17.05.
i . D e c .
Deflein
de C o -
chin.
rin par tes matelots. C’eft un grand
poiffon plat , qui reffemble allez a
un turbot, hors qu’il n’eft pas ii long,
6c dont le goût eft àpeu près fembla-
ble, à ce qu’on m’a dit. Il a toujours
les ailes ou les nageoires etendues,
& il lui fort de la queue une.petite
flamme longue, qui paroitblanche
dans la mer, 8c reffemble à un fer-
pent en mouvement. Ce poilTon-la
eft brun marqué de blanc fur le
corps, 8c nous parut fort extraordinaire.
Il a environ 10. à 12. pieds
de long , 8c plus de largeur , lors
qu’il a les nageoires étendues« Nous
tâchâmes de l’accrocher avec un
harpon, mais nous ne pûmes en venir
à b o u t, quoi qu’il parut deux
ou trois fois autour de notre vaif-
feau. Notre Capitaine nous affura
qu’il en ayoit atteint plufieurs fois
un, qui avoit toujours repouffé le i/o y .
harpon avec violence fans en être 3- D'c.
bleffé. On dit qu’il y en a , qui ont
affez de force pour renverfer une
chaloupe. : :
Np.us approchâmes de Cochin, le
troifieme décembre, 8c mouillâmes
vers le foir fur 6. brades 8c demie
d’eau, à une bonne lieuë. Les por- Arrivées
tes en étoient déjà fermées, mais on Cochm-
les fit ouvrir , 8c nous nous rendîmes
à la maifon du Commandant,
auquel notre Capitaine donna les
lettres qu’il avoit pour lui. Il nous
reçut fort honnêtement, 8c nous regala
à fouper. 11 me preffa même Honne-'
dc prendre un lit chez lui, à caufe“ ^_a
de mon indifpofition, mais je m’en mandant,
exeufai aimant mieux loger avec
mes compagnons de voyage. •
C h a p i t r e L X I I . ^
Defcription de Cochin. Départ de cette ville. I Cap de Kome-
rin iile de Ceilon. Pointe i Adam. Arrivée a Gale. Pri/e
dm crocodile, & fa forme. Animaux extraordinaires. Plantes
& herbes marines.
JE retournai le lendemain chez lej
Commandant, 8c le priai de me
donner une barque pour traverfer
la riviere,& deflinerlavilledel autre
côté, ce qu’il m accorda fur lei
champ. J ’y trouvai un nombre infini
d’arbres d’unebeauté furprenan-
t e , differens de tous ceux que j ’a-
vois vû jufques alors, & y fis le dejj-j
fein de la ville au nord , tel qu il
paroit au num. 191. Le num. 1. y
repréfente la pêche de la Compagnie.
2. La garde de la Citadelle
8c fon entrée. 3. Le baftion de
Gueldres.. 4. La porte de la baye,
y. La maifon du Commandant. 6.
L’Eglife. 7. La maifon du Capitaine.
8. La maifon du fécond.
9. Le pavillon arboré fur une tour,
qui tombe en ruines. 10. Le ma-
gazin de la Compagnie, n . La
maifon du Pourvoyeur. 12. Le lieu
où couchent, les matelots. 13. L’ex-
tremit'e.dê lamuraille.
Cette ville a une bonne demi situation
lieuë de tour ,8c deux portes, dont £ 14
l’une qui donne fur le rivage, fe
nomme porte de la baye, 8c 1 autre,
porte de la riviere. On a creufeun
canal en deçà, où font les barques
de la Compagnie, & le chantier à
côté. De là on traverfe un grand
pont de bois pour parvenir a cette
porte, proche de laquelle on trouve
la riviere, d’où je fis le deflein
de la ville, dans les foflez de laquelle
elle entre, 8c contient d affez
gros vaifleaux. Les battions de Battions,
cette ville portent les noms des provinces
de Gueldres , de Hollande,
à'Ütrecht, de Frife 8c de Gronin-
gùe ; 8c le petit baftion, qui eft
proche de la pêche, fe nomme Overyjfel.
La maifon du Capitaine
j p P S t m ÿ iQ -> m M : ■ i.~ : : r n v . ‘eft-"
M
3.--Dcc ..
eft-à Sfrooptenbourg..' La faleidu
, Commandant., _ qui donné, fur la
mer, fait; auiîL une pointe: ou bail
tion 8ç;il y; a. outre! cela, deux de-j
mi-!unes' entre d’autres ouvrages.
