1703. timbales,qui l’attendoient àlapor-
iS. janv. te. C ’étoit une petite chapelle du
Palais, qui n’en étoit éloignée que
- de quelques pas. Il feroit allez difficile
de bien repréfenter toute la
magnificence de cette fête, dans laquelle
le Czar voulût faire 1 office
de maréchal, & fe trouva par tout.
Auffi tôt que lè marié fut, arrivé
dans la chapelle, on envoya quérir
la mariée. Elle avoit paffé la nuit
dans la maifon du défunt Mr. Hout-
man, dans la Slabode Allemande,
vis-à-vis de l’Eglife Hollandoife. Il
y avoit déjà quelque tems qü’ùn
l’avoit cedée au Velt-maréchal,pe-
re de la mariée par ordre du Czar.
Toutes les dames Rujfiennes 8c Alle-
■ mandes, invitées à cette noce, s y
étaient auffi rendues pour accompagner
fon époux. Elle fut fuivi'e de la 1703.
Princeffe, foeur de fa Majefté, des »S. Jmr.
jeunes Princeffes 8c d’autres dames
de la Cour, qui relièrent à l’entrée
de la chapelle. Quelques dames
Rujfiennes 8c les étrangères fe rangèrent
cet’te dame, qu’on vint
prendre de la maniéré füivante. Le
premier qui parut fut un timbalier
monté fur un cheval blanc, fuivi
de cinq trompetes montez de même:
Enfuite xé. maîtres d’hotel,
choifis entre les RuJJiens 8c les étrangers
, tous montez fur de beaux chevaux.
Le Czar parut après eux
dans un beau caroffe, fait en Hollande
, tiré par fis chevaux gris
pommelez. Après lui5 cinq carof-
fes vuides auffi à fix chevaux : Puis
une calleche à fix chevaux pour la
mariée, & quelques autres dames.
Sur ces entrefaites, la Princeffe foeur
de fa Majefté, la Czarienne & les
jeunes Princeffes fe rendirent au Palais
nuptial en caroffe, mais fans
roués, en guifede traîneaux, chacune
feparément, ces traîneaux é-
tant attelez de 6. chevaux. I l y a-
voit outre cela un grand nombre de
dames de la Cour. Au bout d une
demi heure on vit paroitre la mariée,
avec les dames, quil’aecom-
pagnoient, lefqüelles s’et oient mi-
fes dans les caroifes vuides. Lors
qu’elle fut arrivée au Palais, elle y
fut reçue par deux feigneurs, qui
devôient lui fervir de peres. On
.avoit choifi pour cela un feigneur
Ruffien , & Mr. de Komgzegg R-n-
voyé de Pologne feîquels la prirent
par la main 6c la menèrent à la chapelle,
où ils la placèrent à côté de
fui.les côtés, cette chapelle
étant fi petite qu’elle ne pouvoir
contenir que dix ou douze perfonnes.
Ceux, qui y entrèrent furent
le Czar , le, Prince Czarien , les
mariés , les deux peres & deux ou
trois autres feigneurs Rujfens. Comme
j’étois curieux de voir cette cérémonie,
je me plaçai derrière le
marié. Il étoit habillé magnifiquement
à l’Allemande, auffi bien que
fon époufe,dont l ’habit étoit de fatin
blanc broché d’or, 8c la çoëffùre
toute garnie de diamans. Illuipen»
doit par derrière, fous la fon»
tange, une groffe treffe de cheveux,
mode qui a été long tems enufage
en Allemagne. Elle avoit de plus,
fur le haut de la tête, une petite
couronne garnie de diamans. Lors
qu’on commença la cérémonie, le
Prêtre vint fe placer devant les mariés,
Sc fe mit à lire dans un livre,
j qu’il tenoit à la main, enfuite de
quoi le marié mit une bague au
doigt de fon époufe. Alors le Prêtre
prit-deux couronnes unies», de
vermeil doré, qu’il leur fit baifer,8c
puis les leur mit fur la tête» Après
| cela il fe remit à lire,Sc.les mariés
fe donnèrent la main droite, 8c firent
trois fois le tour de la chapelle
, de cette maniéré. Enfuite -.
le Prêtre prit un, verre dé,' vin
rouge, dont il fit boire le marié6c
puis la mariée. Ceux-ci enaiantun
peu bû le rendirent au Prêtre, . qui
le donna à ceux qui officioient au.
I près de lui. Le C zar, qui fe pro-
menoit cependant, un bâton de maréchal
à la main, voiant queletPrê-
tre alloit recommencer à lire, lui
oidonna d’abréger la ceremonie, 8c
un moment après il donna la bene-
diàion nuptiale. Sa Majefté ordonna
enfuite au marié de donner un
baifer à la mariée. Elle en fit d’a-
. bord quelque difficulté , mais le
Czar l’aiant ordonné une fécondé
fois elle obéit. On fe rendit après
1703
¿8. Jaiiv.
couvert d’un beau drap mortuaire, 1703.
