de Paroe, à une demi lieue
du grand chemin , où étoit le jardin,
où nous devions nous arrêter,
à côté duquel il y avoit Une petite
riviere , où nous trouvâmes des é-
crévices. La plupart des habitans
de ce quartier-là font âniers. Nous
continuâmes notre voyage le lendemain
après-midi, fit arrivâmes fur
les 9. heures au Caravanferai de
Mojje-farie. Nous y allâmes immédiatement
à la pêche aux flambeaux,
8c y primes des carpes 8c des écre-
vices. Ce qüartier-là eft rempli de
villages , dont les habitans étpient
dans les champs fous des tentes, le
long de la riviere , avec leur bétail.
Nous pourfuivimes notre chemin j
à 6. heures dit matin , 8c paifâmes
à côté d’un village d’une longueur
extraordinaire, dont toutes les mai-
fons étoient faites de jonc , nous
traverfâmes enfuite des montagnes
pierreufes , 8c nous arrêtâmes au
Caravanferai de Paey-ra, entouré
de villages, à quatre lieues de l’endroit,
où nous avions paifélanuit.
La campagne y étoit arrofée d’une
petite riviere, 8c les montagnes remplies
de faules 8c de figuiers fauva-
ges, auifi-bien que de fauge. Les
figues de ces arbres-là n’étoientpas
mauvaifes, mais très-peu colorées.
Le douzième nous continuâmes
notre route, rôt trouvâmes en che-
min de gros monceaux de pierres:
on voulut nous perfuader que c’é-
toient les débris d’une ancienne ville
, mais je n’en pus découvrir aucuns
des fondemensi On voit un
grand nombre de villages. 8c de jardins
à droite vers les montagnes.
Il étoit onze heures du foir, lorf-
que nous arrivâmes au Caravanf-
rai d’Às-mongeer , après avoir tra-
verfé des cohnes 8c des montagnes
pierreufes , avec quelques vallées.
Le treifième , on nous apporta des .
montagnes, quantité de figues, de
raifin 8c de citron® Je trouvai en chatfau-i
cet endroit un petit chati de mon- «£=•
tagne, de la couleur de ceux de l’Ile.
d.e. Chypre , qui avoit les jambes
longues, les oreilles drcifées, 6c auiîï
affez longues , 8c la queuë d’un rat :
mais j ’obfervai, lors qu’il fe lechoit,
qu’il n’avoit pas la langue fi pointue,
que les chats ordinaires.
Nous pourfuivimes notre chemin
à 6. heures du matin , 8c paifâmes
encore à côté de plufieurs jolies
maifons 8c de beaux jardins, où nous
nous repofâmes à l’ombre, après
une'
l70- une traite de 3. lieues , le foleil é-
13. Août, tant fort ardent, 8c plufieurs de
Ancieri-,.
nés g r o ttes.
•fifos gens incommodez. Ce jardin
eft fitué dans le bourg de Ta-
da-moen,, qui ne fubiiftc que de
fies jardins , qui font remplis de
grenadiers, d?orangers , de figuiers,
de pêchers 8c de palmiers , prefque
tous.chargez dê fruit en ce teins,
là. Nous-y trouvâmes aufli beaucoup
de melons , l’eau quj abonde
en ce quartier-là , y fiaifant croître
les fruits, à foifoü : on les tïanfpor-
■ te ïi lfpahan -, 8c homme ce lieu-là
eft entouré de ¡montagnes j on le
prendroit dé loin pour un boisi'ûv
.On trouve à une demi-lieuë de-
' là j dans dét- rochers efcarpés , un
grand nombre de grottes, que j ’allai
voir le quatorzième, après quela
grande Chaleur fut paifiée. Je trouvai
devant ces grottes qüelquesreftes
d’un mur de pierre Bien cimenté,
8c un petit fentier dans l’endroit le
plus efearpé du rocher, qui fort des
montagnes à droite 8c à gauche. Il
paife dans la vallée , qui eft entre
ces montagnes, une riviere, autour
de laquelle il faifoit grand froid.