La place eft for t j olie pan dehors :
8c en dedans, avec de : belles rues
5c de bonnes maifons de brique. Il
s’y trouve auiïr un chantier pour le
radoub des vaifleaux Sc la commodité
de ceux qui.y.entrent 6c qui
en fortent. La maifqn du Commandant
eft fpacieufe, ¡Sc , remplie die,:
beaux appartemens.i Cfeft àpréfent
le Sieur Moormans, natif .de la. Brille,
qui en a.le commandement,•&.
qui eft très-honnête homme. 11. fit
préfent à notre Capitaine, de plu,
fleurs plantes qui croiflent en ce
quartierdà , 8c qui1 ne, laiffent pas
d’y être très - rares. ’.îJpus lui ¡envoyâmes
dit bled en échange. Le
.toujours! émarllée! de voûtés fortes .nvoy.
de flàufs, chrome leiremâf qu,elefa-3..Deé.
■X0£üX.cdntanides.t :::
1. ,’Lp d^feûitn-étoitfàüïréfiais gôü--
jîernéipatiun'Rmpereuid ddnt 1-Emi-
pirc s’étendoit du cap de Komeryn
jufques zMangeloor, fur. la frontie-.....
re du Royaume de Chanara : mais
j ’ai trouvé dans les mémoires, laif-
fez par le Commandant de Ilede
à fon fueceffeur, que e:e puiifant
Empire, quiicontenoit autrefois 4.
millions 700. mille, ¡hommes , propres
pais y abonde en poiflon , -8c ’ èm
foutes fortes de viandes, de forte
qu’une vache n’y vaut pas plus de
3^ou 4. écus,.;.'ûn cochon, un écu
6c-demi.; une poule 2. fols, 8c un
canard 5. à 6. fols. Le ris n’y abonde
pas moins; mais le terroir n’y
produit ni bled ni boiflon, 8c ôn
n’y trouve que celle qu’on y apporte.,
.Strownepbffurg.eft aufli fous,
la direction du Commandant de la
ville, dont le fécond fe.nommpit
Bitt.er.. Il n’y a;qu’un feulminiftre.
Nous, prîmes notre quartier, dans
une des plus jolies maifons de la
ville, chez Moniteur de Graef, En-,
feigne au feryiee de la Compagnie,,
La monnaye y conlifte en deux ef-
pecçs.,, favqir en Fanums, . qui ne
font que le, quart d’un efcalin yde.
Hollande, 8c en Bafaroekes, dont il
en faut 32, pour faire un.fol.
Cette, ville qui eft au 10. degré
de latitude feptentrionale, eft capitale,
d’un Royaume, 8c avoit autrefois
un Evêque.:. elle, eft fitu.ée
dans la partie occidentale de YAfie,
au fud, dfis Indes Orientales, fur la
côte de Malabar, qui s’étend en
partie du fud au nord. Elle a une
haute montagne à l’eft; 8c le terroir
en eft très-fertile, agréable 8c
rempli de;fleurs:il y regneunprin-
tems éternel, 8c la campagne y eft
à porter les armes, a été divi-
-fé depuis la mort du dernier Empe- .
reu r, en plus de 13. Royaumes,
gouvernez par des chefs fou verains.
Le principal de ces Princes-là eft
celui de’ (Bochin, defeendu en droite
ligne.de. Cheram Périmai, 8c du
grand Samorin.
i f Cpmme je n’ai fait, q u ’un petit
fejour en ce païs-là , je n’en ai pu
apprendre davantage, fi ce n’eft que
le plat pais1 en eft arrofé de plufieurs
rivieres navigables , parmi
lefquelles il s’en trouve de grandes
.N
ous dînâmes encore ce jour-]à
chez le Commandant,8r nous embarquâmes
fur le foir avec affez de
peine,, • à ' cauiè de l à . violence des
Vagu.es qui, fe.. brifent .continuelifei
ment,- .eôiqseles.xoçhefs. Nous te îs
tnes/.àlsk.voile pendant la nuit , 8ê
il;.tomba une groffe pluie accompagnée.
de tonnerre 8c dléclairs, en-
fuite de quoi, nous apperçumeS dè"
hautes montagnes, environ à deux-
lieues, de. nous, faifant route aü fud-,
eft. Sür.le foir nous-fumes encorfc
menacez de. gros tems, 8c on fit appareiller
Jes voiles. Etant parvenus,
à une heure de nuit, proche ducap’Ca de
de Komerin , le tems fe remit - g g E o m e i in
’beau, mais le vent changea 88 dèi
meura contraire tout le lendemain:
Il tomba encore delapluiependanf-
la nuit ; nous doublâmes ce cap le
huitième au matin, le vent , étant au
nord-eft, 8c nous: le perdîmes de’
vue après m id i, faifant rotite; à:
l’eft-fud-eft, 8c au fud-eft fur-eift.
Nous fûmesfurprisd’uncalmëpèn-
dant la nuit.
Nous ne laiffâme.s pas d’avancer
tou