jgn, .vint que le lendemain', 8c lui ap-
15. Mars, prit, qu'on ne trouvoit-aucun-fou-
Embaras
- ©à fe
trouve la
Caravane
»
rage à deux journées-delà , les fla-
me&'aian-t tout.détruit-, & quemê-
me dans. les; lieux qu’el-l© avoit épar-
gnez, il n’y en.avôiripas- la moitié
dei ce qu’il en falloit-pour- repaitre
un.il grand nombre de-chameaux
& de-chevaux , chofe fort mortifiante
pour toute la Caravane,-
11 propofafur cela-de repafferla-
rivierede Keylan , où- la ftame s’e-
toit arrêtée , & au-delà de laquelle
on trouveroit de l’herbe ; mais on 1
n’ofa le faire, de crainte des 'Tarttires
, qui étoient de ce côté-là, &
on aima mieux s’expofer à une marche
de deux jours , dépourvu de j
toute chofe , que de courir rifque
de tomber entre les mains de ces barbares.
La Caravane fe mit en chemin j à-
la pointe du jour, & s’arrêta à l’en-'
trée de la nuit à côté d’un grand-
marécage , après avoir fouffert beaucoup
de mifere, & avoir perdu dans
les marais 18. chameaux St'22. chevaux.
Cela étoit d’autant plus fâcheux
, que ceux qui reliaient é-
toient accablés du fardeau desmar-
chandifes & des harnois de ceux,
qui avoient fuccombé, les marchands
ne pouvant fe refoudre à les
lailfer en chemin.
. Le lendemain ils traverférent encore
plufieürs vallées marécageu-
fes & des montagnes élevées ,, &
parvinrent enfinàlarivieredeMar-
geeti ,où l’herbe n’avoit pas-été brûlée.
Après l’avoir traverfée, ils
pourfuivirent leur chemin avec
beaucoup de peine 8c.de difficulté,
leurs chameaux , qui n’en pouvoient
plus , diminuant à mefure qu’on
s’avançoit ,1a foibleffe où ils étoient
ne leur permettant pas de fuivre le
relie de la Caravane : & pour- fur-
croit d’accablement les provilions
diminuoient à vùë d’oeil, & ne-eon-
filloient plus qu’en un certain nomMifere
où elle eft
cxpofée.
bre:de;boeufs maigres, qui ne fui-
voient qu’:àjpeine, & qui. ne pou-18; Mat»
Voient fuffire pour un fi grand nom-
brei-de.-perfonnæs j d’autant qu’on
ne fe charge guere de pain 8c- d’autres
provilions., - parce' que lès marchands
ont- befoin- de leurs ■ bêtes
pour le. tranfport.de leurs-marchan-
difes, & qu’il leur coûteroit trop
d’employer- deschameaux pour celui;
de leur nourriture.
Tout cela bien confidéré & qu’il
falloir encore 10. ou 12. jours pour
parvenir-'à Argum, fur les-frontie-
res, on commença à fonger à ménager
les provifions- qui reftoient,
& ;à faire le calcul de celles que
chaque, troupe en pouvoit avoir,
pour en faire une juile dillribu-
tion;
Ils parvinrent enfin, le dix-hui-
tùme de ce mois-,- après bien des
traverfes», 8c des difficultez pref-
qu’infurmontables , à la riviere de
G an, qu’ils-traverférent, les- eaüx
en étant fort baffes, & trouvèrent
de bonne herbe de l’autre côté. Moniteur
l’Envoyé refolutde s’y arrêter
trois jours- pour le remettre,. 8c y
feroit même relié plus long-tems,
ffles;marchands.,les Cofaques Scies
conduéteurs- de la Caravane ' qui
commençoient- à manquer -de tout,
ne lui- enflent reprefenté le'trifbe é- >
tat-où; il® étaient réduits-'eu lui di-
fant, qu’H étoient obligez de faire
bouillir le fang des boeufs qu’ils
tuoient, pour en faire une efpece de
foie,quileurfervoit aulieu depain ,
que d’aü-tres. p renoient les peaux de
ces animaux 8c lés coupoient-, après
en avoir, êtéle poil, 8c le® g-rilloient
pour leur fubfiftance: Enfin, qu’il
s’en trouvoit-même qui fefervoient
de leurs entrailles., & qu’on- feroit
réduit à la fin à l’affreufe neceffité
d’imiter les‘Caffres & les Hottentots,
en mangeant-de la chaif crue, avec
les excremeris.
C H A .
1694.-
18. Mars.
Îffliv;
¿8. Mark
C H A P L T R E XXVII:
Arrivée a Nerfinskoi. Départ de cette ville. Arrivée xt
Tobolj & enfuite "a Mofcoii.
