I 7° î- §e P°ur s’enquerir s’il n’y auroit
i8. Feyr. pas quelqu’endroit où l’on pût la
violent
paffer ; mais il nous rapporta que
non. ' Il n’ofà ' pas même traverfer
l ’eau une fécondé fois. Nousleren-
voyàmes ainii au village , d’où il
venoit, avec ordre.de nous y attendre
jufquesaumatin. Nousn’avions cependant,
aucune nouvelle d’un de
nos -valets, qui s’étoit faoulé la v ei 1-
le, Si que nous avions jetté dans un
Froid traîneau de paifan. En cette extrémité,
nos gens courant rifque de geler
de froid , nous fîmes attacher
tous nos chariots enfemble , pour
nous mettre un peu à l’abri du vent,
pendant que nous confulterions ce
que nous avions à faire. 11 étoit 9.
heures du foir, & nous n’avions encore
trouvé aucune reffource. Enfin,
n’y aiant point de maifons en
ce quartier-là, nous refolûmes de
rebrouffer chemin, pour gagner un
village, hors du grand chemin,où
nous arrivâmes à onze heures du
foir, & trouvâmes quelques rafrai-
chiifemens pour nous 8c pour nos
chevaux. Le valet, que nous avions
perdu y arriva la nu it, & nous
dit que fon conducteur avoit ôté
les chevaux du traîneau pendant
qu’il dormoit & s’en .étoit aillé ;
qu’il ne s’en étoit apperçu qu’àfon
réveil, 8c qu’il avoit été obligé d-’en
chercher un autre, qu’il n’avoioob-
tenu qu’à force d’argent & de bonnes
paroles 5 & enfin qu’il étoit ar-'
rivé avec bien de la peiné. Jem’ap-
perçus le lendemain que l’eflieu de
mon chariot «étoit rompra par1 la négligence
de nos gens... Gela joint.à
la gelée, & à la neige qui étoit tôrtt-'
bée pendant la nuit, m'è fitrèfoùdrë
à le mettre fur Je deffou$,d’ün traîneau
, & de charger les roués def-
-fus-y pour jiven fervir au cas quele-
tems vint à changer. Au refte, un
de nos condufteurs nous avoit a-
bandonné, chofe affez ordinaire en
et païs-ci -, J& -nous avoit laiffé fes
chevaux s dans Pelperance que fes
compagnons les rarnencfolent avec
les leurs y ' de forte qu’i l fallut en
prendre un autre à fà place. .N.ous
eh prîmes îrôis, avec desrtrajneaux
fit' des' chevaux, 8c finies p’rovifion
de grandes planches & de poutres
pour nous aider à traverfer la ri vie- ]
re. Le foleil étoit clair , mais il
faifoit bien froid. Nous revînmes fur
les 10. heures à l’endroit où nous
avions tâché de paifer la veille, &
trouvâmes la riviere tellement
gelée que plufieurs chevaux paffé-
rentfur'la glace, à la vérité il y en
tomba quelques-uns. Nous avions
cependant, pris foin delesdételer,
pour pafl'er nos chariots plus facilement,
& avec moins de danger,&
nous nous fervîmes de nos planches
& de nos poutres, aux endroits où
l’eau étoit la plqs profonde. Il ne
laiifa pas d’en tomber quelques-uns
fous les glaces, mais comme chacun
mit la main à l’eeuvre on les
en tira. A une heure ajirès-midi,
nous continuâmes notre route , 6c
arrivâmes une heure après dans
un lieu, où nous trouvâmes des chevaux
frais prêts à atteler. Nous
n’avions fait en tout que 2%. werjles,
6c il en falloit faire encore deux
pour arriver à la petite ville de Ro-
manof. Nous y paffâmes la rivieré
de Belle Kolodis, ou du Puis blanc,
fur un pont couvert d’un pied 6c demi
de glace, & nous y dînâmes,au <
fon des inftrumens ■ des CircaJTiens.
| Il étoit onze heures de nuit avant
que .nous pûiîionspÜttir, n’aiant pu
obtenir plûtôt des chevaux du Gouverneur.
. On y ôta les roués des
autres chariots , qu’on mit fur des
traîneaux, comme j ’avoisfait. Nous
tfayerfâmes pendant la , nuit un
grand village nommé Stoedvncke ; 8c
Ifc 'vingtième nous arrivâmes à la
pointe du jour au pilier de 136.
Werjles , où nous prîmes.. des chevaux
frais fans nous arrêter. Deux
werjles au delà , nous paffâmes à
4dr»ite, à côté de la vill&dtDobri,
fituée à un werjle du grand chemin
fur la riviere de Veronife. A 15 r.
\werfles_ nous trouvâmes un grand village,
6c un autre à 154, où ilfaut
| paffer-une montagne fi efearpée,
qu’on y a mis des barricàdes â gauche,
du haut en bas , pour empêcher
de tomber. Nous traverfàmes
enfuite trois villages , fur le pilier
jdu dernier defquels nous trouvâ-
1703.
