d e c o r n e i l
_0, jours entre les rochers , où l’on a
.Août, peine à fe tenir à cheval.
Le vingt-deuxihne , nous nous
trouvâmes au lever de l’aurore, au
milieu de la montagne, dans un endroit
, où la partie la plus efcarpée
du rochereft ceinte d'une muraille,
& le chemin fort pierreux. . On
trouve fur cette montagne, plufieurs
grandes citernes couvertes, dans lesquelles
il n’y a voit point d’eau a-
lors , mais il n’y en a que trop,
en hyver. Il y a ausli beaucoup
de piftachiers 8c de terebin-
thes, qui produifent de la gomme
en alïOndaftcé;, 8c j’y en trouvai
un morceau tellement feché
par la chaleur du foleil, que je pus
le garder. Il étoit 9. heures avant
que nous eusfions traverfé la montagne,
.8c nous arrivâmes une heure
après au Caravanferai de Zia-
talle, beau bâtiment depierre, très-
commode pour les voyageurs,8c fi-
tué dans une plainé bordée de montagnes,
à 5. lieues de l’endroit où
nous avions paffe la nuit.
. Nous en partîmes à minuit, 8c
traverfâmes des plaines & des montagnes,
qui n’étoient pas 11 élevées
que la précédente, & où nous ne
laiffâmes pas de trouver encore de
plus méchans chemins ; 8c parvînmes
à la pointe du jour à une fontaine,
qui reçoit fon eau des montagnes.
Nous traverfâmes enfuite
une vallée entre les montagnes, par
• un chemin fort pierreux.
Etant arrivez fur les 8. heures au
Caravanferai de Mou-feer , nous y
trouvâmes un carme, quivenoitdc
Gamron, & dont le camarade étoit
mort en chemin, après s’être rompu
la jambe. ; Celui-ci avoit auf-
fi été long-tems malade , 6c alloit
à Ifpahan.
Nous nous arrêtâmes dans ce Caravanferai
, après une traite de
quatre liëuës. Il étoit p e tit, de
pierre , 8c nouvellement b âti, 8c
cependant, nous ne lailTâmes pas
d’y trouver alfez de commodité, 8c
de bons fruits tirez d’unjardin, qui
étoit vis-à-vis. Il y avoit des orangers
dans ce jardin , dont le fruit
létoit encore vert, & qui ne laif-
T o m . II.
L E L E B R U N . 31?
foient pas d’être doux & remplis de j
fuc. J ’yu-rOuvai fous les arbres une n. Août,
plante ¿ dont les feuilles du pied
avoient un empan de longj 8c la
moitié autant de large, & dont celles
qui étoient plus élevées étoient
beaucoup plus petites,avec un petit
cotton fur les tiges. Les gens piantes
du lieu les nomment Goes-Soutoor, Pirta-
ou oreilles de chameau } mais on ne3‘
n’en connoit pas la vertu. Jjen trouvai
une autre un peu plus loin, laquelle
avoit fix pieds de haut, nommée
Zja-raek, dont les feuilles trem- :
pées dans du beurre ont une vertu
; admirable pour la guérifon de ceux,-
qui ont des vers aux bras & aux
jambes, mal fort commun aux environs
de Gamron » où l’on cultive
cette plante avec foin. Elle ne produit
qu’un fetil concombre'courbé
& allez pointu. Les fleurs qu’on
voit au haut de la tige font rouf-
fes & blanches. Elle eft repréfen-
tée au num. 184.
Nous continuâmes notre routeà
minuit, & arrivâmes au matin, à
Dom-banje où nous nous difperfâ-
mes én plufieurs maifons, le Cara-
'vanferai du village étant tombé en
ruines. J’allai voir à une demi lieuë
delà à l’ouëft, une montagne fépa-
rée des autres , fur laquelle il y a-
voit eu autrefois une forterelfe. Je
trouvai fur le fommet un puits taillé
dans le rcS, dont l’ouverture a- .
voit 10. pieds, de diametre, 8ç qui
n’étoit cependant pas des plus profonds,
comme il parut par quelques
pierres que j’y jettai. 11 y a-
voit à côté une voûte , de 19, pas
de long, fur 12. de large au milieu,
avec un dôme au-defius , lequel a-
voit 27. pieds de diametre en dedans,
rond 8c ouvert par le haut 8c
par les côtez, en partie tombé en
ruines. Cette montagne qui eft efcarpée
au nord , avoit au fud-fud-
oueft un chemin de 16. pas de long,
fur 14,. pieds de large au milieu, en
partie taillé dans le roc, commençant
auprès de ce dôme , 8c abou-
tiffant contre un côté de la montagne
; 8c. beaucoup plus étroit aux
deux bouts qu’au milieu : on en trouvera
la repréfentation au num. 185.
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