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i8.-Sept*
prendre congé de tous mes amis à
la ville & à Ju if a, ians oublier Mr.
Sahid notre interprète, auquel j ’a-
vois mille obligations. Il m’avoit
rendu des fervices confiderables, &
m’avoit permis de deiliner toutes
les curiofitez de les beaux jardins.,
en me donnant toutes les lumières
neceffaires pour en venir à bout. Et
comme il entendoit parfaitement le
Perfan, il avoit pris la peine de
m’en apprendre l ’orthographe, en
quoi la plupart des voyageurs commettent
des fautes groffieres. Cela
fait que j ’écris le mot Roi en Perfan
, Sjae au lieu de Schach , de
Sciah ou de Siah ; Zje-raes au lieu
d e S ch ter as ; >Mey-doen au lieu de
Meidan, quieftun mot Turc; Mu-
z jit bu M-a-zjit en parlant des moflandais
, quoi qu’il n’eut pas plus x- 0,
dé 2)2. ans. ,7c /-> -j . 2.4" Sept.
Comme j avois refolu de partir ’
avec Mr. Bakker, de FleJJinguep r e mier
commis du magaiin de Gam-
r°n , pour me rendre â Perfepolis,
où j ’avois delfein de faire quelque
féjour, pour en examiner avec foin
coûtes les antiquitez, Sc en fairele
delfein, je me rendis le vingt-quatrième
chez notre Directeur Mr.
Kaftelein , qui eut la bonté de me
prêter un .! chevaT pour faire , ée
voyage, & un coureur pour m’ac-
conipagner. Il ne manqua pas
auffi de me donner toutes les pro-
vifions dont j ’avois- befoin , &
de me combler de bien-faits-, comme
il avoit fait i pendant tout le-
tems que j ’avois palfé à Ifpahan, où
quées,& plulieurs autres mots,qui il m’avoit toujours honoré de fàtadiiferent
de l’orthographe des autres
voyageurs j en quoi je l’ai fuivi.
ble depuis mon arrivée. Il m’avoit
même fouvent preffé de venir loger
& en quoi il étoit fort habile, quoi [chez lui, mais je m’en étois exeufé,
qu''Arménien de ‘nation. Il par-
loit aulli parfaitement François &
Hoüandois , fon pere aiant demeuré
long - tems en France , & lui
aiant été élevé-au fervice de notre
-Compagnie. Il avoit une con-
noiffance parfaite des moeurs & des
maniérés du pais, aufli-bienquedes
affaires & des intrigues de la Gour,
étant affez avancé en âge. Ces belles
qualitez-là lui avoient attiré
l ’eftime & l’amitié de tout le monde
, & il n’avoit pas auffi manqué
de donner une bonne éducation à
fon fils, qui étoit comme lui Interprète
de la Compagnie , & entendoit
de même le François Sc le Hol-
| pour être en liberté , & faire plulieurs
chofes auxquelles je m’occu-
pois foir & matin. Outre.cela, il
avoit toujours eu la bonté de me
pourvoir d’un cheval & d’un interprète,
pour m’accompagner par tout
où je voulois aller. 11 n’avoit pas
manqué non plus, de me donner de
grandes lumières par raport aux affaires
de Perfe, où il avoit demeuré
vingt-&-un-an, pendant lefquelsil
en avoit parfaitement appris Sès affaires,
la langue & les intrigues de
la Cour. Auffi aurai-jeToütèmavie
une profonde reconnoiifançe de toutes
fes bontez.
Fin du premier Tome.
V O Y A G E
• D E
CORNEILLE LE BRUN
P A R L À
MOSCO VIE, ai PERSE»
È T A W X
I N D E S O R I E N T A L E S .
Ouvrage enrichi
De plus de 320. Tailles douces, des plus curieuiès,
R E P R E S E N T A N T
Les plus belles vues de ces Païs; leurs principales Villes j .les differens habillemens des Peuples,
qui habitent ces Régions éloignées j les Animaux, les Oifeaux , lesPoilîôns
& les Plantes extraordinaires, qui s’y trouvent. Avec les Antiquitez
de ces Païs » & particulièrement celles du Fameux
p æ l a i R d e p e r s e p o l i s .
Que les Perfes appellent C h e l m in a r ,
Le tout dejfmê ¿après Nature fu r les Lieux.
On y a djoiitë la route qu’a füivié
Mr. I s b r a n t s , Ambaffadeur de M o s c o VTe ,
En traverfantlà Ruffie & la Tartarie » pour fe rendre à la Chine;
Et quelques Remarques contre
MN. C H A R D I N & K E M P F E R.
Avec une Lettre écrite à 1’A u t e u r , fur ce liijet.
T é M. H