1694. vane5 qui fe retrouvoit dans la di-
j8. Mars; fette de toutes chofes.
A r r i v é e
d e s p r o -
v i f i o n s .
Ce fecours arriva effectivement
le 3. jour, par l’afliftance de Dieu,
& confiftoit en 25. boeufs & vaches,
en pain 8c en gruau. Mais les, vivandiers
, qui apportèrent ces provifions,
fe fervirent de l’occafion,
pour écorcher la Caravane, obligeant,
les marchands à leur payer
un écu d’un pain, 8c le refte à proportion.
Ils ne laifférent pas de
s’eftimer bien heureux d’en avoir à
ce prix en l ’état où ils fe trou-
Voient.
Enfin, après s’être un peu remis,
ils continuèrent leur voyage, 8c parvinrent
au bout du defert, où ils
avoient tant fouffert, trouvant de
plus en plûs de l’herbe , à mefure
qu’ils avançoient.
Le vingt-feptième, ils parvinrent
avec une joye inexprimable fur les
bords de Y Argun, qu’ils traverfé-
rent le lendemain ; 8c arrivèrent
heitreufement le trente-unième à Ner-
fmskoi , où ils rendirent grâces à
Dieu de les avoir tirez de la mifere
à laquelle ils avoient été réduits
Arrivée à
Nerfins-
jfeoi,
par la famine.
Us s’y remirent de toutes leurs
fatigues , 8c .en repartirent le cinquième
<Y Août, par terre en côtoyant
la riviere, 8c arrivèrent le huitième
à Udinskoi, où ils trouvèrent des
barques, fur lefquelles ils la defcen-
dirént avec un vent favorable, 8c,
fe trouvèrent à la pointe du jour fur
rendirent ijenizeskoi, après avoir 1694,
couru rifque de perir par l’abondan- ? f 4oât*
ce des eaux qui étoient tombées de- kof.mics'
puis quelques jours.
Le vingt-Jixieme, Monfieur l’Envoyé
continua fon voyage- par terre,
,8c traverfa.un bois, qui avoit
près de vingt lieues de long, où il
y avoit beaucoup de gibier à poil 8c
à plume, qui difparut auili-tôt.qu’il
en approcha.
E'parvint enfuite , au bourg de
Makofskoi, où il trouva autant de
barques qu’il lui en falloir pour
defeendre la Keta, avec toute faillite,
8c arriva le vmgt-hmtume Septembre
au château de Ketskoi fur
1"Oby. Il defeendit heureufement ce
fleuve, 8c arriva le feizième Ottobre
au bourg de Samorofskoi-jam , à
l’embouchure de Ÿlrtis: U S’y arrêta
quelques- jours , en attendant
qu’il pût fe fervir de traîneaux
pour continuer fon voyagé
par terre,8c arriva le ‘vingt-neuvième
à Tobolj où il refta 3. femaines ï Tobol,
pour fe remettre, 8c fe pourvoir de
toutes les chofes neeeffaires pourla
continuation de fon voyage, dont "
il fouhaitoit ardemment de voir la
•fin;
Le vingt-quatrième Novembre il
travetfà la ville de Wergotur, fans
avoir fait demauvaiferencontre, 8c
arriva heureufement, le premier de
Janvier 1695. à Mofcom où il alla iéo fr
rendre compte de fa négociation à à **ofi
fa Majefté Czarienne , après un V
les frontières de la Syberie. Ilsarri- voyage de près de trois ans ,-da®s
i jakufs- vérent le douzième à Jakutskoi ; d’où lequel il avoit fouffert des fatigues
koK ils partirent le dix-fiptième , 8c fe'-inexprimables.
C IÍ A Ì? 1 T R E XXVIII.
De la Syberie en general. Plujîeurs fortes de Samoiedes &e,
Defcription du détroit de Weygats, illuftrêepar Mr.le Bour*
guemaître Witfen. La montagne de Pojas &c.
B N IV /T R' B B I , qui a ajoûté ce
mÏjs- 1 Y X flui fùit à la relation de fon
brants, voyage de la Chine , déclare qu’il
s’éft'imiquëffient appliqué à fuivre
la vérité , fans y rien ajoüter pour
donner du merveilleux, ou dé l’ornement
à cette relation , comme
font là plupart des Voyageurs, qui
rapj
rapportent fpuvent; fie grands .five,
l,j»aÿ. nqrpeqs fur,iin-fimple oui dire,fans
les avqir-e^aminpz:,, ^ fans favpjp,
sbjs-foqt faux ou verifaljles, Au
refte , il ayquë quîil n’p pas tpûjpufs
fuivi 1-orfire des.chpfes, 8ç qu’il en
a. quelqiiefpis, paffées , qui meri-
toient- fifê^e,. inletiées,, ou plus am-
plçmenqex:ppfées:5_ fiont il, deman,.,
fifrexQU-fe-, 8c Ï4 permiifipn fie- les
repaffer avec un peu plus d’exaêbi-,
tjufie 8c fiféçenfiuë.
kccapitü- U a traverfé, comme on a vû , tou-
ïbnvoÿrite ^a fyberie 8c la Daurie , 8c en a
ge. décrit les villes, les pais & les yi-
viefesidu nord à l’eft, c’eft-â-dire,
du détroit de Weygats jufques à la
riviere d’Amur, 8c de l’ouefl: d’Ùf-
fa jufques au pais des Mongoles,
* 8c, enfuite de l’oueft jufques au fud.