On prétend que les 'Guebres fe retirèrent
autrefois dans ces grottes.
J ’aurai lieu d’en parler dans la fuite,
y aiant repaifé à deifein, à mon retour
des Indes.
Nous ne pûmes continuer notre
voyage ce jour-là, à câufe d’un accès
de.fievre qu’eut Madle. Kafie-
lein ; avec un fi grand redoublement
- pendant la nuit j qu’elle en perdit
la connoiifançe.- Gela donna un fen-
fible dëplaifir àM n fon pere, qui
Taimoit tendrement, 8c nous âllar-
ma pour lui, qui ne vou'.oit point
bouger d’auprès d’elle , quoi qu’il
fût ÏUi-même d’une conftitution très-
délicate , 8c fujet à plufieurs incom-
' moditez. Cela nous embàrraifa
d?autant plus quela femme de chambre
de cette demoifetle étoit aufli j malade; de forte que nous-convînmes
de-jveiller tous auprès d’elle,J
les uns après les autres,pour foula-
ger Mr-.- fion-,pere ,.. qui avoit grand
belbiu de repos. . La violence de
la fievre continua jufques au dix-
feptième , qu’elle eut. une crife 8r
T o M. II.
s’endormit vers le mâtin. On re-iyqf.
folut fur cela de la faire porter par 17-Août,
4. hommes, dans fia litiere, jufqües
à Juron ; 8c nous en choilimes ,81
des plus rohuftes du village, pour fié
relever de tems entems : fur ces entrefaites
, il arriva deux coureurs de
Gamron, allant à lfpahan.
Ce jour-là on nous apporta U n PoifTonj
p'oiffon aufli gros qu’un Kabeliaeu ^ ¡£ 1. -
du merlus, à quoi il ne reifembloit
pas mal non plus ,8c en avoit à peu
près le goût. Je n’en âvois jamais
vu de fi g.jos en ce païs-ci. Nous
le fîmes apprêter à la Hollandoif,
8c comme nous avions’ ausfi des. carpes
,■ nous fîméfi; bonué eheré, 6c :
continuâmes'' notre voyage , jufques
.aux montagnes; Comme la litiere,
qui étoit portée par des hommes
, n’avançoit guère, nous p’arri-
vâmes qu’à minuit au Caravanferai
de Mich-gecfcfogtè, après une traité
de trois lieues.
L e dix-Buitiïmê nous nous remîmes
en chemin 8c traverfâmes des
montagnes pierreufes, 8c une campagne
entrecoupée de canaux , fur
lefquels on .voyoit de petits ponts j
8c nous arrivâmes à minuit à Fags
ra-baet j .où nous allâmes loger dans
un jardin charmant, rempli de palmiers,
avec une rangée de fenezaû
milieu, 8c de toutes fortes d’arbres
fruitiers, fa voir grenadiers , orangers,
cognafliers,poiriers Stc.dont
. les fruits étoient délicieux. Ce jardin
n’étoit pas cependant des plus'
grands, mais le plus beau que j ’aye
vû en Perfe. Il y avoit aufli une'
maifon.fort élevée,dontlesmurail--
les. étoient fort épaifles ,; Sc deux
belles fontaines en dedans: unbeaù
baflîn au milieu du jardin,avec urt
jet d’eau, devant la façade de la
| maifon. L ’eau de ce baflîn fe com- .
j muniquoît, par un conduit fouter-
' raân, aux deux fontaines du logis,
Sc fervoit de plus à arrofer tout'le
jardin.- Ce lieu appartenoit'au Dite
Eu Gouverneur de Gamron, nommé
Mameth-momien-chan , dont les ancêtres
avoient ausfi été Gouverneurs
de ce païs-là.
Le dix.-neuvième , nous en parti- Arrivée S
mes fur le foir, pour nous rendre à I310»-' ;
S .f 1 '■ Jaron,