"jy t f Onfieur l’Envoyé aiant ap-
I V I pris que les environs de la
chaffefa-rlviere de G an abondoient en cerfs
¡ken rennes, détacha quelquesper-
fonnes de fa fuite, qui tiroient bien
d e 'l’arc, pour, en faire provifion.
Us ,eurent le bonheur de revenir
chargez de 50.. rennesi que ee.Mi-
nillre fit diitribuer à la Caravane,
qui penfa les devorer fans attendre
qu’ilsi fûffent apprêtez , tant elle
étoit preffée de la famine; aulïï n’y
a-t-il rien de fi affreux que la faim,
jli de comparable a.uplaifird’y fub-
venir,fi ce n’ell celui d’étancherla
foifi,;/;
$1«® . ' Cependant, ‘ce Miniftrenelaiffa
chercher Pas d’envoyer un gentilhomme, ac-
des pro- compagné de huit Cofaques -, au Gou-
yeriieur <S Argum, -pour lui apprendre
le. trille état, où il étoit réduit,
& le prier de lui envoyer les provifions
, dont il avoit befoin., C e Gouverneur
ne manqua, pas de le faire ;
mais il fallut du tems pour.èela, &
les momens étoient precieux, & pa-
roiffoient des années , à des gens qui
mouroient; de faim.
Famine Sur ces entrefaites, il refolut de
t”bleP°r" 1u^ter H bords du Gan, 8cd’avan-
*■ eer autant qu’il feroit polfihle. Mai[s
au bout de trois jours, il fe .trouva
plus preffé que jamagdelafamine,
les rennes n’aiantpufubvenirfilong
teins a un fi grand nombre de péri
fonnes, dans un defert affreux où
l ’on ne trouvoit rien: Cependant il
fallut faire de neceifité vertu, &
fpuffrir patiemment .un mal auquel 1
"on ne poùvoil apporter deremede.
‘Ils arrivérentenfin, accablez de fatigue
& de faim, à une petite-ri-’
viere, qui fortoit des montagnes,
& qui abondoit en truites & en brochets
, qu’on tire en ce païs-là à
Pêche fa-, coups de fleche, , Les Cofaques &
lotable. les Xungufes, qui étoient à la fuite
de Monfieur l’Envoyé, en prirent
une grande quantité , qui fervitj
avec quelques r.enrses -, qu’on prit
fur le foir, à fubvenir aux befoins
les plust preffans de -la G ara va-
g e , '
Ceux qu’on avoir envoyez à la
chaffe dans les montagnes, y trou- .
vérent un Shaiman ou magicien, qui <p™eurS
étoit oncle du guide de Monfieur Shaimaii.
l’Envoyé & KM M -, rT um16u -f, e , ' n■at io■n KmKmSB aaeBn-i lÉfl le trouve pluheurs deces. magxciensr
là. Ce Seigneur fut éveillé à minuit
par un grand cri, qui’le fit fortir
de fa tente, p.oiir demander aux fenh
tinelles, qui là gardoient d’où cela
protedoit. Ils lui répondirent que
ç’étoit fon guide, qui fe . divertif-
foit avec le Shaiman fon oncle. Ce-
la lui donna la curiofité de fe rendre
à fa cabane,accompagné d’une
des Lentinelles. Etant .arrivé >à là
porte il trouva ce Shaiman 8c fon
guidepceupez à la magie, Sc bien
qu’ils eûffent prefque achevé leur
niyftere diahobque lors qu’il arriva,
il pbferva que ce Shaiman tenoit
une fleche, dont le gros bout étoit
appuyé contre terre, - 8c la pointe
lui donnoit contre le bout du nez;
Ce magicien fe leva un moment a,
près.js’écriant à baut^e .yoix, 8c fautant
plufieur's fois en rond, enfuite
de quoi il s’endormit.- Le lendemain,
lès Cofaques ,'qüe eeMiniilre
avoit envoyé chercher des provi-
fipns.revinrent, & lui dirent que
ce Shaiman étôit venu à la rencontre
de fon neveu, 8c l’avplt enlevé
à leurs yeùx ; chôfealîez facile dans
rpbfcurité de la nuit', 8c entré de®
montagnes ,.fans le fecoitrs de la magie.
Us lui apprirent en mêmetèms
l’agreable ppqvelle, qu’on receyroitj
au bout de trois jours, les provifions
qu’on avoit mandéés ât Argitm ; noil-
velle qui redonna la vie à la Çarà-
R 2 varie,•