Déicrijii ^ Les frontières de la Syberie, dit-
heràifdé^5 *°nt Par tour pourvues detrou-
hi sÿbé- pes Rujjiemes, qui ne fongent pas
ria ,..1t fubjûgiÿEç.fes fartattéSi quihabL'
tent les parties meridionales de ce,
pais, pofir les réduire fous l’obeïf-
j lance fie fa Majefté Ovarienne, par-
|.ce qu’il'fi’erirefulteïôifàucunavan-
\;tage à*ee Prince.-Le'Royaume dé
■ Syberie fit le pais d’alentour, eff fi’u-
ne ttèsigranfie ëtenduë j ’Lô'mnie'il
paroit, par falcarte qui eff fi,la tête
,de ce.vpyagë; On dqit fiïr jbut ym-
voirëgarfiàuxfiegrési^ifàùsîVàïrêtfir;
trop fcrUpnleiireménta
plus.ou fie moins , JSaijp-apoijt a ffl
, diflanftllfies.villes Sfifi^Aiflerés-àu
dedans du. païs, parcêVfiît-il, que
les Géographes 8ç les-Hifto'riens, qui
ont parlé fie ce Royaume ne l’ont
jamais travetfé, 8c qu’on ne l’a jamais
mefuré àyec exaftitude. U declare,
au refte, qu’il n’a rien épargné
de Ion côté pour..en, venir, à
'bout, .s’étant iervi de tous, les inf-
•trumens neceffair.es. pour en prendre
•les hauteurs, .&qu’iil a enfuite.ran-
gé, & marqué toutesles places 8c
tous les'lieux le plus teguberement
-qu’ilibri-a été .poflible.: & enfin,
•qu’il'laiffe,,avecplaifir, à-ceux qui
feront ce-.Vayagè après lu i, Phofl-
neur de faire de plus amples décou-
-Vertes , -fe contentant fie.’celui d‘a-1
■voir rompu 1-a glace,-8c d’avoir été!
fie premier Allemand, quiait travétfé
eps. vailps. çojifrées juJÇques à la
Çhipg, eq^alîant, & eqj revenant:,' t.' janr.
gatipp. dpSipr-enuerps iiipiiepesjqqfij
ajteçiyqs.pqi}):. fijire lp ça^te.gpnera-.
le de cp.païs-lp, à. Îjionfieur /fftfeyi,
Bourguemaicre fi\Amfieffqif, pour
lequel fi, aura tfiûjpqrs. un refppéb,
& pne. ypnieçatÿqn. fpiitejpa/tipuli’é-,
rq ayeçjjqus le6,geyis defiett^ès.j &
toutes, les petlpnneg fie bon goût 1
que ce Bourgu.çmairre a été lepre-
mier qui ait donné à. Y Europe une
carte univerfelle de la Syberie , du
païs des Kdmuques, des ..Mongoles,
8c de plufieurs autres peuples, juf-
qües fi la fameufe muraille de la
Chine , 8c enfin que cette carte lui
a ferVi de guide en fon voyage, &
de modelle pour celle qu’on trouvera
à la tête de cet ouvrage, •
U l’a commencé au, nord.,' c’eft-
à-fiire, au païs désSiimoiedes&cde,s
Wigules , qui7font fous la jurifdic-
tioh de là Syberie, 8c fous les Way-
wodes de Pelun , jufques à la mer. L
On trouve pluiicurs fortes de cës Plufieurs
Samoiedes, dont les laneüeÜ&ntdif-
• r " ¡ P I H SsiBBi . . b am o iè * terentes-, comme ceux-de Berefofs- des. '
■ky 8c de Pnjlprfe , qu’on fiffime la
mênie;patistt:; ceux qpiÿabitenc la ,
côte dp'ta'mcr, à Î eW ê l ’Oûy.juf-
¡quesn ftgchamskay_ où M.angazeis-S
Poy, ;8ç eëiïx'qiii démirent àuX-en-iiC.
Svirops' à’Arch '/ippgl fur la 2Jtviftdf
fun^ partie de l ’anfiéeV Sc en hyver
dans les Bpis fpus<3,es Mîtes. Ges der-
niers lont le rebut de ceux qui habitent
le long'de la fifireïe la meri-i. i
qu’ils ont abandonnée pour venir en
ces quartiers-là.
Quant aux Samoiedes -, qui habitent
fur la côte de la mer glaciale ,
ils n’ont que lajfprmP.'huQ1.^.116, ^
prefque aqcuqes. lumiièrps/i^tiîrel, ils'tfbiit
les, & .rpfiembîent plus fi, fies ,oprs *üc“nê»,
fijU’à.des •hQiîJnaes. Jlsiife rgpjfifiept UIhlerc,■
commç les-b,êteç;fauy?iges j^fie,çâfia-
vres.fie.cbçvàpjç., fi’ânes.,‘tfie chiens
& 'fie chats- dçi.b^lein^rÿC;.deye3.ux:
piâifins, ,ppu:flpz,t-à terr,e par, là .violence
fies.gbtces, ,& Ipii.vent Îins fe
fignner la.peiné.,fie,;le.scnij;e,. :fi,c.au-
fe.fiefient.parejTe, qupi qiieJepaïs
:pù ils .vivent ¡ao.opfie en gibier , en
poiffpn & en-bétail.
R. 3 ' “ lis