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ÏJ02.
5. Juin.
V O Y A G E S
On publia une ordonnancera même
année , défendant à tous les
Rujfiens de fortir des portes, fans a-
voir un juft-au-corps à la Polonoi-
fe ,ou fans être habillez & chauffez
à notre maniéré. Les domeftiques
des étrangers y furent obligez les
premiers, faute de quoi les gardes
les enlevoient de derrière les traîneaux,
8c leur faifoient payer l’amende
avant de les relâcher, mais
cela ne regardoit ni les paifans ni
les campagnards. Comme ce changement
pourra éfacer avec le tems,
on a obligé les Rujfiens à fe faire ra- 1702.
fe r , à la referve des mouftaches,
que les gens de Cour 8c plufieurs au- les bar-
tres ne portent même plus. Et pour bes‘
faire exécuter cet ordre à la rigueur,
on employa des perfonnes pour couper
fans diftin&ion, les barbes de
tous ceux qu’ ils rencontreroient.
Cela parut fi rude à bien des gens,
qu’ils tâchoient d’éblouir ceux qui
avoient cette commifiion, à force
d’argent, mais inutilement, puis
qu’ils en rencontroient immédiatement
d’autres, qui ne leur faifoient
point de quartier. Cela fe faifoit
même à la table du Czar, 8c par
tout ailleurs, aux perfonnes de la
jufques à la mémoire des anciens ha-
billemens du païs , j’ai peint fur de
la toile ceux desdemoifélles,&:lai I SES a. r •
f a i t de côté, pour qu’on pût mieux première qualité. On nefauroitce-
dîftimmer les ornemens du derrière pendant, exprimer la douleur que
de la ?ête On en trouvera la re- cela caufa a bien des gens qui ne
pre s ta tio n au N°. H & toute la pouvoient fe g — j
figure au N°. 14. ,
Il faut obferver que la chevelure
découverte marque une fille, parce
queceferoit une efpece d infamie a
une femme mariée de nela pas couvrir.
Celles-ci ont un bonnet fourré
fur la tête, plat par deffus 8c
rond par deffous, pointu à 1 entour
enguife de couronne,Sc enrichi de
pierreries5 aufli bien cjue par enhaut.
I l eft un peu plus long par derrière
que par devant, & a deux pointes.
Ce bonnet fe nomme Tryoegh.
L’ornement de tête, des Filles re-
prefenté ic i, eft aufli en guife de
couronne, enrichi de perles. 8c de
diamants , appelle Perewaske. Il
y en a qui. y attachent un ruban,
qu’elles nomment S'Wertske : ce
qu’elles portent autour du .col
Ofarelje, 6c les pendants d’oreilles
Sergé. La Robe de deffus, doublée
de fourure, s’appelle Soebe, 8c celbarbes,
qu’ils avoient portées fi long
tems, 8c qu’ils eftimoient des marques
d’honneur 8c de confidenftion.
11 y en avoit même beaucoup qui
auroient donné quoi que ce fut pour
s’en exemter.
Ce changement n’a pas été fi
grand parmi les femmes, à la referve
des perfonnes de condition,
qui portent'dés fontanges, 8ç les
mêmes ajuftemens, qui font en ufa-
ge parmi nous.'
Pour effeihier cela au commencement,
il fallut faire venir par mer
des chapeaux, des fouliers, 8c les
autres chofes neceffaires. Mais comme
cela étoit fort incommode Sc à
charge, les Rujfiens fe mirent à les
imiter. Ils y réuflirent affez mal d’abord,
8c firent mieux dans la fuite,
lors qu’on eut fait venir des ouvriers
des pais étrangers pour les
inftruire : car, comme on a déjà dit,
le de deffous Telagrea ou Serrataen;
la chemife Roebachi. Les manches
en font fi larges 8c tellement plif-
fées, qu’on y employé 16. à 17. aunes
de toile. Les braffelets, ou ornemens
des bras, qui leur tombent
fur les mains fe nomment Sarokavie.
Leurs bas, qu’elles n’attachent pas,
Zoelki, 8c leurs pantoufles,qui font
rouges ou jaunes, 8c ont les talons
fort élevez 8c pointus, Basmakje.
Outre ce changement de mode,
ils font affez bons imitateurs, 8c ai-
ménftjjapprendre.^ --„M* .
On fit, en même tems, de bons Régie-'
réglemens contre les mandians,qui “ ™e[es
couroient les rués en fi grand nom- Man-
bre, hommes 8c femmes, qu’on en <E“ s.
étoit entouré quand on vouloit
acheter quelque chofe dans les boutiques
à Mofcou. Ce qu il y avoit
de plus fâcheux, eft que les voleurs
fe mêloient parmi eux, pour couper
des bourfes, chofe que la con-
¡¡M feien