.j^06 fant route au nord-nord-eft & au
19 , Fcv. nord-eft fur-nord j mais cela ne dura
pas long-tems , 6c nous remîmes à
l’ancre une fécondé fois, en deçà de
la pointe de Bantam, qui étoit au
nord-eft fur. nord , à une lieuë 6c
demie de nous. Le vent changea
fouvent pendant la nuit, 6c il tomba
beaucoup de pluie. Nous remîmes
à la voile fur le matin, 6c continuâmes
notre route au nord , 6c
nord fur eft, fur 19,22, & 23..braf-
fes d’eau : mais il fallut encore
mouiller l’ancre fur le m id i, aiant
en vue plufieurs lies élevées. Après
midi le vent fe mit au fud-oueft, 6c
continuant notre route , nous parvînmes
fur le foir à la hauteur de la
pointe de Bantam, au nord-eft fur
nord étant à peu près à 2. lieues
de t'erre. Nous y remimes à l’ancre
fur 27. braifes d’eau, n’ofant a-
Vancer pendant l’obfcurité de la nuit
à caufe des lies; outre qu’il faifoit
du tonnerre 8c des éclairs. ' Le vingt-
- ¿r-unibne nous eûmes le vent contraire
au nord-eft , avec de fortes
marées, de forte que nous ne pûmes
■avancer. Il arriva au matin une barque
de Java,epii nous apporta des
fruits 8c des poulets maigres. Nous
avions la pointe de Bantam au nord-
île de eft, 6c l’Ile nommée Toppers hoedt-
Toppet? je au nord-eft fur nord , environ à
oc Je" une lieuë 6cdemie-derious. Lèvent
s’étant mis au fud-oueft'après midi,
nous remîmes à la voile , étant fa-
vorifez de la marée, 8c fîmes route
au nord-eft fur nord. Nousparvîn-
'mes fur le foir à la pointe de Ka-
K»racka-' rac^atouw > qui étoit à une lieuë 8c
towl demie de nous , au nord-nord-eft,
6c à 2. lieues de l’Ile de Toppers]
hoedtje. A l’entrée de la nuit nous
vîmesdes feux à terre, 8cilfitquelques
éclairs. Nous eûmes du calme
fur les 10. heures 6c mouillâmes
fur 27. braifes d’eau , mais ce
calme fut bien-tôt fuivi d’une grof-1
fe tempête.
Vues def- ; Ce vingt-deuxième jedeffina.i deux
fmées. belles vues, dont la première eft reprefentée
au nüm. 194. Le D , y
* Dwars marque l’Ile * du Pajfage : l’E , celle
wcg"1 W m m ’ une partie du
c ' continent de la côte occidentale intérieure
, fa voir le coin feptentrio- I7 g
nal. On voit dans la fécondé plan- , 1 f^.-
che, au num. 195. la pointe de Bantam
au G. La côte de Java à J’H,
& le * Chapeau de Brabant à l’I. “Toppn,
On y voit auili toutes les monta-
gnes 8c toutes les liles remplies d’ar- hoedtje.
bres, objet très-agreable à la vue.
Nous avions en cet endroit la pointe
de Bantam au nord-eft , 6c le
Chapeau de Brabant au nord-nord-
eft, environ à une lieue 6c demie
de nous. Sur le midi nous vîmes
venir un vaiifeau de Batavia, avec
une barque de la Compagnie. Le
vaiifeau étoit une flute Hollandoife
qui s’en retournoit dans fa patrie.
Auili-tôt que nous eûmes reconnu
fon pavillon , nous arborâmes le
notre, 6c envoyâmes une chaloupe
à fa rencontre pour prendre langue.
Elle envoya de fon côté 2. pilotes
à nôtre bord, qui n’y réitèrent guère.
Sur ces entrefaites la barque
de la Compagnie arriva, félon la
coutume, pour examiner les vaif-
feaux qui arrivent 6c en rendre
compte. Le patron de cette barque
donna ordre au capitaine de notre
vaiifeau , de la part du magiftrat
de Batavia, d’envoyer immédiatement
à terre fon clerc, avec les lettres
de la Compagnie, à quoi il
obéit fur le champ, 6c nous remîmes
à la voile le vent étant à l’oueft.
Nous avions la pointe de Bantam
à l’eft fur fud, 8c le Chapeau de Brabant
à l’oueft-fud-oueft , avançant
fur 32. braifes d’eau. Sur les onze
heures du foir nous mouillâmes fur
16. braifes,au delà de la pointe de
Bantam , à 18. lieues de Batavia.
