1704, nons> dont les affûts font fort en
1. Mai. defordre, & fur tout les roues. Il
y a un canal revêtu à côté de ces
canons , qu’on apporta d’Ormus fous
le regne d’Abas, qui fe rendit mai-
tre de cette place, par l’afiiftance
des Anglois.
On entre au Palais par la porte
d’Ali-kapie, qui eft d’une belle ar-
chiteâure 8c a dix pas de large, &
plus de profondeur fous une voûte
élevée, avec de jolies niches des
deux côtés dans la muraille. Après
l ’avoir traverféé,on trouve de hautes
murailles de pierre, entre lef-
quelles on paffe aux bâtimens 8c
aux jardins. La porte de Haram eft
à peu près femblable à ceUe ci. On
la fit rebâtir pendant que j’y étois,
& dorer par devant. La première
fois que je fus à la Cour, en l ’ab-
fence du Roi 8c de fes concubines,
je paffai par une gallerie entre ces
murailles-là, 8c en trouvai l’entrée
toute Royale. Je paffai de là au
nouveau Serrail des femmes, qui
eft rempli de petits apparcemens
magnifiques, & dont les murailles
font blanches par dehors & peintes
de fleurs. On trouve au bout de ce |
bâtiment, adroite, un grand appartement
des plus propres, entouré
de chambres, qui n’étoient pas encore
perfectionnées, 8c auxquelles
Bâtiment on travailloit. On paffe de là dans
magnifi- ]a faie ¿je Jiel-fetton ou des 40. Co-
lomnes, où le Roi donne ordinairement
audience aux miniftres étrangers.
Vingt de ces colomnes font
de bois peintes 8c dorées. Cefalon
eft fort grand & les murailles en font
bleues, ornées de fleurs & de feuillages.
On y voit aufli quelques figures
Empennes, habillées à XEspagnole
Sc autrement; 8c 8. autres
colomnes fur le derrière de ce bâtiment,
quatre de châque côté,' 8c
quatre autres dans une chambre qui
étoit fermée. Il y a une grande cour
remplie de fenés devant cet appartement;
vis-à-vis duquel il y en a
un autre plus petit, fur le derrière
duquel donne le Serrail, Sc entre
deux un beau badin ou vivier revêtu
de grandes pierres,dont la cour
eft aufli pavée. Ce baflin a 180.
que,
pas de long fur 24. de large. On j - 0,
me fit palfer de là dans un autre u Mn,"
cour, 8c enfuite dans un grand bâtiment,
où il y avoit un falon d’une
grandeur extraordinaire, fort élevé
8c bien éclairé, avec de grands rideaux
attachez au platfonds , 8c
traînant jufques à terre. J’eus la cu-
riofité d’en levèr un, 8c trouvai que
ce falon étoit rempli de miroirs,8c
orné de belles colomnes de bois
peintes Sc dorées. C ’eft le plus bel
appartement du Palais, dans lequel
le Roi donne aufli audience aux
miniftres étrangers. On voit de
belles fontaines au devant, 8c un
canal qui fert à arrofer les arbres
8c le jardin. Ce Palais eft divifé.
en plufieurs parties, 8c a plufieurs
jardins feparez les uns des autres.
Omy trouve aufli de belles galeries
de pierre, couvertes 8c ornées de
nichés des deux côtés, avec des
bancs de pierre de 3. pieds de haut,
8c plufieurs autres appartemens,
fans compter lé nouveau Serrail,
dont le Roi paye tous les ans 300.
Tomans, chaque Toman faifant environ
40. florins de notre monoye.
Toutes les boutiques qui font autour
du Mey-dotn 8c au Chiaer-baeg
font obligées d’y contribuer. Le
Clergé tire tout le revenu des jardins
qui s’y trouvent, par un don
qui lui en fut fait par Abas premier.
Le Roi fe plait fort àlamuiîque I „ .
■ r , 1 1 L e R o i 8c entretient un grand nombre de aimc la
muficiens à Nachroe-Chone. Leurs mufique.
principaux Inftrumens fon t,leKa- Leurs
rama,qui approche de la trompet- inftru-
te. 11 s’en trouve qui ont 5. pouces
de circonférence par en haut,
8c quatre pieds par en bas, 8c 7.
pieds 6. pouces de long, de forte
qu’on ne fauroit s’en fervir fans un
appui. Le fon en eft extraordinaire :
Le Koes, qui eft un grand tambour,
long de 5. pieds 8c deux pouces,
8c qui a 9. pieds 8c 9. pouces de
tour ; mais on ne s’en fert qu’à l’armée
en tems de guerre, 8c ceux qui
le battent font aflis fur des chameaux
: Le Hool, qui eft un tambour
femblable aux nôtres : Le Na-
gora, petite timbale ; 8c la trompette
1704.
t . Mai.
Principaux
exercices
des Per-
fans.
