vi une route fort différente de celle I j’ai apportée dans ma patrie, avec
des' autres voyageurs, ,dans mes rew plufîeurs pièces ' curieufes 5 s beau-
cherches; que je n>a'- eu nu^ autre C0UP de caractères & d’autres orne-
but dans mon Voyage, que de de- mens, qui font foi des peines que
veloper des.antiquitez,queperfon- je me fuis données pendantl’efpace
ne avanc moi, n’avoit mifes dans! de 3. mois que je me fuis arrêté-à
leur véritable jour, & de donner au Perfepolis & que j ’ai travaillé con-
Public, un ouvrage plus parfait à tinuellement parmi cesiUuitresrui-
cet égard, que tous ceux qu’on lui nés. Aufli, puis-je me vanter d’être
avoit prefentez jufques-ici. Aufli le premier qui les ait mifes dans
ne l’ai-je entrepris que dans cette tout leur jour, 8c qui leur ait ren-
vuë, 8c pour fatisfaire la curiolité du juftice, après 2000. ans;, 8c ce-
naturelle que j ’ai pour ces chofes- la fans m’éloigner des réglés de
là , fans fonger à faire ma fortune l’art, tant dans la relation que j ’en
dans les pais étrangers, ni à m’en- ai donnée, que par rapport aux efgager
au fervice de qui que ce foit. tampes, qui ont été gravées fous
Je puis aufli affirmer que j’ai deffiné mes yeux avec toute la jufteffe 8c
de ma propre main, & peint en de- l’exaétitude posfible ; 8c par cette
trempe fur du papier, 8c d’après nature
.- raifon je me flatte d’avoir mérité
l’approbation des connoiffeurs , 8c
de tous ceux qui aiment la vérité.
J’ai déplus, pris la peine de peindre
, tous les originaux des eftampes
qu’on trouve dans-mon Voyage, 8c
le tout en fi bon ordre 8c avec tant
d’exactitude, que j’aurois pu m’en
fervir dans ma Relation , fans me
donner la peine de les faire graver.
J’ai même enlevé une figure entière
.des rochers de Perfepolis, laquelle
plufîeurs habillemens extraordinaires
d’hommes 8c de femmes,
que les curieux pourront voir chez
moi, avec plufîeurs poiffons, des
oifeaux 8c des fruits des Indes.
L E T T R E
Ecrite a t Auteur fur fes Remarques, par un Amateur
de l Antiquité.
M l de chaque piece en particulier, me-
O k s i e u r , ritent plus:, qu’aucunes des autres
relations que j’en ai .vues , l’atten-
J’ai lû avec plaifir vos remar- tion 8c les fuffrages des Savans 8c
ques, fur les bevuës que Meilleurs des amateurs de l’antiquité. Ausfî,
Chardin 8c Kempfer ont commifes I pour peu qu’on envifage l’étendue
dans les Relations qu’ils nous ont! de ce fuperbe édifice , 8c le nombre
données des fameufes ruines de l’an- des figures 8c des autres curiofitez
cien Palais de Perfepolis-, fur lef- que s’y trouvent, dont conviennent
quelles je ne faurois cependant rien tous ceux qui ont été fur les lieux,
décider, ne les aiant pas vues furl on doit avouer qu’il faut avoir de
les lieux. II me femble néanmoins, bons yeux, une bonne main, 8c beau-
que les belles eftampes que vous en' coup de jugement pour s’en bien
avez produites , 8c la defcription aquiter, 8c qu’il faut joindre à cé-
circonftanciée qui s’en trouve dans la une patience 8c une application
la relation de votre voyage, tant à inexprimable. Cependant, Monfr.
l’égard de Védifice en général, que[ Kempfer avoue franchement {a j),
qu’il
• (a) Fafctail. II. Amoenit. Exotic. rclat. IV . §. i . p. 305-.
qu’il s’eft à peine, arrêté trois jours
fur les lieux : 8c quoi qu’il tâche
de perfuader par-ci par-là ,
Sc particulièrement dans fa Relat.
