l702 avoir pourvu à tous les frais de la
14. Sept, guerre, & à la conftrudtion des vaif-
feaux, auffi-bien qu’à toutes les au-
L, dé- très néceffitez de l’Etat. Il eft vrai
b'conr* fiue cette conftrudtion fe fait aux
traftion dépens du public , chaque millier
féaux?1 Pa^ans étant obligé de fournir
tire fur le tout ce qu’il faut pour celle d’un
publie vaiffeau,& de ce qui en dépend. Ces
païfans-là font vaffaux de ce Prince,
de quelques Seigneurs, des gentilshommes,
ou des mpnafteres. Ceux-
ci en ont en grand nombre, & particulièrement
celui de Trooyts, comme
il a été dit;
Âinfi les fujets de ce Prince oiit
lieu de prier Dieu de le conferver ,
8c de bénir fon regne , afin qu’ils
chanta le Te Deum pour cette con-1702-
qüête. ' a3f Sep'
Vers la fin de ce mois , il commença
à neiger, & il gelaàl’entrée
d’oblobre , mais cela n’eut pas de
fuite, & il retomba peu après de la
pluie, dont on avoit déjà été incommodé
depuis long-tems.
Il arriva un, grand nombre de V a i& a u x
vaiffeaux marchands à Archangel^
cette année, puis qu’on en compta gel.
jufques à 154. favoir 66. Anglais,
efcortez par quatre vaiffeaux de
guerrë-j autant de Hollandais avec
trois vaiffeaux d’èfcorte, 16. Hambourgeois
& quatre vaiffeaux Danois
& de Bnmen. La vérité eft qu’il y
avoit plufieurs petits bâtimens parparviennent
de plus en plus à la con- mi les Anglois, dont la cargaifon
noiffance de plufieurs chofes avan- n’étoitpasconfiderable.
tageufes. Ils ont même lieu de s’en La riviere de Toufe fut gelée der-
flatter, puifque le Prince héréditai- riere notre Slaboàe , au milieu de
Belles
buàlitet
hériSïï-Je, qui à5! 4-ans, fuit déjà les tfa-
I Novembre, &c plufieurs HoUandois 8c
re. ces de fon pere, & marque dans cet- quelques Riisftens la trayerierent iur
te grande jeuneffe beaucoup de ju- 1 des patins , parce qu-il n y avoit
gemerit & de geni'e. ' I l remarque [pointdeneigè.
6c tout, eèfltt ftoorrtt iinnqquuiinfittrirf,, outre
qu’il a un très - beau naturel; Le
Czar ne manque pas aufîi de cultiver
fon efprit, & prendunfoin tout
particulier de fon éducation, lui faisant
apprendre pour cela le Latin 6c
Y Allemand.-
Prifon- Le quatorzième Septembre, on a-
hietsSac- mena en cette' ville 800. prifonniers
B1S' Suédois, hommes, femmes 8c enfans ;
On en vendit plufieurs, d’abord à 3.
8c 4. florins par tête, 6c peu après on
en rehauffa le prix jufques à 20. 8c
Commej’avois fait
faire un traîneau de main à la manie-,
re de notre pais, je me fervis de cette
occafion pour mener une jeune •
demoifelle , chofe que l’on n’avoit
jamais vûë ici. Ç ’étoit la deuxième
fois depuis 32. ans, quej’avois eü
des patins aux pieds, 8c je trouvai
qu’on n’oublie pas facilement ce
qu’on a une fois bien appris. Mais
ce divertiffement ne dura pas long-
tems , puis qu’il commença à neiger
le lendemain.
Le vingt-quatrième de ce mois, Bureau
o. Cela encouragea les étrangers à Ile Prikaeson Bureau de Polfoske fu tbrille-
Prife. dé
Notte-' 1
bourg.
en achetter, au grand bonheur de ces
pauvres gens, puis que ce n’étoit que
pour s’en fervir pendant la guerre, 8c
leur rendre enfuite la liberté. Les
RuJftens en achetèrent aufli plu-
fiéurs , mais les plus malheureux
furent ceux qui tombèrent entre les
; mains des Tartares, qui les emmenèrent
en efclavage, chofe très déplorable.
: : Le vingtième on reçût la nouvelle
de la prife de Nottebourg , par
les troupes de fa Majefté, 8c que cette
place s’étoit rendue à de certaines
conditions, après avoirfoutenu
trois affauts. Le vmgt-troifièmeon
réduit en cendre dans le château,
8r cela caufa une grande confterna-
tiomO
n apprit au commencement de
Décembre, que le Czar étoit arrivé
à la ville de Pefchiki à 90Î werftes
de Mofcou. De là il fe rendit à Sal-
mkof, maifon de campagne du Prince
Lofreilis fon oncle, à 30. werftes
de cette capitale ,8c puis YNikools-
kiej chez le Knees ,-Mighalo Sako-
liets, Serkaskie, Gouverneur de Sibérie,
qui n’en eft qu’à 7. werftes.