L e
Chiaerbaeg.
pette ou le Nafier. Us ont aufli des
claveflins : mais l’inftrument qui eft
le plus en ufage parmi eux eft le
Kamon-Sje, efpece de violon. Ils
ont de plus le Soorna, ou le hautbois ;
plufieurs fortes de flûtes, la harpe
ou le Morgnie, 8c une efpece de baf-
finde cuivre plat, qu’ils nomment
Sansh, fur lequel ils frappent 8c font
un grand carillon. Outre ceux-ci,
ils ont encore plufieurs autres inftru-
njens inconnus parmi nous.
Les principaux exercices de cette
Nation font , de monter à cheval ,
de lancer l’Ainer ou la cane, de tirer
de l’arc, 8c la chaffe à l’oifeau, 8c
leurs paffetems ordinaires le tabac 8c
laconverfation. Ilsfont aufli grands
amateurs des échecs, 8c yjouent parfaitement
bien.
Voila tout ce qui regarde le Mey-
doen ou la grande place. Il eft tems
depafferau Chiaer-baeg, ou la belle
allée à'ifpahan, qui fignifie ausfi
quatrejardins, 8c qui eft un des principaux
ornemens de cette capitale.
On s’y rend par la porte de Eaerwa-
faey doulet, ou de la profperité, bâtie
par Abas le Grand, au fud de la ville.
Ce Prince ordonna à quelques Con-
feillersd’Etat, de faire bâtir à leurs
dépens quelques maifons à l’entrée
de ces jardins, le long de ce beau
chemin. Un de ces Seigneurs nommé
Gemsjie Ali Cham fit ériger un
bancs, de chaifes 8c de tables de bois, j y0^
8c l ’on y voit, fur le foir, un grand t. M»i.
nombre de Perfans, qui fument 8c
prennent du caffé. Le terrain y aune
pente, 8c on y trouve quelques arbres
grand bâtiment élevé en forme de
tour, contre une des murailles, qui
regne le long de la riviere. Les
autres fuivirent fon exemple, 8c ornèrent
à l’envi ce chemin de beaux
bâtimens de pierre, 8c entr’autres
d’un pavillon à l’entrée, d’où le Roi
peut voir, au fortir de ces jardins,
tous ces édifices-là.
On trouve à 250. pas de la porte
de la ville, en avançant le long de ces
jardins, deux bâtimens vis-à-vis l’un
de l’autre, avec de grandes portes
qui donnent dans les jardins, 8c au
milieu du chemin un grand basfin
oftogone: deux autres bâtimens,
femblables à ceux-ci à 338. pas delà,
avec un basfin quarré 8c en avançant
encore 170. pas on rencontre un
chemin croiféentre les murailles des
jardins. Ce chemin eft rempli de
qui font une ombré la plus a-
gréàble du monde. Ausfi ce lieu-là
eft-il prefque toujours rempli de
monde à pied 8c à cheval, qui s’y
divertiffent à la courfe 8c à plufieurs
autres exercices. En avançant toujours
on trouve une grande porte de
pierre à un des jardins, 8c un peu
plus loin deux autres bâtimens, où
l’on va prendre du tabac, 8c un peu
au delà un autre chemin croifé : en-
fuite , deux bâtimens femblables aux
precedens, 8c un basfin quarré entré
deux. On y prend ausfi du tabac 8c
du caffé, 8c on y trouve un grand
nombre de boucliers , d’arcs 8c de
fléchés, appartenant aux Mamet-
holladers 8c aux Heyderies, dont on a
parlé ci-deffus., A quelque diftance
delà, il y a encore un basfin ottogo-
ne, qui donne fur un chemin au travers
duquel coule une belle riviere,
bordée de part 8c d’autre de fenés.
Le grand chemin s’étend plus de
200. pas au delà, le long du Palais 8c
du jardin Royal, où il y aune efpece
demenagerie. Le pont d’Alla wer- Famsux
die-Chan, nom du fondateur, n ’ e n pont,
eft qu’à 80. pas. Le chemin qui
eft à côté a 1751. pas de long, 8c
68.delarge, orné des deux côtés de
fenés plante^ du tems à’Abas le
Grand,ilyapliisde 100.ans. L ’endroit
où ces arbres font plantez a
cinq pas de large, 8c eft élevé d’un
pied 8c demi au-deffus du grànd chemin,
qui eft rempli de fable. Cë
chemin élevé, qui règne entre la muraille
du jardin 8c ces arbres, eft pavé
de greffes briques, dont le canal qui
traverfele Chiaer-baeg eft ausfi revêtu.
On voit à côté décès arbres, qui
font regulierement plantez à 10.
piedsde diftance, un conduit d’eaii
de part 8c d’autre, qui fert à les arrofer.
Le pont à! Alla wer die-Chan,
eft fur la riviere de Zenderoet, 8c a
5 40. pas de long 8c 17. de large, bâti
de greffes pierres. Il à 3 3.- arches,
dont quelques-unes fôfit fondées'
dans le fable, qui y eft très-ferme, 8è
C C foüà