V . §. 3. p. $31. qu’il a defliné, a-
vec beaucoup d’exa&itude, les principaux
morceaux de ces belles, ruines;
mais que fon graveur a mal copié
fes ébauches, le contraire n’eft
que trop vifible par la difpofition
du tou t, comme vous.l’avez très-
bien obfervé ; 8c toutes les parties
en font fi groflieres Sc fi mal entendues,
qu’on n’y reçonnoit ni art ni
air d’antiquité, ni quoi que ce foit
qui ait du rapport aux relations des
anciens Grecs, qui ont écrit fur ce
fujet. Déplus, quand une perfon-
ne auroit toutes les qualitez requi-
fçs pour s’aquiter dignement d’une
entreprife de cette naturè,ileftim-
poflible d’en donner une relation
exaéte, 8c aufli étendue , que l’eft
celle de Monfieur Kempfer , àiant
refté fi peu. fur les lieux. Monfieur
Chardin n’y a pas été allez detems
non plus , pour examiner à fonds,
8c bien reprefenter ce qui s’y trouve
, puis qu’il avoue lui-même dans
Tom.III.fon Voyage, Tom. IX. pag. 175.
rEd°in^e n’a employé que cinq jours à
Çhelminar, & à en faire des defcrip-
tions 8c des deffeins ; 8c qu’il aété o-
bligé de fe fervir pour cela d’un peintre
à gages. Ausfi, faut-il convenir,
Monfieur, que non-obftant qu’il fe
trouve quelquesjégaw dans les plant
ches de ce C hevalier,qui s’accordent
en partie avec les vôtres, 8c qu’on
voit bien qui ont été desfinées fur
les lieux , il ne laiffe pas de paroî-
tre évidemment qu’elles ont été faites
à la hâte, 8c qu’on a touché plu-
fieurs chofes tellement à la legere,
qu’on a été obligé de les finir enfui-
te à tout hazard. C ’eft ce que vous
avez très-judicieufement obfervé
dans vos Remarques ;, en réfutant
toutes les fautes qu’il a commifes
les unes après les autres, 8c cela a-
vec toute l’exa&itude d’un homme
qui a vû les chofes de fes propres
yeux, 8c quilesaexaminéesàfonds :
Cela étant ,je fuis perfuadé qu’il n’y
a point de Lecteur éclairé qui balance
à vous donner fon fuffrage. Il
me femble même qu’on ne fauroit
révoquer en doute , que les rèpré-
fentations faites par un côjmoiileur
Sc un curieux comme vous, qui entend
parfaitement le deflein , ne
foient préférables à celles* d’un,
peintre à gages qui n’a refté que'
cinq jours fur les lieux, 8c qui n’a
fait que 'parcourir les chofes à la
hâte, au lieu que vous y avez employé
trois mois .entiers avec une
application confiante, 8c toute l’ex- -
attitude posfible. C ’eft-là mon fen-
timent à l’égard de l’ouvrage en général
, 8c il me femble qu’il n’eft pas
mal fondé. Au refie, je ne prétens
nullement der.oger au mérité de ces
Mesfieurs, ni aux louanges qui leur
font dues à tous autres égards.
Mais comme vous fouhaitez,.
Monfieur, de favoir monfentiment
fur les remarques hiftoriques que
ces Mesfieurs ont répandues, par-ci
par-là , dans lès relations de leurs
voyages , par rapport au y. figures
qui fe trouvent à. Çhelminar, j’aurai
l’honneur de .vous dire , pour vous
obeïr, qu’il me femble que Monfr.
Kempfer eft aflez retenu à cet égard,
8c Monfieur Chardin fort fuperfi-
ciel ; 8c que vous rfavez rien omis
dans le vôtre de ce que les anciens
ont écrit des premiers Perfes & de
Perfepolis. Cela pourrait fufire en
général ; cependant pour vous fatisfaire,
je veux bien parcourir ce
que ces Mesfieurs ont avancéfurce
fujet, 8c je le ferai avec toute la
brièveté posfible , félon les petites
lumières que le Ciel m’a données.
Monfieur Chardin d i t , en parlant
de ces fàmeufes ruines en général
, que les Perfans modernes
nomment Çhelminar, que cenefont
ni celles du Palais des anciens Rois'
j de Perfe, ni de celui de Darius en
particulier ; mais celles d’ un Tem-
\ple de l’ancienne ville de Perfepolis:
Voyez Tom. IX. pag. 156'. 11 don-Tom. m.
ne plufîeurs raifons pour prouver P-1?*-
1 ce qu’il avance, dont la plus àppa-ÿf],^
1 rente eft, qu’on ne bâtifloit pas anciennement
les .Palais, en ce païs-
là , fur des montagnes, mais fur le
I bord des rivietes pour avoir de la
| fraîcheur 8c de l’air. Il tâche enfui-
Mmm 3 ' te