Le vingt-troifieme, à la pointe du
¡jour, nous remîmes à la voile, le vent
étant oueft-nord-oueft 6c aifez fort,
8c nous apperçûmes le golfe de Ban- Golfe dé
tam, qui s’étend fort avant. On Balltani-
voit au devant, ou à côté de ce
golfe, l ’IJle longue, qu’on laiife à île lo i- :,
droite. Nous avions auili en vue
la montagne bleue, qui eft fort éle-Mont»"
vêe. Ceci eft reprefenté au num.sns ..
196. où le K marque l’Ile longue Defcrip-
ou de Pon. Panjang: l’L , la ’mon- tiondcce
tagne bleue;L’M ,le golfe deB a n - ffma~
tam, 6c l’N , la pointe de Bantam.
Nous
1706.
»4. Fev.
Biby.
Nous paifâmes à côté de la ville,
dont on diftinguoit en partie les
bâtimens les plus élevez. Nous a-
vions Baby au nord-nord-oueft, environ
à une lieuë 8c demie de dif-
tance, faifant route avec un vent
de nord-oueft 8c de fud-oueft , à
l’eft- nord -eft 6c eft fur fud, fur
10. 12. 6c 15. braifes d’eau. On
voit plufieurs Iles en ce quartier-là,
où nous fûmes fouvent obligez de
mouiller à caufe des calmes. Enfin
nous approchâmes de Batavia
levingt-quatrième. Le Commandeur
Broeug nous y vint trouver dans fa
barque, 8c m’apporta l’agréable nouvelle
que j’étois attendu par le Gouverneur
général, M r.àeHoorn, lequel
avûit appris ma venuëpardes
lettres de Monfieur Witfen Bour-
guemaitre d' Amfierdam. Ce Commandeur
m’offrit une place dans
fa barque pour me rendre à la ville,
où nous arrivâmes fur les 10.
heures. J ’y appris que le Gou.ver-
neur étoit allé paifer la journée à 24. Fev.
une maifon de plaifance hors de la
ville. Monfieur de Geerlagh eut la tcïirà b».
bonté de me prêterfon caroffepour tavia-
m’y rendre. J e trouvai le chemin
qui y mene très-agréable , bordé
d’arbres 8c de maifons de plaifance
à droite 6c à gauche. Celle où j ’allai
n’étoit qu’à une bonne demi lieuë
de la ville. J ’y trouvai bonne com- Honnête-
pagnie , 8c Mr. le Gouverneur me g |ndé“aI
reçut à-bras ouverts, 6c me retint à des Indes..
I dîner. Sur le foir, nous retournâmes
à la v ille , 8c j ’allai loger au
château avec lui. Il m’y rendit un
paquet de lettres , dans lequel il y
en avoit une de Mr. le Bourgue-
maître Witfen, du premier jour de
Mai 1 705. Après fouper, on me
conduifit dans mon appartement,
où j ’allai repofer, étant fort fatigué
8c même aifez indifpofé.
C h a p i t r e LXVIncommodité
de l’Auteur. Habitans du fud. Punition rigoureufe.
Fruits extraordinaires. Comedies Chinoifes. Maifon de plaifance
du Direffeur général.
MO n incommodité augmenta
à tel point que je fus o-
bligé de garder la chambre. Monfr.
Brower , premier Médecin de la
Compagnie , me vint voir par ordre
du .Gouverneur général, 8c me
fit efperer le rétabliifement de ma
fanté en peu de jours. Il y travailla
même avec tant de fuccès , que
je quittai la chambre à l’entrée du
mois de Mars. Je n’avojs trouvé aucun
gout ni au vin ni à la biere,
dre vifite à Mr. Outshoorn , ancien
Gouverneur v générawl sdmems I ndes » , •le- quel me reçut parfaitement bien.
C’étoit un homme de 70.ans, frais
6c vigoureux pour fon âge , qui a-
voi't exercé cette importante charge
depuis la maladie que j ’avois euë à
. Gamron, 6c n’avois pû boire que de
l’eau, 8c un peu d’eau de vie de tems
entems. Mais les rafraichiffemens I
qu’on me fit prendre me rendirent |
de l’ap p e tit, 8c je recommençai à |
travailler 8c à peindre fur de la toile
, de certains fruits des Indes, à
quoi je prenois plaifir. J ’allai ren-
T om. II. ' H
l’efpace de 13. années, 6c ne s’en
étoit défait que pour paifer lerefte
de fa vie dans le repos 8c la tranqui-
lité. J ’eûs une longue converfation
avec lui , dont je fus très-fatisfait,
auffi-bien que l u i , qui me fit promettre
de le revoir fouvent, 6c de
lui montrer toutes les curiofitez que
j’avois apportées. J ’allai voir en-
fuite Mr. de Riebeek, Directeur général
de la-Compagnie, Mr. le Général
de Wilde ', 8c plufieurs membres
du Confeil des Indes, auiïï-
bien que Mr. Garfin premier Secretaire
, lefquels me reçurent avec
X x beau