On fit préparer alors, toutes les Preparà-’
chofes requifes pour l’entrée de fa p^r].en^
Majefté. La plûpart des marchands trée du
étran- CMr>
j JQ2. étrangers reçurent ordredefepour-S]
4. Dec. voir d’un plus grand nombre de. I
Arcs de
triomphe.
chevaux qu’à l’ordinaire, avec un
valec, habillé à Y Allemande, pour
conduire l’artillerie prife fur les Sue- j
dois. Les Miniftres étrangers, notre
Refident,le Confuld’Angleterre
8c quelques marchands, allèrent
le lendemain faluer lc Czar à Ni-
koolskie, 8c en revinrent le jour fui-
vant dès le matin. C ’étoit le quatrième,
8c celui auquel ce Prince
devoit faire fon entrée. On avoit
fait préparer pour cela des habits à
l’Allemande.pour 800. hommes, 8s
des ares de triomphe de bois, dans
la rue de Meesniets: Le premier,
dans l’enceinte de la muraille rouge
, , vis-à-vis du monaftere Grec,
proche de l’imprimerie 8c de l’hôg
tel du Velç-maréchal Gsçeremetof:
.Le fécond dans celle de la muraille
blanche, proche du bureau de l’Ami
rau té ,,env iron à 400. pas dèl’autre.
Les rues 8c la campagne étoient
remplies.de. peuple pour:voir cette
folemnité. . Je traverfai la ville, 8c
en fortis pour en voir le commen-
.cement. Je trouvai à mon arrivée,:
qu’on avoit fait une halte , pour
mettre tout en ordre.,8c que le Czar
y travailloit en perfonne. Il étoit à
pied 8c je m’approchai de lui, pour
le faluer 8c le féliciter fur fon heu-
L’Auteur reux retour. Il m’embraffa, après
ctutJt m’avoir remercié, 8c parutfatisfait
de me trouver encore dans fes Etats.
Il me'prit enfuite par la main, 8c me
dit qu’il vouloit me montrer quelques
Pavillons de Vaiffeaux, 8c qu’il me
permettoit de dejjiner tout ce que je
fouhaiterois. Pendant que j’y étois
occupé, un certain feigneur Rusfien.
fuivi de quelques domeftiques, s’avança
8c me prit le papier qüe je
tenois à la main. I l appella enfuite
Un officier Allemand pour favoir ce
-que je voulois faire : mais lors qu’il
eut appris que jetravaillois par Ordre
du Czar, il me le rendit immédiatement,
8c j ’achevai mon ouvrag
e , ce.qui eût été impoffible fans
la permiffion de ce Prince.
Cette entrée fe fit,® dé,la maniéré
fuivante. Le regiment des gardes
matchoit le premier, compofé
fon retour.
Entrée
triomphante.
de 800. hommes, commandés par
le colonel de Ridder , Allemand de
nation. La moitié de ce corps étoit
habillé d’écarlate , à VAllemande,
8c l ’autre à la Rusftenne, parce qu’on
n’avoit pas eu affezdetems poura-
chever leurs habits neufs. Les foldats
8c les païfans Suédois prifonniers
marchoient entre deux, trois à trois
divifez en fept bandes, chacune de
"o. ou de 84. perfonnes, faifanten
tout, environ; 580. hommes, entre
trois compagnies defoldats. Ceux-
ci étoient fuivis .de deux beaux chevaux
de main, 8c d’une compagnie
de grenadiers, habillez de vert, doublé
de rouge, ï. Y.Allemandei hormis
qu’ils avoient des bonnets
fourrez d’ours, au lieu de chapeaux.
Ç ’étoient les premiers grenadiers
des gardes. Après eux venoient fix
hallebardiers, cinq haut-bois 8c fix
Officiers; Enfuite le regiment royal
de Probrofensko, dont il yavoitauf-
fi 400. hommes habillez de neuf à
l ’Allemande,d’un drap-vert doublé de
rouge, 8c les chapeaux bordez d’un
-galon blanc. Le Czar 8c le Prince
Alexandre étoient à la tête dece re-
giment, précédez de neuf flûtes
d’Allemagne, 6c de quelques beaux
-chevaux de main. 11 étoit fuivi d’une
partie de celui de Semenoskie, aufii
gardes de fa Majefté, habillez de
bleu doublé de rouge. Après cela
on vit paroitré les drapeaux pris fur
les Suédois. Premièrement, deux
étendarts, fuivis d’un grand pavillon,
porté par quatre foldats; lequel
avoit été arboré fur le château
de Nottebourg. Enfuite fix pavillons
de vaiffeaux, 8c 2 5. drapeaux, bleus,
verds , jaunes 8c rouges , portez
châcun par deux foldats. Ils avoient
la plûpart deux lions d’or , 8c une
couronne àu-deffus. Ceux -ci é-
toient fuivis de 40. pièces dè canon,
tirez les uns par quatre, les autres
par fix cheVatïx , tous de la même
couleur, de 4. grands mortiers; Sc
de 15. pièces de campagne de fonte,
petites 8t grandes, d’un autre
mortier, 8c puis de 14. gros canons
de fonte fort longs, dont les uns
étoient tirez par fix, 8c les autres
par huit chevaux. Après tout cela,
G 2 on
1702,
4 . DesV