0. F e y n
.1703: Mes 157. werjles. Peu après :le
ï i . Feyr. grand chemin fe trouva - f i rempli
d’eau gelée , qu’il étoit impoiïï-
ble d’y paffer, de forte que nous fûmes
obligez d’en chercher unmeil-
. leur à droite, 6c nous y réüfilmes,
de maniéré que nous paffâmes tous.
Il n’y eut qu’un chariot de bagage
fort chargé, qui tomba dans l’eau
au travers des glaces , mais on l’en
tira fans qu’il y eût rien de gâté.
Enfin , après avoir encore côtoié
quelques villages nous arrivâmes à
la maifon du Prince Alexandre, qui
eftà 190. werjles de Veronife. Nous
ne nous y arrêtâmes pas, 8c fûmes dîner
à un village, qui n’en eftpas é-
loigné. Il étoit 6. heures après-mid
i, 6c nousattendîmesjufquesàdix
avant que nos chevaux fûffent prêts.
Le vingt-unième, fur les 4. heures,
nous nous trouvâmes à 2 x 8. werjles ;
peu après à 238,8c puisà257.d’où
nous vîmes à notre droite la ville
S ch o p pm .d e Schoppin, qui paroîtaffez grande,
avec quelques villages entr’el-
le 8c nous. Comme nos Pojtwodes
ne s’étendoient pas plus loin, nous
nous y rendîmes 8c paffâmes fur un
pont, qui a un werjle de long , 8c
-traverfe un marécage. Cette ville
Château n’eft pas eonfiderable. Le Château,
du Gou- où le Gouverneur ▼erneur. n i 1 1 fait f, a refidence3, elt ail bout de la grande rue, Se n’arien
de remarquable en dedans ni en
dehors. On nous affigna d’abord
des logemens, 8c les bourguemaî-
tres nous y vinrent trouver de la
•part du Gouverneur , 8c nous présentèrent
des rafraichiffemens d’eau
de vie, d’hydromëly de biere , de
pain 6cc.. Nous demandâmes 30.
chevaux au lieu de 24. pour mieux
tranfporter nos roués , Sc on nous
les accorda. Nous en partîmes une
heure avant le coucher du foleil , 8c'
fîmes 40. werjles cette nuit; puis
aiant changé de chevaux , notfs a-
vançâmes jufques à 311. werjles ,
proche de la maifon deMonfieürle
Fort, où nous arrivâmes le vingt-
deuxieme à 9. heures du matin. Ce
gentilhomme avoit écrit à fes °ens
de nous bien traiter, 8c de nous fournir
des chevaux, 8c toutes les cho-
fes, dont nous aurions befoin. Nous
y laiffânies les roues de nos cha- 1703.
riotSj.pour mieux avancer, 6c avec11- F«*
moins de chevaux , la gelée 8c la
neige aiant fort amandé }es chemins.
On nous y en donna de frais, 8ca-
près y avoir refté une heure de
téms, nous continuâmes notre route,
ôt avançâmes jufques à 329.
werjles, Sc à trois heures après-midi
nous parvînmes à 347 , au village
de Podaffincke, où nous nous
fortifiâmes le coeur. Il neigeoit 8c
le vent 6c la gelée continuoient tout
jours. Aiant encore changé de chevaux
fur le foir, noüs traverfàmes
plufieurs villages pendant la nuit,
6c la ville dé Nikole Saraiske, qui Nikdle
eft affez paffable.. Ce ne fût pour- Sar,is^ ;'
tant pas fans difficulté, à caufe du
grand nombre de païfans, qui l’a-
voient remplie de traîneaux, pour
fe rendre de là à Mofiou avec le.urs
denrées. 'Lemngt-troijîème aumatin
étant avancez jufques à 4,20. werjles,
| nous pourfuivîmes.i notre. chemin
avec des chevaux frais,, jufques à
! Grodno , où nous arrivâmes à 9.
heures,, fans • nous, y arrêter.'
Nous trouvâmes la riviere d’Oc-
\ca 7. à 8S werjles au.,delà , 8c
fûmes quelque teins à la traverfer.
Il fallut paffer enfuite, une
haute montagne efearpée, où il n’y
avoit qu’un chemin étroit àlagau-
|che de la riviere.' Nousprencontrâ-
mes en montant quelques traîneaux,
. qui nous obligèrent/a nous arrêter
1 pour les laiffer paffer, ce,qu’ils ne
| pouvoient faire que furlg penchant
de la montagne , le chemin étant
trop étroit pour le faire à ,côté de
noùs. Celui qu’ils prirent étoit même
fi mauvais"., fi efearpe , 8c fi
rempli de groffes pierres, que les.
i chevaux 6c les traîneaux ÿ.étoient
fort exp'ofés, la plupart dés chevaux
allant' à l ’avanturej'fans con-
du£teurs:: Il s’éleva déplus queL Grande
ques difputes éntr’eux 8c nos domef- difficulté,
[tiques, -jufques là qu’il y. eutquel-
ques coups donnez , fur ce que les
uns n’avoient pas fait place affez à
tems aux autres. Plufieurs de ces
condufteurs étant yvres, animèrent
ceux, qui étoient déjà defeendus,
6c les firent remonter'après nous,
l a alï