6c le deffus ; qui fe porte devant le -8. janv;
corps d’un drap plus commun.' Les
femmes, qui en font les plus; proches,
. cela dans la fale des nôces. Pendant I
qu’on fit la ceremome du mariage,
la Czarienne 6c les dames de la cour
fe tinrent aux fenêtres vis-à-vis de |
la chapelle. Peu après on fe mit à 1
table, le marié parmi les hommes,
8c la mariée avec les femmes; à la
table commune dans le grand falon.
Ces noces durèrent trois jours de
fuite, qu’on paffa à danfer ; 8c en
toutes fortes dé rejotiiffances. Le
troifième ôn regala les maitres d hO-
tel- Ces nôces font fort différentes
de celles,qui fe faifôient autrefois;
dont il feroit inutile de parler, tant
d’autres l’aiant fait avant moi. '
Après m’être arrêté fuffifamment
fur les mariages, je pâffe aux naif-
fances 8c aux enterremens:,
.. Auffi tôt qu’un enfant vient au
monde, on envoie chercher un prê-j
tre pour lé purifier. Cette purification
C o u tu m
e s d e s
R u f f ie n s à
l ’é g a rd
des n a if-
fan c e s .
Enterrement.
’ s’étend fur tous ceux qui
font préfens, lefquels il nomme tous
par leurs noms , 8c leur donne la
bénédiction. On në’laiffe entrer per-
fonne avant que le prêtre foit venu.
A fon arrivée on nomme l’enfant,
du nom ’ chr - faint, ' dbnt on à. célébré
la mémoire huit jours avant l'a
naiffaùce de cet enfant, ou-qu’on
doit celebrer huit jours après.;. On
adminiffre en même tems la communion
à l’enfant, a leur maniéré,
avant de le bâtifer, 6c fur tout parmi
les perfonnes de diftinftion. On
ne le bâtife même guere qu’au bout
de cinq ou fix femaines, quand ilfe
porte bien 8c qu’il eft robufte. Lors
que c’eft un garçon on purifie la
mere au ’bout de cinq femaines,:
qu’elle fe rend à l’Eglife pour cela,
6c quand c’eft une fille au bout de
fix. On prend alors un pàrain 8c
une maraine , .8c on n’en change
plus dans la fuite. Ces parains 6c
ces marainés ne fauroient fe marier
enfemble, 6c cela s’étend mêmejuf-
ques au troifième degré.
Lors qu’on fait un enterrement,
8c fur tout parmi les gens de confi-
deration , tous les amis des deux
fexes accompagnent le corps, même
faûs y être invitez. On le pofe
fur une bierë portée par quatre qu
par fix hommes , le cerccuil étant
font de grandes lainentations
à la Greque, dont j’ai parlé dans
mon premief voyage. Les prêtres
entonnent!'auffi l’hymne funebre ,
mais cela fe fait avec beaucoup
moins de ceremonie parmile commun
peuple.
» Celles! qui fe pratiquent parmi Çourà-'
les étrarigers différent-de celles-ci.
Il ne s’y en fait aucunes ni aUx naif-
fances, ni aux mariages ; que celles
qu’on obferve parmi nous. Mais il
n’en eft pas de même des'nôces, qui
s’y font avec beaucoup plus de fo-
lemnité. On y fait inviter ceux
qu’on fouhaite , par deux maîtres
d’hôtel, qui le fontenhyver, dans
un beau traîneau tiré par deux che- -
vaux, garnis de rubans. Ceux-ci font
précédez de deux hommes à cheval
6c fuivis de deux valets qui fe
¡tiennent derrière lé traîneau. Le
nombre des conviez eft ordinaire»
ment de TQoêou dé 150. 8c quelquefois
davantage , félon qu’on le
juge à propos, 8c félon le nombre
des feigneurs 8c des dames du pais
qu’on y invite.; Le maréchal eft le
chef de ceux qui affiftent à ces nôces.
Il tient à la main ungrandbâ-
ton de commandement , garni de
ruban par le bout. Celui-ci affilié
des maîtres' d’hôtel, dont il y a
d’ordinaire deux ; commence toutes
les fantés. On fe fert- outre' cela de
quatre, fix ou huit fousmaitres
d’hôtel, qui font chargez du foin
de préparer la maifon, de latapif-
fer, 8c ’de pourvoir à toutes les chofes
neceffaires. Ils aident auffi au
maître d’hôtel à fervir les conviez.
On les connoit à une belle écharpe
qu’ils ont au- bras; droit, auffi bien
que le maître d’hôtel, avec cette
différence que la fienne eft la plus
riche. Les filles de nôce , qui affilient
la mariée, les leur attachent.
Ces filles-là font introduites dans la
fale, où fe fait la nôce, en grande
ceremonie, au fon de plufieurs inf--
trumens. On choifit de plus, de
part 6c d’autre,pour faire honneur'
H aux